Alors que des milliers de Burundais peinent à se nourrir surtout à Kirundo avec une sécheresse persistante à Bugabira, plus de 45 000 tonnes de maïs stockées par l’ANAGESSA restent invendues. Pire, une partie de ces stocks fait face aux rats et autres parasites. Une gestion critiquée qui relance le débat sur l’intervention de l’État dans le commerce des denrées alimentaires.
Selon le rapport présenté ce jeudi 27 février par la commission de l’Assemblée nationale sur l’ANAGESSA, l’Agence nationale de gestion du stock de sécurité), plus « 58 % des stocks de graines de maïs, soit plus de 45 000 tonnes sur 72 000 tonnes, n’ont pas été vendues ».
Selon ce rapport, les stocks entreposés dans les usines de l’Isabu à Mparambo, dans la province de Cibitoke et à Ruyigi, sont infestés par des rats. Ces rongeurs consomment les graines, aggravant les pertes subies, laissant entrevoir des failles dans la conservation de ces stocks.
Le rapport souligne également que certaines installations de stockage ne sont pas adaptées à la conservation du maïs, compromettant ainsi sa qualité et sa commercialisation.
Face à cette situation, plusieurs parlementaires réclament des reformes. Le député Agathon Rwasa estime que l’ANAGESA doit être « restructurée ».
Pour lui, il est impératif de construire des infrastructures de stockage répondant aux normes afin d’éviter de telles pertes. Il insiste également sur la nécessité d’une meilleure « planification » pour éviter l’accumulation de stocks non écoulés.
Le député Jean-Claude Nimubona partage cet avis. Selon lui, il est incompréhensible que l’ANAGESA ait acquis « plus de 72 000 tonnes de maïs sans avoir défini au préalable un marché d’écoulement ».
Pour Faustin Ndikumana, économiste et président de l’organisation Parcem (Parole et Action pour le réveil des consciences et le changement des mentalités), l’implication de l’État dans l’achat et la vente des denrées alimentaires risque d’aggraver la situation au lieu de l’améliorer.
Selon lui, la production vivrière devrait être régie par la loi de l’offre et de la demande. « Si le gouvernement veut intervenir en période d’abondance, il devrait plutôt investir dans la transformation des produits agricoles. Cela permettrait aux producteurs de vendre leur récolte à des industries de transformation, qui pourraient ensuite proposer ces produits sous une autre forme », explique-t-il.
Pour Faustin Ndikumana, en imposant des prix administrés, l’ANAGESSA, entraîne un coût supplémentaire qui est inévitablement supporté par le consommateur final.
D’après lui, la mauvaise gestion des stocks par l’ANAGESSA engendre des distorsions sur le marché. Le coût administratif de l’agence est répercuté sur les prix, ce qui pénalise directement les consommateurs.
Il recommande au ministère du Commerce de se baser sur des statistiques fiables pour évaluer la production nationale et anticiper les besoins alimentaires.
Plutôt que d’accumuler des stocks invendus, il préconise d’investir dans la transformation du maïs et dans l’exportation pour absorber l’excédent de production.
« Si on veut réellement rémunérer les paysans et assurer une stabilité du marché, il faut multiplier les opportunités d’investissement dans la transformation et l’exportation du maïs. Sinon, avec l’ANAGESSA, c’est le consommateur qui en fait les frais », déplore le président de l’organisation Parcem.
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