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Amisom : retard dans le versement des indemnités de décès

05/05/2013 Commentaires fermés sur Amisom : retard dans le versement des indemnités de décès

Des familles de militaires morts en Somalie et dont les corps n’ont pas été retrouvés, accusent le ministère de la Défense Nationale de lenteur dans le traitement de leurs dossiers. Celui-ci dément alors que l’Union Africaine et le gouvernement burundais se rejettent la responsabilité.

<doc7449|right>J. B., l’un des représentants des 76 familles qui réclament ces indemnités n’y va pas quatre chemins : « Nos proches sont, pour la plupart, morts à Mogadiscio vers octobre 2011 et leur corps ont disparu. Depuis aucune famille n’a été informée sur l’état d’avancement de leurs dossiers en vue d’une indemnisation. »
Selon lui, cette situation a plongé des veuves et orphelins dans une situation de précarité extrême : « Certaines veuves viennent de passer deux ans sans payer les frais de loyer et sont en train d’être chassées par les propriétaires des maisons, sans oublier des orphelins qui n’étudient plus. »

Traitement à deux vitesses ?

« Ce qui est grave, constate cet ancien militaire dont le frère a disparu à Mogadiscio, c’est que les familles des victimes dont les corps ont été retrouvés et enterrés, ont quant à elles été régulièrement indemnisées jusque fin 2012. » Il poursuit : « Même les familles des 21 militaires morts en avril 2012 ont eu des indemnités de décès. » Pour lui, cela dénote un traitement à deux vitesses alors que tous ces militaires étaient dans une même mission et servaient la même cause.

Selon G.L., dont le mari a été tué en février 2011 (mois particulièrement meurtrier avec plus de 20 militaires morts et disparus), ces familles ont le sentiment qu’il y a un non-dit dans cette affaire car le ministère leur a délivré des attestations de décès mais bizarrement l’Union Africaine (UA) tarde a leur verser les 50 mille dollars d’indemnités pour chaque soldat tué en Somalie comme le stipule le protocole d’accord entre le Burundi et l’UA.

« Elles n’ont aucune raison de croire à un non-dit ou à d’autres manigances. »
Le 25 février 2013, ces familles ont adressé une correspondance au ministre de la Défense pour lui exprimer leur mécontentement. La réponse du ministre ne s’est pas fait attendre. Le 4 mars dernier, il leur a répondu que cette lenteur découlait des disponibilités financières de l’UA, eu égard aux contributions des pays membres de l’UA et des autres donateurs.

Le Colonel Gaspard Baratuza, porte-parole du ministère de la Défense Nationale et des Anciens Combattants va même plus loin. Il indique que « le processus d’indemnisation pour les morts disparus prend beaucoup de temps pour arriver à un constat qu’il est mort. » Pour lui, ces familles doivent être patientes et non perdre espoir. Et de conclure que ces fonds ne passent ni par la BRB ni par la FDN mais sont versés directement aux familles : « Elles n’ont aucune raison de croire aux non-dits ou à d’autres manigances. »

Une lenteur dénoncée aussi par l’Amisom

Iwacu a contacté le bureau de la représentation de l’Union Africaine sans succès. Toutefois, lors de la visite des parlementaires burundais à Mogadiscio au mois de février 2013, le chargé des finances au commandement a expliqué les raisons du retard de versement d’indemnités de décès : la lenteur de présentation des documents de la part du gouvernement burundais attestant la mort du militaire auprès de l’Amisom et le changement de méthode de faire sans concertation. Selon lui, dès le début, l’UA et le Burundi avaient convenu que les indemnités seraient directement versées aux familles. Mais, c’est ensuite que le gouvernement aurait changé d’avis et exigé que les fonds passent par ses comptes. Ce qu’à refusé l’UA : «  Nous avons du négocier pendant beaucoup de temps pour convaincre le gouvernement du Burundi ». Ce qui a occasionné une perte énorme de temps.
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Ce que l’accord prévoit

Le protocole d’accord entre l’Union Africaine et le gouvernement de la République du Burundi d’Addis-Abeba le 15 juillet 2011, stipule que lorsqu’un membre du contingent sera porté disparu pour une cause liée à l’exercice des missions de l’AMISOM, une commission d’enquête sera constituée pour établir les faits. Lorsque la commission conclut sur la présomption de décès de la personne disparue, une indemnité de décès de cinquante mille dollars américains (50.000$) est payée à l’ayant-droit ou aux ayant-droits de la personne disparue.

{Des questions en suspens}

Dès lors une question se pose : les derniers cas des soldats morts disparus datent d’octobre 2011. Y a-t-il eu commission d’enquête pour établir les faits ? Combien a-t-elle mis pour produire un rapport ? Quelles ont été ses conclusions ? A quand alors le versement des indemnités pour ces familles qui croupissent aujourd’hui dans la misère alors que les leurs ont payé de leur vie ? Ces questions méritent une réponse rapide sous peine de créer un climat de suspicion qui ne profite à personne.
C.B.

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