Lors de sa récente visite officielle en Inde, le chef de l’Etat burundais a sollicité l’appui de l’Inde pour adhérer au Commonwealth. Il est clair que le pays a tout à gagner dans cette énième adhésion, pourvu qu’il soit capable d’en respecter les exigences et les conditions.
<doc5484|left>En Inde, le président Pierre Nkurunziza a demandé l’appui de ce pays pour que le Burundi intègre le Commonwealth. Il avait exprimé le souhait du Burundi d’adhérer à cette organisation en février dernier à Londres, en marge de la conférence internationale sur la Somalie. L’Inde a promis son soutien au Burundi. En contrepartie, l’Inde a demandé au Burundi d’appuyer sa candidature pour un siège permanent au Conseil de Sécurité des Nations Unies élargi, appui que le numéro un burundais a promis.
Selon Willy Nyamitwe, porte-parole adjoint du Chef de l’Etat, l’objectif du président Nkurunziza est d’ouvrir largement les portes du pays aux investisseurs potentiels, y compris ceux du monde anglophone. En même temps, ajoute M. Nyamitwe, les opérateurs économiques burundais auront la possibilité d’explorer de nouvelles opportunités qui s’offriront à eux. Du reste, il estime que le Burundi a tout à gagner en s’associant à d’autres États pour faire face à ses problèmes dus en grande partie à son enclavement, et ainsi accélérer son développement socio-économique.
Une adhésion bénéfique, mais aux conditions rigoureuses
La nécessité d’intégrer une organisation comme le Commonwealth est également soulignée par le professeur Pascal Niyonizigiye, spécialiste en relations internationales. Il rappelle que le Burundi est, d’ailleurs, un Etat observateur au niveau du Commonwealth parce que, en novembre 2007, le 1er vice-président de l’époque, le docteur Yves Sayinguvu, a participé au sommet de Kampala du Commonwealth, représentant le Burundi comme Etat observateur. Il avait déjà déclaré que notre pays veut adhérer à cette communauté. Pour le Pr Niyonizigiye, l’intérêt du Burundi est évident dans la mesure où il vient d’adhérer à la communauté est-africaine majoritairement constituée par des États anglophones et de surcroît membres du Commonwealth.
Le Pr Niyonizigiye souligne que, s’il y a des avantages, il y a aussi des coûts puisqu’il faut nécessairement satisfaire certaines conditions, comme participer financièrement et promouvoir la bonne gouvernance. « Pour un pays comme le nôtre qui connaît certaines difficultés économiques, il faut évidemment faire attention, mais il faut comparer les coûts aux avantages que nous pouvons tirer d’une adhésion à une organisation. »
« La difficulté pourrait aussi résider au niveau de l’acceptation de cette demande d’adhésion », poursuit le spécialiste en relations internationales. D’où l’importance, selon lui, d’entreprendre des démarches pour avoir des soutiens. Et il souligne que l’appui de l’Inde serait un bon signe car elle est un membre très influent au sein du Commonwealth. « Si les autorités burundaises ont demandé cette adhésion, c’est qu’elles pensent être en mesure de respecter les priorités et les engagements y afférant », ajoute-t-il.
Quid de la Francophonie ?
Les pays membres du Commonwealth ne sont pas tous des anciennes colonies anglaises ou des pays anglophones. Pourtant, il existe des pays qui n’ont pas été colonisés par la Grande Bretagne mais qui sont membres du Commonwealth, notamment le Mozambique depuis 1995, le Rwanda depuis 2009, et même le Cameroun dont une partie était sous mandat britannique.
L’adhésion du Burundi au Commonwealth ne devrait pas avoir de conséquences sur son appartenance à la francophonie. Au sein du Commonwealth, il y a déjà 11 États qui sont en même temps membres de la francophonie, comme le Canada, les Iles Comores, le Cameroun ou le Rwanda. Par ailleurs, la philosophie de la francophonie n’est pas contre la diversité, puisqu’elle privilégie l’idée prônée par Léopold Sédar Senghor, à savoir la culture de l’universel.
Les principes du Commonwealth
Le Commonwealth n’a pas de constitution à proprement parler, mais il a des principes bien établis. La déclaration des principes du Commonwealth, adoptée en 1971 par les chefs de gouvernement réunis à Singapour, spécifie que les États membres doivent favoriser la paix et l’ordre dans le monde à l’appui de l’action de l’ONU, promouvoir des institutions représentatives et des garanties juridiques de liberté individuelle, reconnaître l’égalité des races et la nécessité de combattre la discrimination et l’oppression raciales, et s’appliquer à mieux répartir les richesses dans la société.
En 1991, les chefs de gouvernement ont étoffé ces principes dans la Déclaration de Harare afin que l’organisation dispose d’un énoncé précis de ses objectifs, de ses valeurs et de ses stratégies pour les années 90 et au-delà. Dans cette déclaration, une attention particulière a été accordée à la saine gestion des affaires publiques et à la promotion des valeurs politiques fondamentales.