Malgré les contestations du gouvernement burundais, le Conseil Paix et Sécurité de l’Union africaine vient de décider la réduction de 1000 soldats burundais de l’Amisom d’ici le 28 février 2019. Une décision qui irrite Bujumbura.
«Les Burundais n’ont pas du tout été satisfaits par la décision prise par le Conseil Paix et Sécurité de l’Union africaine», a indiqué le président Nkurunziza lors d’un point de presse animé, mardi 19 février 2019, conjointement avec le président de la République fédérale de Somalie, Mohamed Abdullahi Farmajo, en visite de deux jours au Burundi.
Les deux présidents ont plaidé pour la tenue d’un sommet urgent des pays contributeurs de troupes dans la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) «afin de parvenir à une situation consensuelle et juste». Dans la foulée de cette visite, le président Farmajo a remercié les soldats burundais pour leur rôle dans le recouvrement de la paix en Somalie. «Votre sacrifice n’aura pas été vain».
En prenant cette décision de réduire de 1.000 soldats de l’AMISOM d’ici le 28 février 2019, le Conseil Paix et Sécurité de l’UA s’appuie sur la décision du Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU) contenue dans la résolution 2431 de juillet 2018. Dans cette dernière, le CSNU a décidé de «réduire à 20 626 agents, d’ici au 28 février 2019, l’effectif du personnel en tenue de l’AMISOM, à moins que le Conseil ne décide d’accélérer la réduction des effectifs, compte tenu du niveau de capacités que les forces de sécurité somaliennes auront atteint…».
Dans un communiqué de presse sorti dimanche 23 décembre 2018, l’armée burundaise a tiré à boulets rouges sur cette décision. Son porte-parole, colonel Floribert Biyereke, a indiqué que cette décision est «en déphasage avec le document stratégique validé le 30 novembre 2018 en Ethiopie par le comité de coordination des opérations militaires en Somalie». Selon le colonel Biyereke, ce document définit les quotas de réduction des troupes et il stipule que le contingent burundais réduira de 341 militaires ses effectifs. «Les 1000 militaires allaient provenir de tous les contingents contributeurs des troupes». Selon la presse internationale, le Burundi compte engager un bras de fer et rapatrier 400 militaires seulement. Le colonel Biyereke n’a pas voulu commenter cette information. «Je ne peux rien ajouter de ce qu’a dit le président de la République».
«L’image du Burundi est écornée»
Pour Gabriel Rufyiri, président de l’Olucome, cette décision ne pouvait pas plaire aux militaires et encore moins aux autorités burundaises «qui tiraient beaucoup de profits aux dépens des militaires». L’Olucome a toujours dit, poursuit-il, que l’argent tiré de l’AMISOM n’était pas versé dans le budget général de l’Etat.
Pour M. Rufyiri, les raisons à l’origine de cette décision sont liées aux problèmes politiques que connaît le Burundi. «Nous pensons qu’il y a eu des influences pour que cette décision soit prise. Pour nous, c’est une décision qui devrait aider les politiciens burundais, surtout le gouvernement, à réfléchir sur leurs actes, car demain nous risquons de voir tous les militaires burundais renvoyés.»
Gabriel Rufyiri estime que les conséquences pour le Burundi sont énormes. «D’abord, l’image de notre pays en a pris un coup. Seuls les Burundais ont été renvoyés, ce qui n’augure rien de bon pour le pays.»
L’autre conséquence réside au niveau des fonds générés par cette mission en Somalie. «Chaque militaire touche un peu plus de 1000 dollars américains. En multipliant par 1000, c’est un gros montant que le Burundi vient de perdre sans parler des militaires qui gagnaient cet argent.» De plus, selon Jeune Afrique, l’Union africaine donne près de 16 millions d’euros au Burundi par trimestre pour payer les soldes et la location du matériel militaire burundais.
L’autre conséquence, d’après le président de l’Olucome, est que les militaires vont être démotivés d’autant plus qu’il y avait une rotation régulière vers la Somalie.
Signalons que les troupes burundaises de l’Amisom ont leur base principale à Jowhar, la capitale administrative de l’État d’Hirshabelle. Selon la presse somalienne, le président de cet Etat, Mohamed Abdi Waare, a mis en garde contre un plan de retrait précipité. Il a affirmé qu’il pourrait laisser son Etat vulnérable aux attaques.