Dimanche 30 juin 2024

Société

Antoine Kaburahe : « Il nous faut rester debout »

28/06/2024 0
Antoine Kaburahe : « Il nous faut rester debout »

Malgré son exil en 2015, Antoine Kaburahe reste très actif pour le journal qu’il a fondé et qu’il a laissé aux mains de deux journalistes chevronnés, Léandre Sikuyavuga et Abbas Mbazumutima. Avec près de 30 ans d’expérience au Burundi et à l’étranger, il demeure un conseiller très écouté et respecté, accompagnant l’équipe et jouant un rôle de guide. Suite aux jets de pierre sur les locaux d’Iwacu, la rédaction a demandé à Antoine Kaburahe quels ajustements le journal doit faire pour continuer à fonctionner normalement après l’incident.

Pour Antoine Kaburahe, la priorité est le renforcement de la sécurité du personnel. « Un bon journaliste est un journaliste vivant », aime-t-il répéter. Selon lui, si les moyens le permettent, Iwacu prévoit de recruter davantage de vigiles. Dans certains pays où les médias sont confrontés à des problèmes de sécurité, les responsables installent « des caméras de surveillance et des systèmes d’alarme pour surveiller en temps réel les abords et l’intérieur de leurs locaux ». Cependant, regrette M. Kaburahe, Iwacu n’a pas de tels moyens.

Il a également partagé quelques mesures pour renforcer la sécurité des journalistes, que nous ne pouvons pas détailler ici. Antoine Kaburahe conseille aussi à l’équipe au pays d’avoir un contact régulier avec la police. « Il faut établir un canal de communication direct avec les forces de l’ordre pour des interventions plus rapides en cas de nouveaux incidents. » Il se réjouit que lors de la dernière attaque contre le média, les forces de l’ordre soient intervenues rapidement.

Il souligne également que le défi principal de la direction est la continuité du travail en période de crise. « Nous avons mis en place des mesures pour tenir les lecteurs informés, pour assurer la continuité des services. Iwacu ne doit pas cesser de travailler, il faut développer des réflexes de survie », dit-il. Les responsables du journal ont élaboré des plans d’urgence pour garantir que le travail puisse se poursuivre même en cas de nouvelles perturbations. « Encore une fois, nous ne pouvons pas donner de détails pour des raisons de sécurité », explique le fondateur du groupe de presse.

Selon lui, il existe une sauvegarde régulière et sécurisée de toutes les données du journal, et les archives sont en sécurité sur un serveur quelque part dans le monde, afin de tout récupérer en cas de catastrophe majeure.

Antoine Kaburahe estime également importante une collaboration avec des conseillers juridiques pour protéger les droits du journal et envisager des actions légales pour obtenir justice. « Ce sont nos avocats qui ont rédigé la plainte contre X après cette attaque. » Enfin, le journaliste et écrivain est convaincu que la solidarité en pareille circonstance est capitale. « Des médias burundais ont publiquement exprimé leur soutien à Iwacu, je pense notamment à Radio Isanganiro, Bonesha, SOS Média, etc. Cela fait chaud au cœur. Sur le plan international, l’agression a été unanimement condamnée. »

Sur le silence des organisations comme la Maison de la Presse au Burundi, les dizaines de médias actifs au Burundi, et le Conseil National de la Communication (CNC) qui, en principe, devraient être touchés, Antoine Kaburahe se montre compréhensif et ne leur en veut pas.

« C’est vrai, il y a des dizaines de médias au Burundi, mais certains ne se sentent pas vraiment  très concernés par la problématique de l’information, ils sont dans le divertissement et c’est leur choix. D’autres ont peur, et la peur est un sentiment humain qu’il faut comprendre et respecter. Quant au CNC, lorsqu’il parle d’Iwacu, c’est toujours pour exprimer des menaces. La Maison de la Presse ne s’est pas exprimée et il faut respecter son silence. Normalement, les médias devraient être solidaires et se sentir concernés en cas de difficulté de l’un d’entre eux, mais c’est comme ça, nous sommes habitués », dit-il, un brin philosophe.

Antoine Kaburahe a tenu à remercier les lecteurs et partenaires d’Iwacu pour leur soutien indéfectible durant toutes les périodes difficiles, depuis 16 ans. « Ensemble, nous continuerons à travailler pour une presse libre et indépendante au Burundi. Il nous faut rester debout », conclut-il.

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