Mardi 05 novembre 2024

International

Ambassadeur Jolke Oppewal : « La violence n’est jamais la réponse à un problème »

01/08/2016 7

Désigné pour le Mali, après plusieurs années au Burundi, ce diplomate s’est confié à Iwacu. Il évoque notamment l’actuelle crise politique et prodigue des conseils.

L’ambassadeur Jolke Oppewal : « Que la politique ne prime pas sur le développement, mais qu’elle en soit le moteur. »
L’ambassadeur Jolke Oppewal : « Que la politique ne prime pas sur le développement, mais qu’elle en soit le moteur. »

« Le plus important est de trouver une solution paisible avec une inclusion. Cela ne signifie pas que tout le monde doit participer, mais il doit y avoir une inclusion des représentants des différents groupes d’intérêts, etc », conseille l’ambassadeur sortant des Pays-Bas, Jolke Oppewal. Son pays soutient le dialogue interne et tous les efforts régionaux sous l’égide Benjamin Mkapa. « Au lieu de plonger le pays dans une situation plus difficile, il faut penser comment remettre le pays sur les rails du développement.» L’ambassadeur Oppewal reste, néanmoins, optimiste : « J’espère que ce processus de dialogue inclusif va mener à la sortie de la crise. C’est mon espoir pour le Burundi ».

Il se souvient qu’en 2013, avec la feuille de route de Kayanza, de bons signes existaient avec la préparation concertée des élections de 2015. Au niveau économique, analyse-t-il, le Burundi était un pays pauvre mais présentait des signes de croissance économique et était stable. Des espoirs qui n’ont pas duré, car, explique-t-il, la préparation des élections est devenue plus difficile avec la limitation d’espace politique, le boycott de l’opposition, etc. Ce qui a créé une crise à tous les secteurs du pays : politique, économique et sécuritaire.

Les Pays-Bas, un ami fidèle mais…

Un des moments forts lors de sa visite à Nyabihanga en province Mwaro.
Un des moments forts lors de sa visite à Nyabihanga en province Mwaro.

Malgré la crise, le Royaume des Pays-Bas n’a pas pourtant tourné le dos au Burundi. « Dans cette période difficile, nous allons toujours continuer notre partenariat ferme avec le Burundi », promet l’ambassadeur Oppewal. Car, motive-t-il, dans toutes les relations comme dans tous les mariages, des crises peuvent se passer. Et de poursuivre : « Mais cela n’entraîne pas la rupture. Le divorce n’est jamais une solution.»

Par ailleurs, les dernières années, les Pays-Bas sont intervenus dans trois secteurs importants. C’est par exemple le Programme de développement du secteur de la sécurité (DSS) centré sur la formation, l’intégrité, le professionnalisme de l’armée et de la police. L’ambassadeur sortant des Pays-Bas au Burundi affirme que les résultats ont été satisfaisants.

« L’hospitalité des Burundais m’a marqué »

« J’aime beaucoup les collines où on peut faire des randonnées fantastiques et ces lacs qui constituent un trésor énorme», confie l’ambassadeur Jolke Oppewal. Il gardera des Burundais le souvenir d’un peuple hospitalier et d’un accueil chaleureux lors de ses descentes sur le terrain. Un autre bon souvenir : « Malgré de faibles moyens, la pauvreté, les populations rurales manifestent un grand attachement au développement, au refus de la guerre. »

Ses mauvais souvenirs : le départ précipité de sa femme à cause de la crise, et ces nuits marquées par des tirs dans différents quartiers de Bujumbura. « Cette crise, qui a fait basculer en arrière un pays qui sortait petit à petit de la guerre et où tous les moyens devaient être canalisés vers un décollage économique, me rend triste », conclut-il, tout en demandant aux Burundais de garder espoir.

Ce programme a été suspendu en juin 2015 à cause de la crise qui a amené à cette décision et à l’arrêt de l’aide directe au gouvernement burundais.

D’autres programmes concernent la sécurité alimentaire et la santé reproductive. Et en 2015, des contrats pour de nouveaux programmes portant sur l’agriculture, la lutte contre l’érosion et l’éducation sexuelle dans les écoles ont été signés.

« Que la politique ne prime pas sur le développement, mais qu’elle en soit le moteur», préconise cet ambassadeur. Il rassure ainsi que les projets directs avec la population vont continuer.

Pour Jolke Oppewal, dans un pays pauvre et fragile comme le Burundi, il faut investir dans la capacité des Burundais à ne pas créer les conditions pour d’autres crises. Et de tranquilliser : « J’espère qu’avec un dialogue réussi, on peut reprendre les programmes déjà suspendus. »

Quid des médias et du comportement de la police ?

La crise n’a pas épargné le monde médiatique. Ce diplomate néerlandais rappelle que plusieurs médias ont été détruits, que des journalistes ont été contraints à l’exil. Même si deux médias ont rouvert et que d’autres comme le Groupe de Presse Iwacu continuent à travailler, il affirme qu’il reste beaucoup à faire pour retrouver le niveau de liberté d’expression satisfaisant d’avant la crise.

Concernant les prestations de la police, lors des manifestations anti-troisième mandat, il nuance son propos : « Il y a eu bien sûr des bavures, mais nous avons vu aussi que beaucoup de policiers ont fait preuve d’un certain professionnalisme ». D’après lui, c’est lorsqu’il y a eu intégration dans ce corps d’éléments externes que la situation a été mauvaise. Il indique, par ailleurs, que même parmi les policiers, il y a eu des morts et des blessés. « Mais, en toutes circonstances, la police doit se souvenir qu’il y a des règles à suivre», rappelle-t-il.
Aux jeunes, il lance ce message : « Soyez responsables dans vos relations personnelles, dans vos familles. Maîtrisez la pression démographique. Vous êtes plus nombreux dans le pays. Filles et garçons, en avant pour le développement.»

Forum des lecteurs d'Iwacu

7 réactions
  1. Maya

    Voilà l’hypocrisie des occidentaux ??? [Ndlr: D’après lui, c’est lorsqu’il y a eu intégration dans ce corps d’éléments externes que la situation a été mauvaise.]. Qu’il nous dise qui sont ces éléments externes? On nous dit toujours que la police burundaise a été infiltré des interahamwe et les imbonerakures, comme si les burundais ne se connaissent pas, moins encore les policiers! Inventez un nom au hasard et demandez à un policier d’un camps quelconque et vous verrez la réponse. Il vous dira il est là ou cette personne n’existe pas! Mais les politiciens, les diplomates et les médias mal intentionnés vont nous dire que la police a été infiltrés mais ils ne nous montrent pas même un seul infiltré! Pendant les manifestations, on a vu ceux qui ont tué un congolais en disant qu’il était un interahamwe, on vu ceux qui ont tabassé les techniciens ougandais en les accusant interahamwe, on a vu le traitement qu’a subi un burundo-français qui était en vacance par le simple fait que son ton sonnait rwandais! La technologie a évolué, avec des caméras un peu partout et même dans les portables, ne pourraient-ils pas prendre au moins une photo d’un infiltré et la mettre sur Internet.

    Que ces occidentaux cessez leur stratégie de « Diviser pour régner »! Qu’ils sachent que l’Afrique d’aujourd’hui n’est celle d’hier! Seule la coopération peut fonctionner! Sinon, ils sont perdant d’office!

  2. Salmia Irikungoma

    La presence des francais dans les conflits et les guerres en Afrique, ne rassure personne, si ce n’est leur occasion d’aggraver les conflits pour que la guerre perdure, et qu’ils puissent vendre le plus de fusils, des bombes, explosions, munitions etc.. Et chaque fois que un pays Africain est en guerre, ils font tout pour etre les responsables parmi tous ceux qui sont censes vouloir intervenir (l’ONU, l’EU, l’UA, l’EAC etc.., tout ca pour n’est pas rate l’occasion de soutenir le pire. Et a propos du developpement d’un pays, les pays qui parlent francais sont les pays les plus pauvres et les plus destabilises en Afrique. Ils ne font que se confondre avec les maitres du desordre.

  3. Theus Nahaga

    Parmi tous les présidents qu’a connu le Burundi, pas un seul n’a eu une situation aussi confortable que Nkurunziza mais il s’est ingénié à enfoncer le pays. souvenons-nous de la vente de l’avion présidentiel, du supposé putsch de Kadege et Ndayizeye, son incapacité à respecter l’opposition parlementaire, son manque de volonté pour lutter efficacement contre la corruption,ou plus exactement, le fait d’avoir érigé la corruption en mode de gouvernement et enfin son troisième mandat inutile, illégal,alors qu’il savait pertinement que des Burundais étaient décidés à ne plus le supporter.
    Cet homme aurait pu partir avec prestige, honneurs et surtout des avantages matériels conséquents. Maintenant il partira pour aller affronter les tribunaux pour avoir délibérement détruit la paix civile qui avit coûte des sacrifices que l’on sait. ce que certain semblent oublier, ce que ce sont tous le Burundais qui on payer ces sacrifices. Ce qui furent avec lui dans le maquis, ceux qui le combattirent les armes à la mains, mais surtout nous la masse qui n’ont jamais crû à la rhétorique des divers combattant convaincu que nous sommes que les armes pour libérer le Burundi des Burundais est un choix toujours biaisé. Aujourd’hui je le dis et demain on s’en souviendra, quoique Nkurunziza et sa clique fassent, quoiqu’ils négocient, ils finiront devant un tribunal.
    Ainsi Mr l’ambassadeur peut donner des conseils cela ne changera rien Nkurunziza et sa clique se sont pris au piège. Ils savent qu’il n’ont plus rien à négocier. Il y a eu des morts et des destructions que cette fois nous ne pouvons plus accepter comme l’époque de la guerre civile 1993-2000, les anciennes excuses ne tiennent plus.

    • Abi

      @Theus Nahaga, s’il te plait vient nous liberer. Tu decris si bien la situation et les problemes. Cela ne devrait pas etre difficile a trouver des solutions. Viens, please et libere nous!

      • Theus Nahaga

        @abi
        avec votre petite ironie mesquine, vous croyez que le Burundi sera eternellement sous la griffe de Nkurunziza et sa clique. Détrompez-vous ce pays se libèrera et Nkurunziza ne sera alors plus qu’un mauvais cauchemar.

    • Radisson SAS

      @Theus Nahaga,
      L´avenir n´est à personne sir l´avenir est à Dieu ( Elohim) donc au lieu de condamner Nkurunziza, tu aurait du condamner d´abord le regime des Bahima qui ont crée cette pagalle et tant que les criminels Bahima ne sont pas traduis en justice internationale tout le monde est en danger y compris toi bien entendu.

    • Luc

      Quand vous parlez au nom des Burundais, je ne sais pas Burundais que vous parlez mr. Nahaga!? Combien pour cent des Barundi qui sont avec vous? Vous dites mandat illegal, avant de clamer son illegalite’, il fallait rendre la cour constitutionelle illegale avant le conflict.

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