Jeudi 21 novembre 2024

Editorial

Allo ? Econet Wireless ? Ne raccrochez pas

03/02/2023 8

« La téléphonie mobile, facteur de développement. » Au moins dans deux ateliers, les professionnels des compagnies de téléphonie mobile démontraient noir sur blanc le lien entre sa pénétration et la croissance économique.

Par Léandre Sikuyavuga, Directeur du groupe de presse Iwacu

Entre autres avantages : investissements directs, rentrées fiscales, inclusion financière, créations d’emplois. On y a cru et rien ne semblait éteindre la flamme de son implantation au Burundi. Cinq sociétés ont eu la licence d’exploitation pour opérer au Burundi : Africel, Smart, Econet Wireless, Lumitel, Onatel. Le public a assisté à l’émergence de nouveaux emplois. Un petit exemple : la vente des cartes de recharge a généré un réseau de grossistes, de distributeurs, de marchands ambulants. A chaque coin de rue, on y trouve des agents qui offrent des services monétaires par téléphonie mobile. Apparemment, le secteur semblait en pleine croissance, la téléphonie mobile vivait ses moments de gloire, surtout côté emplois. Mais ce n’était qu’un leurre au vu de ce qui s’est passé par la suite.

Africel, Smart n’ont pas fait long feu. Les dettes fiscales et les problèmes de licence d’exploitation seraient les principales causes de leur fermeture. Du moins, selon le régulateur. Smart Burundi soutiendra que la décision de fermeture de son réseau est « politique. » Le public n’a pas compris ce qui s’est passé réellement.

Aujourd’hui, l’exigence de l’OBR de geler les comptes de la compagnie Econet Wireless vient enfoncer le clou. Cette dernière doit verser sur les comptes de l’Agence de régulation et de contrôle des télécommunications (ARCT) plus de 88 milliards de BIF et 44 millions de dollars américains. La troisième des cinq compagnies de téléphonie mobile du Burundi risque de fermer à cause des arriérés de taxes et d’impôts. Qu’est-ce qui ne va pas dans le secteur de la téléphonie mobile au Burundi ? Comment et pourquoi en est-on arrivé à de tels montants colossaux d’arriérés ? Les questions sont sur toutes les lèvres.

En principe, avant d’octroyer des licences d’exploitation aux compagnies de téléphonie mobile, il y a des contrats qui les lient avec l’Etat burundais. Il y a des obligations entre les deux parties, les signataires savent à quoi ils s’engagent. L’autorité de régulation est mise en place pour rappeler à l’ordre, recadrer en cas de manquements. Où sont ces contrats ? Sont-ils publics ? Par ailleurs, il existe des organes de l’Etat chargés du recouvrement, de percevoir les taxes et les impôts.

La fermeture d’une compagnie mobile comme Econet Wireless est lourde de conséquences. On devrait penser au coût élevé des investissements de base de l’entreprise pour démarrer et diversifier les produits qu’elle offre, aux nombreuses personnes qui y travaillent, aux utilisateurs, etc. Au vu de ce qui vient d’arriver aux trois compagnies, l’avenir de l’investissement dans le secteur de la téléphonie mobile est hypothéqué, voire compromis. A l’antipode du discours officiel qui vise à assainir le climat des affaires pour encourager l’investissement au Burundi.

Je pense, à mon humble avis, que geler d’un coup les comptes de la compagnie Econet Wireless n’est pas une bonne solution. Sa fermeture portera préjudice à la téléphonie mobile dans son ensemble. Un terrain d’entente doit être trouvé pour les deux parties. Si elle n’est pas encore mise en place, il y a nécessité d’une commission d’arbitrage. Après tout, à des degrés différents, chaque partie a sa part de responsabilité. Allo ? Econet Wireless ? Ne raccrochez pas. Il doit y avoir un interlocuteur…

Forum des lecteurs d'Iwacu

8 réactions
  1. NCUTI

    Le secteur est surtaxé et une seule société travaille et a travaillé pendant plusieurs étant exonérée des taxes & impôts. Dans un tel contexte de concurence déloyale, il est compréhensible que la seule société qui a des avantages travaille tranquilement au moment où les autres ( SMART, AFRICELL) ont été obligé de fermer et ECONET & ONATEL sont dans l’agonie. Au Burundis seule les sociétés en situation de monopole peuvent tenir: BRARUDI, FOMI, INTERPETROL,SOSUMO, BUCECO,….
    @Iwacu, la fermeture des comptes concerne la société CASSAVA FINTECH qui est differente de ECONET. Apparement les responsables signataires de la lettre ont causé plus de dégâts pour nuire à ECONET et l’intention de recrouvement apparaît en 2nd plan.

  2. Kabarirwe

    Au mois pour Econet c’est plus que clair, les sommes dues à l’état sont mentionnées et le fait même qu’Econet jusq’à présent ne soit pas prononcé, atteste de la véracité de ces impôts et taxes (OBR avait tout calculé avant la communication officielle). Et oui quelqu’un, quelque part avait été payé pour tout couvrir, et fermer les yeux, mais un jour on devrait s’attendre à pareil.
    Cependant pour Smart c’est encore pire, juste une communication de l’ARCT sans préavis aux clients, sam’s même de détails de l’OBR, et tout est fermé au lendemain. Smart avait pourtant tout démontré mais en vain. Je suupose qu’un ou plusieurs autres leaders des télecoms viendront, mais pour eux, aussi leur temps pourrait être limité pour un secteur si surtaxé.

  3. Margarita

    A Iwacu, Kamanda, Kabizi, Jean Claude et autres amis qui lisent l’article.
    Mais Dieu du ciel!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
    Ivyo bintu vyabaye, les 2 entités suivantes ziri hehe? OBR et ARCT.
    Que ces ces entités montrent ce qu’elles faisaient entretemps!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
    Pourquoi ont elles failli chacune dans son role?
    Nous aimerions connaitre in extenso le point de vue d ECONET Wireless. Elle doit avoir payé des montants quelque part. On ne l’aurait pas laissé travailler dans l’illégalité.
    Ce qui se passe au pays de Mwezi Gisabo dépasse l’entendement.
    Lors d’une intervention de la radio isanganiro sur la corruption; étaient présents Mr Rufiri, lee président de Parcem , Rufyiri et Mutabizi.
    Rufyiri a rappelé que toute personne nomme par décret présidentiel doit déclarer ses biens. Ecoutez moi bien, a jour un seul ministre l’a fait. Ni le président du pays, du sénat ou de l’assemblée nationale ne l’a fait.
    Rufyirii a dit avec son aplomb habituel. Pourquoi toi Mutabazi, qui a été nommé par décret présidentiel n’avez vous jamais déclaré vos biens , comme le stipule la constitution? Il a répondu par une pirouette (qui ne faisait meme pas rire): Mes biens sont connus.
    J ai fait cette déviation pour expliquer que quand on laisse la corruption gangréner tout, on arrive la ou on est avec Econet Wireless.

  4. Maningo Jean claude

    Je pense que ces sociétés sont arnaquées par certains hauts responsables « Ibihangange » qui leur promettent protection ‘gukingira ikibaba » moyennant de l’argent pendant leur mandat, tout en oubliant qu’ils ne sont pas inamovibles. Quand ils quittent leur position, leurs successeurs découvrent ces manquements à payer les impôts. Corruption quand tu nous tue…

  5. Kanda

    Mais que dit Econet Wireless sur ce sujet? Si la compagnie a généré des recettes et des profits, pourquoi n’a-t-elle pas payé dans le temps ce qu’elle doit au fisc? Si elle a versé des corruptions à des personnes qui lui auraient promis de continuer à œuvrer sans payer au fisc, pourquoi ne les dénonce-t-elle pas?
    Vous terminez l’article par des phrases suggestives. Est-ce une opinion, un souhait, une recommandation ou une injonction au fisc? Je ne sais pas. C’est bien de créer cette Commission d’Arbitrage. Mais les impôts, en réalité ce n’est pas Econet Wireless qui paie, c’est le consommateur, essentiellement le Peuple Burundais qui a déjà payé et Econet Wireless a détourné les impôts. Econet Wireless pratique essentiellement le prépayé e l’impôt est déjà incorporé dans la consommation des services qu’elle offre. Donc Arbitrage oui, mais pas pour se dérober à ses obligations ni légitimer le détournement des sacrifices du Peuple, même si ce Peuple en reçoit très peu en retour, mais je pense que ces milliards, un peu d’argent va tout de même servir, ne serait-ce qu’en payant un peu d’enseignant.
    Merci

    • sakubu

      Bon raisonnement. A 100% d’accord.

      • Kevin D

        Il est vrai qu’il est difficile de comprendre ce qui s’est passé. En general, une société qui s’installe n’importe ou sur cette planete, a besoin d’investir. Le capital investit est amortit pendant la durée bien specific dans le contrat. La société doit payer l’impot sur les profits sinon ses biens physiques constituent une garantie. Une autre charge, le tax que le consommateur paye chaque moi(je me dit) n’appartient meme pas a la société, cette somme devrait etre verse au receveur general le plutot possible. Je vis dans un pays ou cet argent ne va meme pas au compte de la société, la portion fiscale va directement au gouvernement. Donc je me dis que, comme le Burundi n’a pas encore des infrastructure pour permettre cette separation, ceci devrait quand meme prendre pas plus de deux jours, sinon, quelqu’un doit aller en prison car ceci constitue un vol fiscal. Cette personne doit etre si haut (Le PDG ou Le DAF) pour montrer a quel point on est serieux. C’est qui est vraiment triste dans toute cette histoire, on ne peut pas vraiment savoir ce qui s’est passe car on a pas le point de vu de ces organisations. J’aurai vraiment bien savoir tout si le peuple ne sait pas tout, il est impossible d’ameliorer les choses.

  6. Kabizi

    Quels sont les proprétaires de la compagnie Econet?
    Il y a une expression ou une pratique mafieuse ici appelée  » Nshiramwo ou Njemwo » qu’utiliseraient les bihamgange pour etre en quelque sorte des parrains. Donnez nous la liste des actionnaires pour qu’on puisse comprendre comment une entreprise peut continuer a exercer avec des dettes si colossales.
    Que faisait l ARCT ou l OBR entre temps

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