L’inflation a connu une montée entre mai et juin 2024, selon les données publiées par l’Institut National de la Statistique du Burundi (INSBU). Cette période a été marquée par des variations significatives des prix des produits essentiels, ainsi qu’une dévaluation continue du franc burundais (FBU), exacerbant les difficultés économiques pour les ménages burundais.
En mai 2024, le taux d’inflation annuel était de 12,5 %. Un mois plus tard, ce taux a grimpé à 15,9 %. Cette augmentation a été ressentie de manière particulièrement aiguë dans le secteur alimentaire. Par exemple, les prix des fruits et des légumes frais ont connu des hausses spectaculaires, avec les fruits augmentant de 32,9 % en mai à 39 % en juin, et les légumes frais enregistrant une hausse de 28,4 % en juin, après une augmentation de 14,9 % en mai.
Les haricots secs, autre produit de base, ont montré une tendance à la décélération, passant d’une hausse de 16,9 % en mai à 4,6 % en juin. Cette baisse relative pourrait être liée à une amélioration temporaire de l’offre locale. En revanche, le riz a poursuivi sa tendance haussière, bien que de manière plus modérée, avec une augmentation de 6,5 % en juin, après 7,5 % en mai.
Le secteur énergétique n’a pas été épargné par ces variations de prix. La pénurie de carburant a eu un impact dévastateur sur l’économie. Les carburants et lubrifiants ont vu leurs prix augmenter de 25,6 % en juin, contre 24,6 % en mai. Les coûts d’entretien et de réparation des logements ont également augmenté, passant de 18,1 % à 22,8 % sur la même période. Les loyers effectifs n’ont pas enregistré d’accélération, restant à 1,6 % pour les deux mois. Les combustibles, bien qu’affichant une décélération, ont encore connu une augmentation notable, passant de 24,4 % à 17,9 %. L’électricité est restée relativement stable avec une très légère augmentation de 0,1 % en juin, tandis que les prix de l’eau ont montré une légère accélération, passant de 0,3 % en mai à 0,8 % en juin.
Les produits hors carburants, énergie et produits frais ont également montré des variations. En mai, l’inflation pour ces produits était de 14,8 %, tandis qu’en juin, elle a augmenté à 17,0 %, montrant une accélération notable.
Analyse et implications
Les données de mai et juin 2024 montrent clairement une accélération générale de l’inflation, passant de 12,5 % en mai à 15,9 % en juin. Cette hausse est particulièrement marquée dans le secteur alimentaire, où les produits tels que les fruits et les légumes frais ont connu des augmentations de prix significatives. Les hausses des prix des carburants et lubrifiants, ainsi que des coûts d’entretien et de réparation des logements, continuent de mettre une pression supplémentaire sur les ménages burundais.
L’augmentation des prix des produits essentiels peut être attribuée à plusieurs facteurs, y compris les fluctuations des prix internationaux, les coûts élevés de transport, et les défis logistiques. La dévaluation du franc burundais par rapport aux devises étrangères exacerbe ces pressions inflationnistes.
Le taux de change officiel de la Banque de la République du Burundi (BRB) pour le dollar américain est de 2864 FBU à l’achat et 2911 FBU à la vente. Cependant, sur le marché noir, le dollar s’échange actuellement autour de 6600 FBU, soit plus du double du taux officiel. Cette disparité reflète une demande accrue de devises étrangères face à une offre limitée, exacerbée par une confiance réduite dans la monnaie burundaise. L’euro, quant à lui, se vend autour de 7000 FBU sur le marché noir, contre un taux officiel de 3119 FBU à l’achat et 3169 FBU à la vente.
Cette dévaluation de la monnaie a des répercussions directes sur le pouvoir d’achat des ménages, augmentant le coût des biens importés et ajoutant une pression supplémentaire sur les prix des produits locaux. Les importateurs doivent payer plus pour obtenir des devises étrangères, ce qui se traduit par des coûts plus élevés pour les produits importés, augmentant ainsi le coût de la vie pour les consommateurs burundais.
Les données de l’INSBU pour mai et juin 2024 montrent une tendance générale à la décélération des prix de certains produits essentiels, tandis que d’autres continuent d’augmenter de manière significative. Les tendances inflationnistes observées ces derniers mois, notamment un taux de 12,1 % en avril, suggèrent une pression économique persistante pour les ménages burundais.