Depuis l’aéroport, le cortège a été à plusieurs reprises détourné. Des policiers ont bloqué plusieurs bus qui se rendaient à l’aéroport pour accueillir le président du MSD, qui rentre au Burundi après presque deux ans d’exil. Dans l’avion qui le ramenait à Bujumbura se trouvait aussi Pascaline Kampayano, une autre importante figure de l’ADC Ikibiri.
<doc7356|right>Le cortège qui accompagnait le leader du MSD est arrivé au siège du parti aux environs de 13 heures. Une haie d’honneur constituée de jeunes militants s’était formée. Habillés des couleurs du parti, avec un brassard « sécurité », les jeunes militants gardaient eux-mêmes les lieux, investis par des centaines de militants.
Sous les tentes, quelques ténors des partis politiques de l’opposition : Léonce Ngendakumana, Frédéric Bamvuginyumvira, Anatole Kanyenkiko, du Frodebu, on verra aussi plus tard le professeur Ngayimpenda de l’Uprona (aile dite de la réhabilitation du parti), Chauvineau Murwengezo, etc.
Après quelques discours prononcés par des représentants du MSD pour lui souhaiter la bienvenue, Alexis Sinduhije, la voix un peu fatiguée, a tenu un discours dominé par l’appel à l’union de l’opposition politique pour les prochaines élections. Les points forts de son discours.
Son retour
Ndatashe burundu – Je rentre définitivement, a martelé Sinduhije sous les applaudissements. Le leader du MSD a indiqué que désormais son combat se fera sur le terrain et qu’il ne repartira plus. En swahili, il a insisté {Sintakwenda tena} – {Je ne repartirai plus.}
Alexis Sinduhije a rappelé que la lutte doit se faire dans la non-violence. Toutefois, il a invité les militants à ne pas avoir peur. {Shira Ubwoba}- N’ayez pas peur, leur a-t-il lancé, face « au parti au pouvoir qui use de la peur : pourquoi craindre des Imbonerakure ? Ce sont des gens comme vous et moi, vous n’avez pas à avoir peur d’eux » a lancé Sinduhije. Par ailleurs, il a estimé que le comportement de ces jeunes du Cndd-Fdd est dangereux pour le président : « Souvenez-vous de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire avec ses jeunes miliciens. Je ne voudrais pas que notre président, Pierre Nkurunziza, subisse le sort de Laurent Gbagbo. Ce serait une humiliation pour le pays. »
Donnez-nous les moyens
Le leader du MSD a reconnu le manque de moyens des partis de l’opposition face au parti présidentiel qui utilise ceux de l’État. « Nous avons besoin de moyens pour conduire notre lutte politique. Et les moyens viendront de vous. Chacun peut aider comme il peut ». Alexis Sinduhije a fustigé le comportement du parti au pouvoir : « S’ils sont si forts, si sûrs d’eux, pourquoi nous empêchent-ils de travailler, d’aller à l’intérieur du pays ? », s’est-il demandé sous les vivats.
L’union de l’opposition
Mais le point fort de son discours a été l’appel à l’union de l’opposition. Ainsi, avant son discours, Léonce Ngendakumana, le chef de l’ADC-Ikibiri, a eu droit à la parole. Il a d’ailleurs fait rire l’assemblée en rassurant ceux qui se posent des questions sur la sécurité des leaders de l’opposition. Pour lui, leur sécurité est dans les mains de Dieu. « Pas le Dieu qui brûle les marché » a précisé M. Ngendakumana sous les applaudissements. Pour Sinduhije, unie, « l’opposition peut gagner. » Il a invité les membres des partis de l’opposition à faire campagne « maison par maison, rue par rue ».
Un petit détail : pour son premier discours après son exil, Alexis Sinduhije n’a laissé aucune place à l’improvisation. Il avait préparé son discours et ne s’en est pas écarté.