Ce mardi 23 novembre, un atelier chapeauté par l’Union européenne et portant sur la guérison des traumatismes notamment par l’art et culture, a réuni psychologues, psychothérapeutes et acteurs du monde culturel et artistique. Anne Malfait, psychologue et psychothérapeute belge, éclaire sur le rôle de la communauté dans la guérison des victimes.
« Pour qu’il y ait réconciliation, il est nécessaire qu’il y ait une résolution en matière de traitement des traumatismes vécus. Ça sera un processus long. Il faut qu’il y ait des guérisons, d’abord à titre individuel, ensuite sur le plan social (à travers les liens que la victime entretient avec son entourage) mais aussi à l’échelle communautaire », avance Anne Malfait à l’issue d’une interview en marge de cet atelier.
D’après elle, à l’échelle communautaire, seront particulièrement concernées les relations entre les éventuels auteurs de violences et les victimes.
La psychologue évoque également un public-cible dans cette approche : « les femmes qui ont été victimes de viol, les enfants parfois victimes de violences domestiques et qui se retrouvent à la rue, l’explosion de la toxicomanie surtout au sein de la jeunesse urbaine, un corollaire des diverses crises traversées par le pays », juge Anne Malfait. Enfin, les militaires et policiers qui, ayant été confrontés à la violence, peuvent eux-mêmes se rendre coupables de violences gratuites.
Mme Malfait tord également le cou au préjugé selon lequel les victimes burundaises sont réticentes à exprimer leurs traumatismes. « La société burundaise a une culture de la réserve (on ne trahit pas ses émotions) qui est tout à l’opposé de ce que préconisent les psychologues. Mais une fois que l’occasion leur en ait donné d’exprimer ce qu’elles ont sur le cœur que ce soit face à un psychologue, soit dans un autre cadre, les victimes ne rechignent pas à parler ».
Et d’inviter les victimes des différentes crises que le pays a connues à rejoindre des groupes de parole. « Il faut absolument trouver quelqu’un à qui parler et même pas nécessairement un psychologue. Il n’y a que la parole qui soigne chez les humains. C’est pourquoi les psychologues s’activent toujours à constituer des groupes de paroles au sein de communautés ».
Pour la psychothérapeute belge, la communauté joue également un rôle essentiel dans la guérison de la victime. « Certes, il y a des acteurs psycho-sociaux habilités à encadrer les activités communautaires sur terrain. Mais en Afrique et au Burundi où l’individu se définit par rapport à sa communauté, c’est celle-ci qui soigne. Les psychologues devront eux sans doute accompagner la guérison de la victime par sa communauté ».