Le mardi 23 avril 2024, une réunion a été organisée à l’intention des motards évoluant dans la commune urbaine de Ntahangwa. Le commissaire communal de Police les a accusés d’effectuer le transport dans des zones interdites et de ne pas respecter le Code de la route avant de leur demander de se ressaisir. Les motards se sont expliqués et ont dénoncé les abus policiers dont ils sont régulièrement victimes.
Colonel de police Frédéric Havyarimana a insisté sur les mesures d’interdiction d’accès aux motards et aux tricycles de certains lieux. « Ces mesures ont été prises par des autorités compétentes. Mais sont-elles respectées ? », a-t-il demandé à une cinquantaine de motards présents à la réunion. Certains ont répondu par la négative.
Or, a-t-il rappelé, la décision qui interdit l’accès des motos et des tricycles dans des lieux comme la RN1 et toute la commune urbaine de Mukaza reste en vigueur. Le commissaire communal ne comprend pas comment les motards décident de rouler dans ces zones interdites alors que les signaux routiers restent en place.
Pour Havyarimana, la RN1 est une route protocolaire. Les motards et les tricycles y sont interdits d’accès.
Malheureusement, des fois, ils y arrivent et risquent de gêner le cortège présidentiel, déplore-t-il.
Les motards prennent le risque même de traverser jusqu’au boulevard Mwezi Gisabo et à l’avenue Buconyori. D’autres transportent des personnes et des marchandises jusqu’au marché dit Cotebu, etc. Le commissaire communal de Police à Ntahangwa qualifie cela de rébellion et avertit les motards : « Nous n’allons plus tolérer cela. »
Les motards de Ntahangwa sont également accusés par la Police et l’administration de dépasser les heures de travail allant jusqu’au-delà de 19 h 00. Le Commissariat communal leur a signifié que tout cela doit s’arrêter.
S’ils veulent que les mesures soient levées, le commissaire communal leur a proposé de suivre des voies pacifiques et de le demander à l’administration au lieu d’être des rebelles. Et d’avertir : « Cessez de nous provoquer ! Nos armes à feu ne sont pas des jouets. »
Pour les motards, la responsabilité est partagée.
« Allez faire des enquêtes, ceux qui entrent dans des zones interdites bénéficient de la protection de certaines gens dont des commissaires et des OPJ », a réagi un motard. Un autre collègue a fait savoir que d’autres clients, dont des policiers et des autorités, rassurent les motards en leur disant qu’ils vont les protéger et que personne ne pourra les arrêter s’ils les transportent.
Un autre motard encore a indiqué que la violation des mesures sur les zones interdites et du Code de la route est partagée entre les motards et les policiers.
Il accuse les policiers de violenter les motards et de les malmener comme si le métier de motard n’était pas permis. « Ils se jettent sur toi et te demandent de descendre de ta moto même si tu n’as commis aucune faute de roulage et que tu as tous les documents », a ajouté Jean Nduwimana, un motard.
Alors que l’heure de fin de travail est limitée à 19 h 00, il affirme que des policiers arrêtent des motards à 18 h 30.
Les 30 min qui restent, c’est pour te faire perdre du temps pour attendre que 19 h 00 arrive. Ils te reprochent alors de travailler la nuit. « Si tu essaies de protester, tu es jeté au cachot », s’est-il lamenté devant le commissaire et d’autres autorités communales.
Les motards ont manifesté leur mécontentement contre des policiers qui les arrêtent en leur reprochant de stationner dans des parkings non autorisés. « Tu déposes un client au marché de Kinama, un policier débarque pour t’arrêter à l’avenue Marie à Kamenge… Alors où sont nos parkings autorisés ? », ont interrogé les motards.
D’après eux, ils sont arrêtés et battus avant d’écoper des amendes alors qu’ils ont des documents. Ce qui leur fait enregistrer des pertes de temps et d’argent.
Le commissaire communal de Mukaza reconnaît que ces défis peuvent exister. Il demande aux motards de dénoncer tous ceux qui vont tenter de violer les zones interdites à partir du 24 avril 2024 en le contactant par téléphone.
Car, personne n’est au-dessus de la loi. La même demande est valable pour des policiers sous son autorité qui abuseront des motards en ordre.
La mesure délimitant l’espace interdit pour les motos, les vélos et les tricycles est entrée en vigueur en mairie de Bujumbura depuis mars 2022.