Lundi 31 mars 2025

Politique

ANALYSE | Grands-Lacs : L’histoire est-elle en train de se répéter ?

27/02/2025 5
ANALYSE | Grands-Lacs : L’histoire est-elle en train de se répéter ?
Des réfugiés congolais dans un camion au Burundi

Par Antoine Kaburahe

Le Burundi fait face à un afflux massif de réfugiés en provenance de l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Fuyant les violences qui opposent les Forces armées de la RDC (FARDC) aux rebelles du M23, des milliers de déplacés traversent la frontière burundaise en quête de sécurité. Plus de 40.000 personnes aujourd’hui. Mais au-delà du drame humanitaire, cette arrivée massive pose un défi sécuritaire de taille. Parmi ces réfugiés figurent non seulement des civils, mais aussi d’anciens combattants, des soldats en déroute et des policiers, une présence qui pourrait fragiliser davantage un pays déjà en équilibre précaire.

L’histoire des Grands Lacs rappelle que les flux massifs de réfugiés ne sont jamais anodins. Ils s’accompagnent souvent de circulations d’armes, de rancœurs politiques et de tentatives de reconstitution de factions armées. Parmi les nouveaux arrivants, certains sont issus de milices congolaises défaites après les combats avec le M23.
Or, l’expérience montre que des hommes aguerris ne restent jamais inactifs. Certains pourraient être tentés de se regrouper, de s’impliquer dans des trafics. Le risque d’une montée de la criminalité est bien réel : un ancien milicien muni d’une kalachnikov peut rapidement basculer dans le banditisme.

Une pression supplémentaire sur un pays en crise

Sur le plan économique, le Burundi traverse déjà une période difficile. La crise du carburant paralyse l’économie et alourdit le fardeau d’une population confrontée à une inflation galopante. L’arrivée de milliers de réfugiés ne fait qu’aggraver la situation.
Les ressources sont limitées, et l’intégration de cette population supplémentaire risque de provoquer des tensions avec les Burundais, eux-mêmes en lutte pour leur survie quotidienne. Le gouvernement burundais pourra-t-il assurer leur prise en charge sans exacerber les frustrations sociales ?

Cette crise dépasse les frontières du Burundi et s’inscrit dans un contexte géopolitique tendu. L’arrivée de combattants congolais sur le sol burundais pourrait être exploitée par différents acteurs régionaux, ravivant les tensions entre Kinshasa et Kigali.
Un haut gradé de l’armée burundaise confie son inquiétude : « Ces Congolais se sentent accueillis par un allié, mais nous devons éviter que notre territoire ne devienne une base arrière pour des factions armées en errance. » Une mise en garde qui fait écho aux risques de voir des groupes armés congolais se restructurer à partir du Burundi.

Face à cette situation explosive, le Burundi doit agir avec vigilance. L’accueil des réfugiés est une obligation humanitaire, mais il doit s’accompagner de mesures strictes : désarmement systématique aux points d’entrée, enregistrement rigoureux des réfugiés et coopération accrue avec les agences internationales.

Si des groupes armés congolais venaient à se reconstituer au Burundi, cela pourrait donner au M23 un prétexte, “un droit de poursuite”.
Pour rappel, en 1994, le Zaïre de Mobutu avait accueilli sur son territoire un flot hétéroclite de réfugiés rwandais, parmi lesquels les forces armées défaites par le FPR, des policiers et des miliciens . La suite est connue : l’embrasement de la région et le déclenchement des guerres du Congo.
Aujourd’hui, bien que le contexte soit différent, certaines dynamiques rappellent des épisodes passés. L’histoire est-elle en train de se répéter ?
Les prochaines semaines seront déterminantes. Une gestion défaillante de cette crise pourrait plonger le pays dans une instabilité dont il serait difficile de se relever.

Forum des lecteurs d'Iwacu

5 réactions
  1. milambwe

    Pourquoi l histoire se repete t il au Congo.
    Lisez ceci
    https://www.rfi.fr/fr/afrique/20250227-rdc-un-rapport-d%C3%A9nonce-le-train-de-vie-des-%C3%A9lites-politiques

    Le pays a toujours été géré comme un mangeoire depuis Mobutu.
    Il n y a aucune autre raison qui fait quèil y a 100 groupes différents de miliciens.
    Tshisekedi appele des pays etrangers pour combattre le M23 alors qu il est supposé avoir 100 mille militaires

  2. Ernest

    Absolument, l’histoire doit se répeter, kuko batigeze bahana amabi yakozwe muri congo kuva 1996, kandi les rapports zose z’abahinga harimwo rapport Mapingi, batashoboye guhana ivyaha vyose vyakozwe mwico gihe. voilà pourquoi quand il s,agit de punir les coupables de crimes de toute forme, qu’il ne faut pas attendre demain. Aho biraboneka neza ko nabakoze ivyo vyaha vyose no mu Burundi iwacu, bategerezwa guhanwa amazi atarenga inkombe. kandi abahinga beshi bari babisiguye ko kubera kudahana, ivyaha bitegerezwa kw’isubiriza, naba bariko barakora ivyo vyaha ndengera butungane, bariko barabikora kuko bazi ko n’abandi babikoze batigezwe bahanwa. Voilà pourquoi l’histoire des crimes doit se répeter.

  3. Jean Pierre Hakizimana

    Espérons que ceci constitue le début du commencement de la fin de la misère Burundaise! Par la je veux dire la fin des dd.

    Même dans une fausse démocratie, le peuple devrait de temps en temps avoir ce qu’il n’a pas voulu éviter. Autrement dis, ce qu’il a voulu.

    Je vais vous répéter ce que un professeur m’avait dit quand j’étais petit:  » A tout moment, il ne faut jamais oublier que tu es exactement où tu mérites d’être! »

    Excusez moi, il y a des situations pour lesquelles, on ne peut pas parler du « Hazard ». 20 ans suffisent de juger à qui la faute!

  4. PCE

    Et vous savez pourquoi l’histoire se répète Mr Kaburahe . C’est lorsqu’on choisit de l’ignorer . Cela veut dire lorsqu’on choisit de ne pas tirer les leçons du passé . Et le Burundi est passé maitre dans cette stratégie . Il aurait suffi de tirer les lecons de la période entre 1959 -1968 et on aurait pu prévenir tous les autres problèmes . Je peux vous raconter une partie de mon histoire personnelle. Mon père fut emprisonné 1 mois seulement après l’assassinat de Rwagasore , et 1 mois avant ma naissance , la seule raison est qu´il était membre du parti PDC (Parti démocrate Chrétien). Ca vous dit quelque chose n’est ce pas ? Le PDC était le parti de Ntidendereza et son frère Birori. Motif de l’emprisonnement : il possédait une lance chez lui ? En fait mon père était aussi le représentant du PDC dans ma commune natale . Il passa 5 ans dans la sinistre prison de Gitega . En 1966 il fut libéré sans aucun jugement : dossier vide . Il n’avait ni agressé ni tué personne. Il en est sorti totalement laminé : physiquement ( torture ) et psychiquement. L’histoire du Burundi nous apprend que plusieurs milliers de Burundais ont vécu la même chose. Et le pire c’est que nous ne comprenons qu’il faille arrêter les histoires et commencer avec la vraie Histoire aves grand H. C’est comme cela que les pays s’autodétruisent.

  5. Claypton

    SI le gouvernement Burundais agit avec diligence IL n y aura pas de problème d’ autant plus que ces réfugiés par expérience rentrent rapidement dès qu IL y a accalmie , le Burundi devrait :
    1/ désarmer Les Militaires et policiers
    2 / Separer les Militaires / et policiers des réfugiés civils
    3 / Les éloigner de la frontière d ‘ entrée
    SI cela est respecter , tout devrait rapidement rentrer dans l’ordre.

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