Aux urnes, Burundais ! Trois semaines de campagne électorale touchent à leur terme. Même si le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Pierre-Claver Kazihise, a salué au cours d’un point de presse ce 13 mai « l’amélioration de la situation » pour la campagne électorale en cours, de vives tensions ont causé mort d’hommes, occasionné des blessés et des disparus.
A quelques jours du triple scrutin du 20 mai, incertitude, inquiétude, suspicions, méfiance gagnent du terrain. Le président et candidat du parti Congrès national pour la liberté, CNL, vient d’adresser une correspondance inquiète au président de la CENI. Dans ce qu’il appelle une « requête en intervention pour mettre un terme à la fraude électorale en cours, Agathon Rwasa dénonce notamment la mauvaise distribution des cartes d’électeur et la mise sur pied de bureaux des centres de vote constitués presque des seuls membres du parti CNDD-FDD. La liste n’est pas exhaustive…
Sur la colline Gakungwe, commune Kabezi, dans Bujumbura, de vives tensions ont opposé les jeunes du parti au pouvoir à ceux du CNL ce 14 mai à l’aube. N’eût-été l’intervention des corps de défense et de sécurité, le pire aurait pu arriver. Dans leur conversation, certains militants frustrés n’hésitent pas à reprendre la tristement célèbre phrase de l’ancien Président congolais, Pascal Lissouba : « On n’organise pas les élections pour les perdre. »
L’heure est donc à la vigilance et à la sagesse des principaux acteurs dans ce processus électoral.
Au premier chef, l’organe de gestion électorale qui doit être réellement indépendant, impartial, compétent et crédible en appliquant et en faisant respecter la loi électorale. L’administration, les forces de l’ordre et de sécurité doivent tourner le dos aux sollicitations politiciennes. Les confessions religieuses sont invitées à user de leur pouvoir moral en appelant au calme.
Aux dirigeants politiques et aux candidats, je demande de faire en sorte que les élections aient lieu dans le calme. Leur volonté d’adopter un comportement pacifique et le respect des règles du jeu conditionnera en grande partie les actions et réactions de leurs partisans avant, pendant et après le vote.
Le Burundi ne peut pas se permettre une crise de plus. Tout le monde doit comprendre que l’issue d’un scrutin, c’est soit la victoire soit la défaite. La vie doit continuer…