Le dernier rapport du Groupe d’Experts de l’ONU sur la RDC présente les Forces Nationales de libérations (FNL) comme l’un des groupes armés étrangers opérant sur le sol congolais et impliqués dans le trafic et l’exploitation des ressources naturelles de ce pays de l’Afrique des Grands Lacs. Et le président du MSD s’y trouve incriminé. <doc2724|left>Selon le même document, Alexis Sinduhije et les compagnons d’Agathon retournés au maquis ont déjà fait cause commune. « Les sources consultées par le Groupe d’Experts s’accordent à dire qu’Alexis Sinduhije, Président du Mouvement pour la solidarité et le développement(MSD) est un partisan particulièrement fervent des combattants FNL et de la rébellion armée au Burundi.(…) Des combattants des FNL ont déclaré que Sinduhije avait été chargé de convaincre les gouvernements régionaux et internationaux que les exactions et les actes de corruption commis par les autorités burundaises justifiaient une rébellion armée », peut-on lire dans la section consacrée aux groupes armés étrangers. Au total, les Experts de l’ONU sur la RDC recensent une dizaine de groupes armés en RDC dont cinq étrangers. « D’après des sources diplomatiques et de la société civile, Sinduhije s’était rendu au cours des derniers mois en Ouganda, en France, en Italie, en Afrique du sud, en Turquie, au Soudan du Sud et au Kenya, afin de rencontrer des personnalités officielles et des investisseurs. Selon des collaborateurs du mouvement, Sinduhije a également essayé d’entrer en contact avec les partis d’opposition rwandais», poursuit encore le document. ________________________ > [Affaire Alexis Sinduhije : cacophonie autour d’une arrestation->http://www.iwacu-burundi.org/spip.php?article1808] ______________ Outre Agathon Rwasa et ses habituels lieutenants, les officiers Aloys Nzabampema et Antoine Baranyanka alias Shuti, le rapport évoque d’autres noms de politiciens burundais ayant rejoint les FNL. Il s’agit de Léonard Nyangoma, Pascaline Kampayano et Pancrace Cimpaye, l’ancien porte-parole du Frodebu. Le rapport, une arme contre Alexis Sinduhije ? Aux yeux de plusieurs observateurs, les charges jusqu’ici retenues contre le président du MSD pour l’arrêter sont pour le moins fantaisistes. A moins de chercher à considérer le contenu du dernier rapport des Experts de l’ONU sur la RDC, une justice indépendante pourrait difficilement le maintenir en détention. Or, malgré la véracité que peut avoir ce document, son exploitation par la justice n’est pas un pari gagné d’avance. Selon un ancien diplomate au fait du fonctionnement des Nations Unies, un rapport comme celui vient d’être produit sur la RDC est certes le fait d’experts commissionnés par cette organisation, mais il ne l’engage pas. « Les auteurs de ce rapport apportent leur expertise, mais ce ne sont pas des fonctionnaires des Nations Unies. Pour le cas de M. Sinduhije et les autres leaders politiques incriminés par le rapport, les conclusions ne renferment pas d’éléments pouvant être exploités par la justice, mais elles peuvent servir de base à des mesures sérieuses contre les personnes qui y sont mentionnées », explique ce spécialiste de la région des Grands Lacs. Il ajoute que le panel des Experts « rend compte directement au Conseil de sécurité via le Comité des sanctions. » Par ailleurs, parmi les sources consultées par les Experts, certaines sont des services de renseignement du gouvernement que combat l’opposant ; ce qui limite la crédibilité de leur « vérité ». D’autres ne sont peut-être exprimées qu’avec la promesse de sauvegarder leur anonymat ; si bien qu’elles ne pourront pas se constituer témoins à charge. A moins qu’elles ne décident de prendre leurs distances avec leur groupe armé. Parmi les mesures qui peuvent être prises par les Nations Unies, notamment par le Conseil de sécurité, c’est par exemple celle consistant à mettre sur une liste noire les groupes armés et leurs leaders cités dans le rapport. Les cas des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda(FDLR) et autres Armée de résistance du Seigneur (LRA) déclarées « forces négatives » constituent des précédents. Leurs leaders sont l’objet d’une traque sans merci avec la bénédiction de la communauté internationale. « Dans le cas d’Alexis Sinduhije, le pouvoir Cndd-Fdd est visiblement allé vite en besogne. Comme il était déjà au courant du contenu du rapport, il aurait pu bien se passer des charges tirés par les cheveux », a commenté un chercheur spécialisé dans les conflits.