68 anciens employés de la société TBC réclament le paiement de leurs salaires de 6 mois. Des réclamations rejetées par Aimable Bakundukize, ancien directeur général de cette entreprise de fabrication de jus.
Recrutés mi-avril de cette année, les anciens employés de la société Thanks Burundi Company sont dans le désarroi. Ils n’ont jamais perçu leurs salaires. Aujourd’hui, ils ne savent pas à quel saint se vouer. « Depuis le 13 avril, date du début des activités jusqu’au 5 octobre aucun employé n’a touché un seul franc. Nous n’avons même pas l’autorisation d’entrer dans l’entreprise pour réclamer nos salaires», lâche amèrement, Jackson Kabaganwa, représentant des anciens employés de la société TBC.
Ce responsable parle tout simplement d’une escroquerie orchestrée par les anciens responsables de TBC. «A la fin du premier mois, nous avons réclamé nos salaires. Au lieu de nous payer, le responsable en charge des rémunérations a fait plusieurs promesses qu’il n’a jamais honorées». Le même scénario s’est répété à la fin du deuxième, troisième, quatrième et cinquième mois.
Jackson Kabaganwa affirme que cette situation a bouleversé le quotidien des anciens employés de TBC. «Aujourd’hui, nous manquons de tout. Nous ne payons plus nos loyers. Certains ont été expulsés par les propriétaires des logements. D’autres ont vu leurs biens saisis par leurs créanciers. Personne n’a plus confiance en nous. Nous ne pouvons pas rembourser nos dettes». Au cours de cette période, raconte-t-il, ils ont contracté beaucoup de crédits. Ils espéraient rembourser leurs dettes avec les salaires. «Actuellement notre avenir est incertain», conclut le représentant des anciens employés.
«Licenciement abusif »
Priscilla Ndikiminwe, une ancienne employée de la société TBC, dénonce aussi le licenciement abusif de cette entreprise de fabrication des jus : «La loi n’a pas été respectée. Les employés n’ont pas eu de préavis de licenciement. Aucune indemnité n’a été versée aux employés licenciés, même ceux qui étaient sous contrat à durée indéterminée. Jusqu’aujourd’hui, j’estime que nous sommes encore des employés de TBC.»
15 employés licenciés étaient sous contrat à durée indéterminée avec un salaire mensuel de 70.000 BIF. Le reste des employés avait convenu verbalement avec la direction de TBC d’un salaire mensuel de 100.000 BIF. Priscilla réclame un salaire de 630000 BIF.
Elle remet en cause les motifs économiques de la vente de TBC avancés par son ancien directeur général : «Les raisons avancées ne sont pas fondées. Depuis le début des activités, TBC a toujours enregistré des résultats nets positifs. Parfois, la demande excédait l’offre de la société.»
M. N., un autre ancien employé de TBC, semble désespéré : «Aujourd’hui, j’ai beaucoup d’inquiétudes sur la manière dont nous allons percevoir nos salaires. La société a été rachetée par un autre entrepreneur. «De surcroît, aucun ancien employé de TBC n’a le droit d’entrer dans la société. » Mais ils ne vont pas lâcher. « Nous ferons tout ce que nous pouvons pour percevoir nos salaires. Nous avons déjà préparé le dossier pour porter plainte à l’inspection générale du travail. » Bientôt, espère-t-il, nous serons réhabilités dans nos droits. Enfin, il demande au nouveau patron de TBC d’aider les anciens employés de la société. «Au début des activités, ils ont fourni beaucoup d’efforts. Avant d’être recruté, chaque employé devait payer 30.000BIF pour avoir un t-shirt de la société».
L’ancien employé de la société TBC déplore l’inflexibilité de son ancien directeur général : « Il a refusé tout dialogue avec ses anciens employés. Il nous a signifiés qu’il a vendu sa société à un nouvel entrepreneur.»
Tous ces anciens employés de la société TBC réclament une somme de 42.840.O00 million de BIF.
«Des accusations sans fondement»
L’ancien directeur estime que les accusations sont sans fondement. Ces travailleurs « journaliers » gagnaient sur les ventes réalisées.
Pour Aimable Bakundukize, « les accusations sont fabriquées de toutes pièces. TBC n’a aucune dette envers ses anciens employés». Avant d’être vendue à un nouvel actionnaire, affirme M. Bakundukize, sa société a payé la totalité des rémunérations à ses travailleurs. Ces derniers étaient payés en fonction des ventes effectuées. A chaque carton vendu, ils touchaient une commission de 1.000 BIF. Ils exerçaient comme des agents de marketing.
M. Bakundukize précise, par ailleurs, que ses anciens employés n’étaient pas sous contrat de travail. «Les agents de marketing ne signent pas de contrat du travail. Leurs rémunérations dépendent des quantités écoulées».
Il estime, en outre, que la loi a été respectée à la lettre : «Mes anciens employés travaillaient comme des journaliers. Ils ne peuvent pas réclamer les indemnités de préavis et de licenciement.»
M. Bakundukize dénonce l’ingérence de ses anciens employés dans ses affaires : « Qu’ils s’occupent de leurs affaires ! Pourquoi ils se mêlent de la cession d’une entreprise appartenant à autrui. J’ai vendu TBC. C’était ma société. » S’ils s’estiment lésés, poursuit-il, il faut qu’ils aillent en justice.
L’homme d’affaires recommande à ses anciens employés de s’adresser au nouveau patron de TBC pour solliciter du travail.
La société TBC, sise au quartier Mutakura de la commune urbaine Ntahangwa en mairie de Bujumbura, produit différents jus à base du maracuja, betterave et du gingembre.