Lundi 23 décembre 2024

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Après ses Etats généraux, la Justice libère Rwembe, accueilli en héros alors que des témoins tremblent

Au lendemain des Etats généraux de la justice, tenus à Gitega durant cinq jours, la libération de Michel Nurweze, alias Rwembe, vient remettre en question, une fois de plus, l’indépendance de la magistrature qui a fait couler tant d’encre et de salive. Le chemin à parcourir est encore long …

Pour Pierre Claver Mbonimpa, aucune personne accusée de crime extrajudiciaire n’a jamais été condamnée ©Iwacu
Pour Pierre Claver Mbonimpa, aucune personne accusée de crime extrajudiciaire n’a jamais été condamnée ©Iwacu

L’arrestation de Michel Nurweze, alias Rwembe, a lieu quelques jours avant la conférence des bailleurs de fonds du Burundi, tenue à Genève, en octobre dernier. Certains avaient déjà prédit une mise en scène du pouvoir pour faire momentanément les yeux doux à la communauté internationale. Cet ancien commissaire adjoint de la police à Gitega, Michel Nurweze, avait été arrêté en août dernier, accusé par la population d’avoir commis des exécutions extrajudiciaires ou torturé des habitants. Son arrestation avait suivi la mise en place, par le procureur général de la République, d’une commission chargée d’enquêter sur ces cas d’exécution extrajudiciaire. Un crime que la commission ne reconnaîtra finalement pas.

Michel Nurweze était cité comme principal auteur dans l’enlèvement et la décapitation de Léandre Bukuru tué à Gitega. D’autres accusations avaient été formulées contre lui, l’assassinat de Juvénal Havyarimana, un élève kidnappé du quartier Magarama dans la ville de Gitega et retrouvé mort à Mwaro, celui de Claude Nkundamahoro alias Nzungu de Gatumba, décapité, et l’assassinat d’Emmanuel Misago, un citoyen de Songa, commune et province Gitega. Ainsi que des tortures infligées à Zacharie Ngenzebuhoro et Philibert Kimararungu.

Lors de ses comparutions, l’ancien commissaire adjoint à Gitega a toujours nié les faits lui reprochés, jusqu’à accuser les victimes d’être à la solde des manipulateurs  qui n’apprécient pas le travail accompli dans le maintien de la paix et la sécurité au Burundi

Un prévenu qui ne semble pas inquiété

« Je suis ici parce que j’ai pris de bonnes initiatives pour la sécurité du pays. Je demande d’ être libéré et blanchi parce que tout ce dont on m’accuse ne sont qu’une série de manipulations orchestrées par des soi-disant associations des droits de l’homme et certains médias », a parfois plaidé Rwembe, en déclarant « avoir toujours fait son travail de policier dans l’intérêt public. » Et sa défense a toujours qualifié ces accusations de sans valeur, puisqu’aucun témoin à charge ne s’est jamais présenté physiquement à la barre. Pourtant, le principal témoin, l’ancien chef de colline Songa, Gaston Gahungu n’a jamais été convoqué par le tribunal de grande instance de Gitega.

Gaston Gahungu après la réception du Prix Focode du Bon citoyen 2012 ©Iwacu
Gaston Gahungu après la réception du Prix Focode du Bon citoyen 2012 ©Iwacu

Le ministère public avait requis la perpétuité pour l’enlèvement et l’assassinat de Léandre Bukuru, avec 140 millions de Fbu de dédommagement. A propos des tortures infligées à Zacharie Ngenzebuhoro, 15 ans de servitude pénale et une amande de 12 millions ont été demandés, tandis que, sur le cas de Philibert Kimararungu, l’accusation avait souhaité que l’accusé purge 15 ans d’emprisonnement ferme, et qu’il verse 15 millions de Fbu à la victime.

Le 12 août dernier, le tribunal a levé la plupart des charges portées contre Michel Nurweze, alias Rwembe. Notamment l’assassinat de Léandre Bukuru et des tortures infligées à Zacharie Ngenzebuhoro. Il a décidé que Philibert Kimararungu n’a pas été torturé, mais a eu de simples blessures. Rwembe a ainsi été puni d’un emprisonnement de trois mois et du paiement d’un million de francs burundais en guise de réparation. Et comme il vient de passer plus d’un an sous les verrous, M. Nurweze a été libéré.

Une indépendance de la magistrature encore loin …

Pierre Claver Mbonimpa rappelle qu’aucune personne accusée de crime extrajudiciaire n’a jamais été condamnée. Pour lui, malgré les recommandations faites lors des Etats généraux de la Justice à Gitega, les magistrats ne peuvent pas être indépendants tant qu’ils sont téléguidés par le pouvoir : « l’indépendance de la magistrature décrétée à Gitega n’est pas pour bientôt. C’est pourquoi le ministre de la Justice se cramponnait à son maintien et à celui du président de la République dans le bureau du Conseil supérieur de la magistrature, pour garder la main mise sur l’appareil judiciaire. »

A partir du cas Rwembe, ajoute Vital Nshimirimana, le président du FORSC, nous croyons qu’il y a une main derrière, surtout quand il s’agit de protéger un agent public qui a commis des crimes ignobles.
Lors des ces assises de Gitega, l’impunité a été dénoncée comme cause des violations massives des droits de l’Homme.  « Mais, concomitamment à ces assises, certains magistrats ont pris leur décision et confirmé leur manque de disposition à être indépendants, en rendant une justice équitable et impartiale », se désole M. Nshimirimana. Car, ajoute-t-il, dans cette affaire, il était possible de constater sans beaucoup d’efforts la commission des crimes par le prévenu : « Mais, en requalifiant les faits, le juge a eu honte d’acquitter purement et simplement le prévenu, même si ce qu’il a fait vaut acquittement. » Pour M. Nshimirmana, c’est le pire des cadeaux que certains magistrats puissent donner à la population au lendemain des Etats généraux de la Justice, où plusieurs participants se sont battus pour défendre le respect de l’indépendance de la magistrature.

Vital Nshimirmana : « C’est le pire des cadeaux que les magistrats puissent donner à la population après les Etats généraux de la Justice » ©Iwacu
Vital Nshimirmana : « C’est le pire des cadeaux que les magistrats puissent donner à la population après les Etats généraux de la Justice » ©Iwacu

« Une honte pour la justice burundaise ! »

Pour Pacifique Nininahazwe, président du Forum pour la Conscience et le Développement (Focode), l’acquittement de Michel Nurweze, alias Rwembe est une honte à la justice burundaise. C’est un message bien clair que, signale-t-il, le pouvoir vient de lancer : « Regardez, ce que nous arrêtons, nous finissons par les acquitter. N’ayez pas peur de continuer, nous pourrons vous acquitter. Il n’y aura pas de suite aux crimes dont vous serez responsables ».

Michel Nurweze alias Rwembe accueilli en héros : Après l’annonce de sa libération, plusieurs véhicules et motos sont partis à sa rencontre à l’entrée de la ville de Gitega. Un cortège s’est formé, il y avait comme véhicule de tête, un pick-up. Sa plaque d’immatriculation portant les initiales GB montrait que ce véhicule est utilisé par un fonctionnaire de l’Etat.
Il y avait à l’arrière trois policiers dont ses deux anciens agents de transmission. L’un était en train de filmer, l’autre, prénommé Silas, avait un sifflet pour réguler la circulation. Tous les trois étaient en tenues civiles. Derrière ce pickup, il y avait un 4X4 de type Toyota RAV 4, à bord, l’ancien commissaire de police Michel Nurweze. Il ne s’empêchait de sortir sa main en signe de V pour saluer la foule. Certains étaient indifférents au moment où d’autres criaient : « Obama ! Obama ! »
C’est dans un concert assourdissant de klaxons et de sifflets que le cortège s’est dirigé vers la sortie de la ville en empruntant la route Gitega-Karusi. Il s’est arrêté au cabaret d’un certain Protais.

Cependant, M. Nininahazwe signale qu’il n’y a rien de surprenant que les choses se passent ainsi. Il indique que dès le début de ce dossier, manifestement, le juge n’avait pas besoin de découvrir toute la vérité, au contraire, il était préoccupé par l’acquittement du prévenu. Avec des exemples, il démontre que certains témoins n’ont pas été écoutés. C’est le cas, selon lui, des policiers qui avaient l’intention de montrer le rôle de Michel Nurweze dans l’assassinat de Léandre Bukuru.

Pour lui, la protection de tous les témoins s’avère une urgence parce qu’avec cet acquittement, leur vie est en danger. Ici, il souligne notamment le cas de Gaston Gahungu, cet ancien chef de colline de Songa, le lauréat du prix Focode du ‘’Bon citoyen 2012’’ qui a eu le courage de dénoncer les crimes de Michel Nurweze.

Des témoins terrifiés

Contacté par téléphone après la libération de Michel Nurweze alias Rwembe, Gaston Gahungu, l’ex-chef de colline de Songa dans la commune et province Gitega, qui a eu le courage de dénoncer ces crimes trouve difficilement les mots pour décrire sa désolation. C’est d’une voix frissonnante, hésitante qu’il a accepté de répondre après plusieurs essais: « J’ai peur. Mon cœur est rempli de chagrin, je ne sais que faire. Je m’en remets à Dieu. Après cette mauvaise nouvelle, je vis la peur au ventre, je ne passe plus la nuit chez moi, je me terre quelque part », chuchote cet ancien chef de colline Songa. Et de préciser : « Quand je passe quelque part, tout le monde éprouve de la pitié pour moi. » A la question de savoir s’il a besoin d’une protection, il lâche : « Je ne peux pas demander une protection au gouvernement alors qu’il est responsable de la libération de Michel Nurweze. Dieu seul peut le faire ». Il appelle la Communauté internationale et la société civile au secours.

Forum des lecteurs d'Iwacu

14 réactions
  1. A

    « La seule chose qui permet au mal de triompher est l’inaction des hommes de bien »:
    Edmund BURKE (1729-1797)

  2. GAHUNGU

    Kuboba baribagiye umugani wa Ngoma ya Sacega

    Ngoma ya Sacega yasanze Urupfu n’Igisizimwe biharira, Urupfu ngo: “Nije ngaba abantu, uwo nshatse ndamwica”. Igisizimwe giti : “Wanguha ! Uri umuryi nk’abandi baryi. Ikigaba abantu ni Imana yo irema. Hapfa icumi hakavuka ijana, hapfa ijana hakavuka igihumbi. None wewe ugaba abantu gute”? Bigiharira, bibona Ngoma ya Sacega, biti : “Mbega wa mugabo ntiwodutatura” ?
    – Ndabacire urubanza ?

    – Egome.

    – Ndorera, ngiye kubwira umwami, nzogaruka kurubacira ari ejo canke hirya yejo.

    Aragenda abwira umwami ati : “Ndagiye guca urubanza ruzompitana. Mpa intahe n’abashingantahe baze kwumviriza urubanza ngiye guca, na bo ntibazotinye gucisha intahe aho itumbereye”. Umwami arayimuhereza, amuha n’abashingantahe, ati : “Genda uruce uko rubereye”.

    Baragenda, basanga rwa rupfu n’Igisizimwe bigiharira, Ngoma ya Sacega ati : “Bangwe bangwe ! Ahari abagabo nti hagwa ibara. Ingo mutubarire ico mwapfuye, tubakiranure”. Urupfu ruratangura ruti : “Bashingantahe, ico dupfa n’iki gisizimwe, ni uko canse kwemera ko ari je ngaba abantu bose, nshatse nobamara”. Ngoma ya Sacega, ati : “Weho ga wa gisizimwe, uvuga iki” ?

    – Navuze ko Imana ari yo nkuru, ari yo igaba abantu, yo irema.

    Ngoma ya Sacega abibaza ati : “Wa rupfu we, ntuvuze ko ari wewe ugaba abantu ushatse wobamara” ? Ruti : “Cane nyene”.

    – Si uko wavuze ?

    – Ni uko navuze.

    – Igumire aho.

    – Na we wa gisizimwe we, ntuvuze ko Imana ari yo nkuru, ari yo igaba abantu, yo irema ?

    – Egome.

    Ngoma ya Sacega ati : « Wa rupfu we, uratsinzwe uragatsindwa, igikuru ni Imana ». Rwa rupfu ruti: « Urankubise intahe mu gahanga ? Uribonerako ». Ruramwurira rumushinga ayo kw’izosi. Ngoma ya Sacega agisambagirika abwira ba bagabo bari ngaho ati: « Mwabashingantahe mwe, murama muca urubanza rwiza, mugabo nti muze muce urwananiye ; nti muze muce urwangondegonde ari rwo rwananiye Ngoma. Iyi ntahe, murayishikiriza umwami ». Ahejeje kuvuga ivyo aca aracikana.

    Ba bashingantahe baramuterura baja ku muhamba, baca basubira ibwami. Umwami ati : “Vyagenze gute”?

    – Ngoma ya Sacega yapfuye, yaciye urubanza rw’urupfu, arutsindishije, ruca ruramwica. Umwami ati: “Fata iyo ntahe, mugende muyubakire ingoro yitwa Sentare. Mushingantahe wese, ntuzotinye urubanza, uraruca uko rukwiye, washaka upfe. Iryo ni ryo ragi rya Ngoma ya Sacega”.

    Iyo ntahe barayubakira, n’ubu ibarizwa muru Sentare

    • delires

      Parfois pas muri Sentare z’i Burundi !

  3. Jeandeman

    Il est Grand. Temps de faire la revolution au Burundi .il faut de nouveaux dirigeants des gens qui n’ont pas trempe dans tueries ou d’autres actes ignobles .croit moi ce ne pas rwasa ou bien Peter qui vont resoudre le probleme des Burundais.

  4. Voilà la démocratie à la burundaise. Tous ceux qui ont financé le CNDD-FDD au maquis devraient faire un mea coulpa public. ce parti qui déshabillait les gens dans les bus ne peut pas faire plus que ça. On ne cueille pas des raisins sur les épines, disait le Christ.

  5. SENYAMWIZA

    Une justice aux ordres des Services Nationaux de Renseignement…! Il a cassé du FNL à fond et voilà sa libération gratuite célébrée en héros…! Birababaje ivy »ico gihugu kweri…!
    Ariko burya ngo ikinyoma kirirrwa ntikirara…! Ibi bintu ntibizokwijana kuko mbona biteye ubwoba..!! Cette libération est un fasco judicaire, gros comme uen maison..! Personne, alors personne qui aime ce pays ne peut gober cela, je crois…!!

  6. GAHUNGU

    « Le monde est dangereux à vivre ! Non pas tant à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire. »
    « Ceux qui aiment marcher en rangs sur une musique : ce ne peut être que par erreur qu’ils ont reçu un cerveau, une moelle épinière leur suffirait amplement. »
    A. Einstein

  7. N’ibiteye isoni n’akamaramaza, ntaho Justice irongorwa n’Umugambwe, kuko bavuze ko President aba Chef Supreme cela signifie qu’I’ll controle tout ce qui se passe dans la justice. None imbere yo kurekura uyo muntu afise abamwagiriza, ubwo Butungane bwafashe igihe kingana gute butohoza kandi bwumviriza abantu batandukanye. Ico mbona Ubutungane na Bureau zabwo vyugarwe nimba vyobandanya uko.

    • hehe

      Kuva uburundi bwikukira, President siwe atwara CSM ?
      Kuberiki ubu riho hari akamaramaza ?

      • Ndagutina DeoDass

        Kera kari akamaramaza, nubu niko. None tugume mu kamaramaza eternellement!!??

  8. Robeko

    Personne n’est etonne, ici on pratique la loi du plus fort qui est la meilleure. Ceux qui l’ont libere savent bien qu’ils vont preciser de ses services pour les elections 2015.

  9. nivyo ?

    Comment interpréter alors ?
    Cher burundais….? Comment interpréter le fait qu’il y a une semaine, un ancien rebelle hutu qui a sans doute tué des gens, soit rentré et qu’il y a une foule qui a couru dans la capitale (1000 ?) et que vous lui avez consacré tant d’articles…. disant que cela montre l’amour que le peuple lui porte….

    Une semaine plus tard…un autre hutu qui a sans doute commis des crimes de sang, est relâché, et la ville de Gitega centre est presque paralysée par une foule plus nombreuse (Je vous jure qu’elle était plus nombreuse même si vous n’avez pas mis de photos), qui,…on dirait ne suit pas les mêmes pensées que ce que les associations de lutte des droits humains veulent qu’elle croit ?

    Comment interpréter ? Il y a ceux qui disent que les barundais (abahutu ? ) sont mystérieux ( vous vous souvenez de Peter donnant l’accolade a Manase après….? vous aviez fait un article sur la perplexité des observateurs des mœurs burundais) !

    Moi, franchement j »aurais aimé que dans l’éditorial de M. KABURAHE, il essaie d’analyser ce décalage, cet engouement soudain ( Tous les deux sont des Obama ?) et nous fasse une analyse aussi fine que celle qu’il est entrain de faire pour le premier Obama .

    Chers journalistes, je vous dis, moi qui aime me promener a travers le pays… »La majorité des burundais ne pense (malheureusement ) pas comme pensent les journalistes »

    Surtout mubabwire abantu bomumigambwe mukorana…il faut qu’ils le sachent hakkiri kare!

    • KARIMBUZI

      NIVYO?

      Ibintu uvuga ntivyumvikana…! Exptrimez-vous mieux s’il vous plaît……!!! Comme disait Boileau  »Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour les dire viennnent aisément »!! Ce n’est pas votre cas…mais c’est normal, bien communiquer n’est pas donné à tout le monde..! C’est un art auquel il faut s’exercer…Je vous conseille de vous y atteler kuko uvuga un langage que perosnne (sauf vous) ne peut suivre…!

      • abo bajournaliste ubanke ubakunde ni quatrieme pouvoir wwe uzova kubutegetsi mais bo bazobandanya muratubikira neza ces archives

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