Mardi 22 avril 2025

Société

Amstel Royale et Amstel Bock portées disparues depuis plusieurs semaines

Amstel Royale et Amstel Bock portées disparues depuis plusieurs semaines
Amstel Royale et Amstel Bock ont complètement disparu des rayons

Depuis plusieurs semaines, les consommateurs au Burundi font face à une situation préoccupante sur le marché des boissons alcoolisées. Deux bières phares de la Brarudi, Amstel Royale et Amstel Bock, ont complètement disparu des rayons, au grand désarroi des habitués. Dans le même temps, le seul nouveau produit mis en avant, à savoir l’Amstel Bright, est non seulement distribué en quantité limitée, mais également vendu à un prix jugé excessif par une large partie de la clientèle.

Il est dix heures du matin dans un grand dépôt de boissons au nord de la capitale économique du Burundi. Plusieurs commerçants sont rassemblés pour s’approvisionner. Pourtant, une fois devant le menu affiché, la déception est palpable. L’Amstel classique en formats 65 cl et celle de 50 cl communément appelée Bechou ne figurent nulle part. L’Amstel Royale et l’Amstel Bock brillent également par leur absence. Même les Fantas citrons et oranges sont introuvables. À la place, seuls quelques casiers d’Amstel Bright, la nouvelle bière de la Brarudi lancée récemment sur le marché, sont proposés mais en quantité limitée. Un constat amer pour ceux qui s’attendaient à des stocks plus fournis.

Le responsable du dépôt interrogé à ce sujet est formel : « Cela fait plusieurs semaines que nous ne recevons plus ni l’Amstel Royale ni Amstel Bock. » Pour l’Amstel Bright, dont la présence est marginale, il précise. « Nous ne recevons pas les produits selon nos besoins, mais selon les commandes disponibles telles que fournies par la Brarudi. »
Cette situation semble s’installer durablement. Les commerçants n’en sont même plus surpris. Ce qui choque davantage, c’est que l’arrivée d’Amstel Bright s’est accompagné de la disparition progressive de l’Amstel classique dans ses formats habituels, jusqu’à son absence totale sur le marché.

Les tenanciers de bars et les propriétaires de dépôts font savoir que cette transition forcée n’a pas été bien accueillie. Une commerçante rencontrée dans le quartier de Mutanga nord confie. « Moi, mes clients commençaient à s’habituer à l’Amstel Bright. Mais, regarde aujourd’hui. Je n’ai reçu qu’un seul casier. » Elle ajoute que, même si ses clients acceptent progressivement le nouveau produit, ils se plaignent de son prix élevé, surtout au regard de la quantité.

Des consommateurs contraints de renoncer à leurs préférences

L’Amstel Bright comme l’Amstel classique sont vendues en deux formats : la bouteille de 65 cl et la bouteille 50 cl. Pour l’Amstel Bright une bouteille de 65 cl coûte 5 000 BIF tandis que celle de 50 cl est à 4 000 BIF. Des tarifs nettement supérieurs à ceux de l’ancienne Amstel, autrefois vendue à 3 500 BIF pour le format 65 cl et à 2 800 BIF pour celui de 50 cl. Un gérant de bistrot opérant en zone urbaine de Gihosha fait observer que « faute d’Amstel classique, mes clients prennent l’Amstel Bright mais ils trouvent que la version 50 cl est trop chère pour sa taille. »

À Nyakabiga II, dans un bar populaire, la prénommée Claudine, une habituée, déplore cette disparition : « Royale n’est plus disponible. J’ai préféré cette boisson parce que je suis diabétique. On m’a signalé qu’elle ne contient pas beaucoup de sucre. Mais malheureusement, elle a disparu. Pour le moment, j’ai essayé l’Amstel format 65 cl, mais malheureusement, l’Amstel a aussi disparu. »

La frustration est palpable également du côté des grossistes. Aimable Ndayikengurukiye, opérant dans le sud de Bujumbura, explique. « Mes clients se sont déjà habitués. Ils ne me demandent plus si j’ai une Royale ou une Amstel Bock. S’ils prennent, c’est soit un Primus, soit une Amstel si j’ai de la chance d’en avoir. » Le Primus, bière très consommée mais souvent rare, était pourtant disponible ce jour-là, un fait suffisamment exceptionnel pour être remarqué.

Du côté de Bwiza, un propriétaire de dépôt est encore plus catégorique. « Je n’ai jamais vu l’Amstel Royale et Amstel Bock depuis des mois. » Les consommateurs sont contraints de s’adapter, souvent à contrecœur, en optant pour des produits qu’ils n’auraient pas choisis en temps normal.

L’introduction de l’Amstel Bright n’a donc pas seulement remplacé l’Amstel classique sur les étals, mais elle a aussi entraîné une transformation des habitudes de consommation sans que le public en soit informé.

Des arguments qui peinent à convaincre

Selon la Brarudi, cette nouvelle bière se veut plus légère et rafraîchissante. Elle est fabriquée à partir de gruaux de maïs, d’orge malté, de houblon et de sucre. Mais les consommateurs n’en comprennent ni le positionnement ni le prix.

Lors d’une émission publique tenue à Rumonge le 28 mars 2025, Onésime Niyukuri, porte-parole du ministère du Commerce, a tenté d’apporter des explications. Il a indiqué que « bien que certains ingrédients proviennent du Burundi, d’autres éléments de la recette sont importés. Ce qui augmente les coûts de production ». Il a aussi précisé que « le prix de vente a été établi dans l’optique de garantir la stabilité financière de la Brarudi et l’amélioration continue de ses services. »

Noël Nkurunziza ; « L’Abuco fait un constat malheureux de la situation actuelle de commercialisation des produits Brarudi. »

Des arguments qui peinent à convaincre. L’Association burundaise des consommateurs (Abuco) dénonce vigoureusement cette situation. Noël Nkurunziza, porte-parole, estime que : « Soit les produits manquent totalement, soit telle catégorie de la série des produits n’est pas fournie, soit il y a livraison d’une quantité insuffisante et en quantités différentes par endroit. » Il a ajouté que « c’est une violation du droit au choix reconnu au consommateur par les principes directeurs de protection des consommateurs de l’ONU ».

Pour l’Abuco, la commercialisation actuelle des nouveaux produits Brarudi est problématique. L’association regrette vivement de ne pas être représentée dans le Conseil d’administration de la Brarudi pour fixer ensemble les prix de l’Amstel Bright : « À tort ou à raison, l’Abuco, n’étant pas représentée dans le Conseil d’administration, malgré que le consommateur ait droit à la représentation (principes directeurs des Nations-unies sur la protection du consommateur), déplore le droit à l’information du consommateur qui n’est pas respecté par la Brarudi. » Et de poursuivre : « Personne ne peut avancer aujourd’hui une raison justifiant cette situation. Si tel était le cas, le consommateur serait orienté conséquemment dans le changement de comportement. »

En l’absence de transparence, les consommateurs se sentent abandonnés et floués. L’Abuco va plus loin en soulignant que « le respect des principes directeurs reconnus par l’ONU pour la protection du consommateur laisse à désirer pour que les consommateurs, à travers l’Abuco, puissent se comporter en consommateurs avertis pour l’intérêt général de tous ».

Contactée à plusieurs reprises par Iwacu pour expliquer la disparition des produits Amstel Royale et Bock, la Brarudi n’a pas donné suite aux sollicitations.

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