Le président de l’UBJ indique que la correspondance des associations burundaises des professionnels des médias à la ministre de la Communication, vise à l’inviter à prendre ses responsabilités. Car, pour lui, il est grand temps que le gouvernement arrête ces manœuvres qui risquent de ternir l’image du pays. Interview. <doc2047|left>{Pourquoi avez-vous décidé d’écrire à la ministre de la Communication ?} Nous constatons que le climat entre les médias et les pouvoirs publics s’enlise de jour en jour. Notre inquiétude fait suite aux intimidations intempestives et persistantes à l’égard des médias et journalistes indépendants. Les médias ne devraient pas être aujourd’hui l’objet de menaces comme si c’était des ennemis du pouvoir, surtout quand on sait qu’ils ont un grand rôle à jouer dans l’édification de la démocratie. {Concrètement, qu’est-ce que vous lui dites ?} De prendre ses responsabilités pour apaiser ce climat de tension car ces manœuvres du pouvoir risquent de porter préjudice à l’image du Burundi. On sait qu’un pays où la presse est persécutée est un pays non viable. Nous voulons donc interpeler les pouvoirs publics pour que demain, ils n’accusent pas quelqu’un d’autre de ternir l’image de ce pays. Car c’est plutôt r ces tracasseries, ces mesures prises à l’égard des médias qui sont le reflet de ce que sont les pouvoirs publics dans ce pays. {Qu’attendez-vous de la ministre ?} Une solution à tous ces problèmes que nous vivons, qu’elle arrête cet acharnement. __________________ {« Soyer francs et courageux, Messieursdames du CNC ! » Alexandre Niyungeko estime que le CNC, en tant qu’organe de régulation, doit avoir le courage d’approcher certains représentants des pouvoirs publics. Objectif : leur expliquer le rôle des médias. Le patron de l’UBJ demande également à l’instance de régulation d’être toujours aux côtés des médias pour éviter tout dérapage. Néanmoins, il constate que tout doit être fait avec franchise : « Sinon, le CNC ne pourra pas convaincre les responsables des médias de ce qu’il appelle parfois dérapage alors qu’il n’en est pas un. » Et d’inviter les professionnels des médias à ne se taire devant aucune situation.} ____________________ {A votre avis, pourquoi ce climat de tension ?} Les médias mettent parfois à nu des situations que certains ne voudraient pas voir portées à la connaissance du public. De ce fait, nous devenons des victimes ou ennemis de ces gens-là. Et pour montrer qu’ils sont en train de travailler, ils s’en prennent aux médias. {D’après vous, quelles sont, précisément, ces situations qui gênent les pouvoirs publics aujourd’hui ?} Il y a cette affaire du massacre de Gatumba qui fait l’actualité. D’ailleurs, c’est le point de départ de cette hausse de tension. Visiblement, il y a des gens qui ne voudraient pas que la lumière soit faite. Toutefois, on ne va pas se lasser. On doit continuer à faire notre travail, à exercer notre métier de la façon la plus professionnelle possible. La population a besoin de nous. Nous avons un contrat avec le public, qui est de lui fournir des informations. Nous ne pouvons donc, en aucun cas, déroger à ces obligations. Nous avons la responsabilité sociale de dire ce qui va et ce qui ne va pas. {Quelle est la prochaine étape si la ministre de la Communication ne réagit pas ?} Je ne saurais pas le dire pour le moment. Mais, de toute façon, nous sommes engagés pour le dialogue avec tous les partenaires pour continuer à entretenir cette démocratie. Je ne cesserai jamais de le dire, il n’y a pas de démocratie sans une presse libre. {Quel est votre message au gouvernement ?} Nous lui rappelons que les médias sont ses partenaires. Le gouvernement est l’une de nos sources. Nous, nous sommes le courroie de transmission des informations qu’il veut porter à la connaissance de la population. Les médias et le gouvernement servent le même peuple. C’est pourquoi nous devons entretenir de bonnes relations pour que, chacun dans son domaine, puisse accomplir convenablement la mission qu’il s’est assignée.