Le site www.nyabusorongo.org a publié la semaine dernière des propos jugés diffamatoires à l’endroit de l’abbé Adrien Ntabona. Ce dernier vient de réagir sur ce qu’il a qualifié de « calomnie sans nom. »
L’auteur de l’article raconte que l’abbé Ntabona se serait moqué des Hutu, lors de la commémoration du troisième anniversaire de l’assassinat d’Ernest Manirumva. Dans un article très virulent, publié sur le site www.nyabusorongo.org , et intitulé «« Les Hutus sont des grenouilles tombées dans du lait, dixit, l’Abbé Adrien Ntabona ». Celui qui écrit sous le nom de Bapfekurera, affirme notamment : « L’extrémiste abbé Adrien Ntabona vient encore une fois de cracher son venin contre l’ethnie hutu. (…) malgré la présence d’éminents hutu dont l’Honorable Sylvestre Ntibantunganya, ancien président de la République. » Or, par exemple, dans cette messe célébrée à la paroisse Esprit de Sagesse, à Mutanga sud, le président Ntibantunganya n’était pas là. A ce mensonge s’ajoute des injures : « Le langage du vieux garçon {mushingantahe} de sac et de corde, qui malgré son âge, ne cesse de courir la gueuse, le jupon, n’a pas changé, du moins pas beaucoup.» L’auteur ajoute que le curé s’en est toujours pris aux Hutus. Dans cette messe, l’abbé Ntabona invitait tout le monde à garder espoir. C’est ainsi qu’il a fait une allégorie, qu’il exploite souvent, pendant la messe ou dans des exposées. L’abbé Ntabona est revenu sur ce conte : « Il s’agit d’une allégorie que j’exploite souvent qui a engendré en moi toute une spiritualité », a-t-il indiqué dans son point de presse. Avant de conter : « Que les gens apprennent à faire comme la grenouille tombée dans du lait. Elle s’est débattue pour ne pas se noyer. Or, quand le lait est battu, il produit du beurre. Il s’est alors produit une motte de beurre bien solide. Et la grenouille a pu poser ses pieds dessus et monter (…). Elle a mis son costume d’apparat, avant de partir la tête haute. »
« Ne pas caresser la sensible corde de l’ethnie. »
C’est donc cette citation que Nyabusorongo a déformée, explique toujours le prêtre. L’auteur, Bapfekurera écrit : « Une grenouille est tombée dans du lait. Au lieu de le boire tranquillement, il a commencé à sautiller dedans, jusqu’à ce que ce lait devienne dur. Devenant du yoghourt, elle ne l’a pas consommé, mais elle a été contrainte de quitter ce lait, par ses propriétaires, et est allée revivre sa vie de grenouille, expulsée hors du lait. » Pour l’abbé Ntabona, l’auteur a sciemment déformé son message. Le curé a lu cette allégorie même en français, pour ceux qui ne comprennent pas le kirundi. Il y avait des étrangers dont la Représentante spéciale du secrétaire général de l’ONU au Burundi, qui, dans son discours, a invité tout le monde à garder espoir. Le professeur Ntabona a fait savoir qu’il ne veut pas polémiquer avec l’auteur : « Le Burundi, dit-il, a tout intérêt à ne pas caresser la sensible corde ethnique. Chacun en connaît les méfaits. Nous étions en train de nous relever sur ce point; et nous avons tout intérêt à poursuivre la lancée de l’acceptation mutuelle et de la réconciliation progressive. » Avant d’ajouter « qu’il a toujours combattu l’ethnisme et il le fera toute sa vie. » Il a précisé que ce qu’il a voulu dire dans l’allégorie de la grenouille, est le fait que le pays a fort été abîmé depuis 40 ans : « L’échelle des valeurs a été démoli, les cœurs sont très érodés. Il nous faudra donc beaucoup de temps pour nous remettre debout. Du reste, la grenouille incarne constamment le symbolisme de la sagesse dans le bestiaire traditionnel. » Le prêtre septuagénaire a terminé son point de presse en proposant à ceux qui sont capables d’influencer le site en question, de lui demander de diffuser son homélie et le commentaire qu’il a fait aux journalistes : « C’est pour que les lecteurs puissent connaître la vérité et c’est la seule qui compte. Le reste n’est que de la fumée, du sable mouvant », a –t-il martelé.