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Amisom mue mais reste

26/10/2021 Commentaires fermés sur Amisom mue mais reste
Amisom mue mais reste
Des soldats burundais en Somalie

La mission de force de maintien de la paix en Somalie Amisom va bientôt prendre fin. L’Union africaine a proposé à la place une mission hybride UA-ONU avec plus de moyens, plus de troupes supplémentaires et d’autres personnels techniques. Une aubaine pour le Burundi qui tire sa principale source de devises de cette mission.

L’Amisom devait plier bagage dès la fin de l’année. Mais le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine en a décidé autrement. Il a sorti la carte du Chapitre VII de la charte des Nations Unions. Pour cause : la détérioration de la situation sécuritaire et la résurgence des activités d’Al-Chabab et d’autres groupes d’insurgés dans de vastes régions du pays.

« Cela détourne l’attention des processus critiques de construction et de stabilisation de l’État», peut-on lire dans ce communiqué concluant la 1037e réunion tenue le 7 octobre 2021 sur l’évaluation de la Mission de l’UA en Somalie (Amisom) post-2021.

Pour le Conseil de Paix et de Sécurité de l’UA, l’heure est grave. L’Union européenne, partenaire fidèle pendant toute la durée de vie de l’Amisom a changé ses priorités de financement. « Les niveaux actuels de soutien de l’UE ne peuvent plus être maintenus, ce qui nécessite une nouvelle approche de l’UA pour soutenir son engagement en Somalie post 2021 ».

Le Chapitre VII de la Charte des Nations Unies permettrait donc d’établir une Mission de stabilisation multidimensionnelle UA-ONU en Somalie. « Cela garantirait un financement pluriannuel prévisible et durable de la future mission, par le biais des contributions statutaires obligatoires des Nations unies».

Pour rappel, le Chapitre VII de la charte des Nations Unies est convoqué lorsque le Conseil de Sécurité estime notamment qu’il doit entreprendre, au moyen de forces aériennes, navales ou terrestres, toute action qu’il juge nécessaire au maintien ou au rétablissement de la paix et de la sécurité internationales. Cette action peut comprendre des démonstrations, des mesures de blocus et d’autres opérations exécutées par des forces aériennes, navales ou terrestres des membres des Nations Unies.

En gros, l’Amisom serait donc remplacée par une Mission multidimensionnelle de stabilisation de l’UA et des Nations Unies en Somalie. Avec un gros budget et l’élargissement de l’équipe des pays contributeurs de troupes à d’autres États membres de l’UA désireux et intéressés.

Mogadiscio rejette la décision de l’UA

Le gouvernement somalien a déclaré qu’il désapprouvait fortement la proposition de l’Union africaine de la mise en place d’une mission hybride de stabilisation conjointe avec les Nations Unies.

Le ministre de la Défense somalienne a déclaré que le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (AUPSC) n’avait pas pris en compte les points de vue de son pays.

La Somalie a déclaré avoir proposé et accepté avec l’équipe technique conjointe, un concept d’opérations (Conops) qui placerait progressivement la responsabilité principale de la sécurité du pays entre les mains des forces de sécurité locales.

Dans le cadre du Plan de transition pour la Somalie, la Mission de l’Union africaine en Somalie (Amisom) veillerait à ce que la force de police somalienne soit suffisamment équipée pour se préparer à assumer l’entière responsabilité du maintien de l’ordre public dans le pays lorsque l’Amisom partirait en 2022.

« Le gouvernement fédéral de la Somalie exprime sa profonde préoccupation face au mépris persistant de l’AUPSC pour la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance politique de la Somalie en poursuivant à plusieurs reprises un programme qui viole les droits fondamentaux d’un État membre », a déclaré le ministre de la Défense somalien dans un communiqué.

L’Union africaine et le gouvernement somalien ont jusqu’à fin décembre pour se mettre d’accord sur la forme que prendra la future mission. Le Conseil de sécurité de l’ONU devrait alors décider de l’avenir de la mission.

En attendant, l’UA envisage déjà une reconduction technique du mandat de l’Amisom. Compte tenu de la complexité des discussions sur la mise en place de la force hybride.

« Afin de s’assurer qu’il n’y a pas de perturbation qui pourrait accroître la menace sécuritaire posée par Al-Chabab, » indique le Conseil de Sécurité de l’UA.

Que gagne le Burundi dans cette mission de maintien de la paix ?

Le Burundi qui tire sa principale source de devises de l’Amisom.

Selon un responsable de l’UA, pour chaque soldat envoyé en Somalie, un Etat contributeur de troupe à l’Amisom reçoit mille dollars par mois pour sa solde et les frais logistiques.« L’organisation envoie tous les trois mois environ 18 millions de dollars à Gitega. Ce montant comprend les ponctions effectuées sur les soldes des militaires du contingent burundais mais aussi les frais de location du matériel militaire par le Burundi à l’Union Africaine », indique ce responsable de l’UA.Cet engagement est particulièrement bénéfique pour le gouvernement burundais. Cette somme est devenue l’une des principales sources de devises du pays, sous sanctions de l’UE et de ses pays membres depuis 2016.
Déployée en 2007 pour lutter contre les insurgés islamistes radicaux somaliens, les Shebbab, l’Amisom est composée de plus de 20 mille hommes.

Le Burundi est le deuxième contributeur de troupes sur les cinq pays africains de la mission de maintien de la paix de l’Union Africaine en Somalie. Il compte environ 5 mille hommes.

Interrogé, le porte-parole de la FDNB dit être au courant de la possibilité de la migration de l’Amisom vers une force hybride chapeautée par l’Union Africaine et l’Organisation des Nations Unies.

« Nos soldats sont toujours prêts à aider et peu importe dans quel cadre. Nos soldats ne sont pas des mercenaires à la recherche des profits. Nous y sommes pour aider dans la lutte contre le terrorisme,» a indiqué le porte-parole des forces burundaises.

A la question de savoir pourquoi l’implication de l’ONU maintenant, Floribert Biyereke indique que le terrorisme devrait être une préoccupation de tous : « Al- Chabab est un mouvement terroriste et à ce titre, il est normal que les Nations Unies s’impliquent parce que le terrorisme est une affaire de tous. »

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