Plusieurs préfèrent, après les heures de travail, passer leur soirée dans les cabarets. Peu pensent au sport. La culture, les mentalités, l’économie, l’éducation sont évoquées pour démêler le phénomène.
Le phénomène est de tous les jours ou presque. Après le travail, souvent vers 18h, dans la ville de Ngozi, les lieux de rafraichissement, pour ne pas dire les cabarets, se remplissent. Les uns préfèrent les endroits les plus populaires et les plus exposés. Mais d’autres, par besoin d’estime, se retrouvent dans les lieux les plus prisés du coin. Dans tous les cas, il y a appât du gain. Les premiers jouent sur les économies, les prix étant relativement abordables. Tandis que pour les derniers, c’est leur personnalité qui est en jeu. Presque les mêmes visages ou plaques se remarquent dans les mêmes endroits. Ils sont fidélisés. Etrange !
Cela étant, comme dans toute ville en pleine expansion, des activités aidant à tuer le temps se concurrencent. A Ngozi c’est entre autre le sport. Des salles de gymnase commencent à voir le jour. Mais ils sont loin de rivaliser avec les cabarets. Jusqu’à présent, toute la ville n’en compte que deux contre une infinité -pour être un peu péjoratif-de bars. Pour les clients des salles de gymnase, les motifs de fréquentation divergent : il y a ceux qui y vont par passion sportive. D’autres, surtout en début de semaine, c’est pour se défaire d’un lundi « méchant », comme on le dit souvent, ayant pris une surdose d’alcool pendant le weekend. Mais une autre catégorie se remarque: si ce n’est pour évacuer la pression du travail encaissée au cours de la journée, c’est juste une prescription médicale.
Et les mentalités
De l’avis d’un fonctionnaire, habitant de la ville, affirmant faire du sport trois fois par semaine, le problème est d’ordre culturel. « En dehors des heures de travail, la majorité a l’habitude de passer tout leur temps dans des bistrots. C’est une culture », indique-t-il. Mais de son côté, Congera Alain, entraineur dans l’un des deux centres sportifs, il s’agit ni moins ni plus d’une conséquence du niveau intellectuel de la population. « La ville de Ngozi est faite majoritairement des commerçants. L’intérêt du sport pour eux n’est pas si évident». Et de donner une illustration : « Un grand monsieur, apparemment obèse, est venu me demander conseil pour que son poids puisse diminuer. Je lui ai dit de faire du sport bien sûr. Mais par-dessus, je lui ai suggéré de consommer des aliments moins riches en nutritifs. Il est parti frustré. Pour lui, perdre son gros cou c’est synonyme de perdre l’honneur. Malheureusement il n’est pas revenu ».
Pour l’entraineur, le chemin est encore long : « Choisir une séance de sport pour 1000F, un prix inferieur à celui d’une bouteille d’amstel, au moins deux fois par semaine, bénéfique pour la santé, semblait être un choix rationnel. Pourtant, ce n’est pas le cas du tout». Mais de toute manière, conclut-il, les gens commencent à comprendre l’intérêt du sport et les effectifs qui fréquentent les salles de gymnase commencent à s’accroitre.
Photo : Bar ou Salle de Gymnase ?