Le patron de l’aéroport international de Bujumbura ne décolère pas contre un député qui a refusé le contrôle d’un de ses bagages. Tous les passagers ont dû débarquer pour un nouveau contrôle.
Dans son bureau impeccablement rangé, une vue plongeante sur les pistes de l’aéroport. De là, Albert Maniratunga voit tout.
Le bouillant patron de l’aéroport est réputé être un maniaque de l’ordre. Et quand il évoque ce qui est arrivé dimanche 29 octobre, les mots lui manquent. Il s’étrangle de colère. Avec son accent parisien qu’il a gardé de son long séjour en France, les qualificatifs fusent : « Inadmissible, intolérable, scandaleux ! »
Ses yeux pétillent d’énervement. En mission à Kampala, quand il a appris l’incident, Albert Maniratunga dit qu’il n’a pas pu « fermer l’œil toute la nuit. »
D’après lui, mercredi 29 octobre, le député Karenga Ramdhan, un élu de Bururi, se présente à la dernière minute à l’aéroport pour prendre un vol de la compagnie Ethiopian Airlines de 14 h 30.
Comme tous les passagers, il est invité à déposer tous ses bagages pour le « screening ». Il s’exécute pour un bagage. L’agent de sécurité, une dame, informe le passager que « tous les bagages doivent être contrôlés. Sans exception. »
Et c’est là que les choses dérapent. Le député, d’après le Directeur Général de l’Autorité de l’Aviation Civile, refuse d’obtempérer, s’énerve. Il a alors lâché la phrase « si j’étais Tutsi tu allais me laisser partir sans contrôle.»
D’après l’enquête menée par le patron de l’aéroport, le député a même bousculé la dame. « La dame est aujourd’hui traumatisée », raconte le Directeur Général.
L’agent de sécurité, comme le règlement l’exige, a alors informé ses supérieurs qu’un passager est à bord de l’avion qui s’apprête à décoller « avec un bagage à main non contrôlé. »
Albert Maniratunga défend son personnel : « Le service a fait ce qu’il fallait faire, le protocole de Tokyo (Règlement qui régit le transport civil NDLR) est clair : tous les passagers doivent accepter le contrôle de leurs bagages. »
Le patron de l’aéroport reconnaît quelques rares exceptions notamment pour « le Chef de l’Etat, le Premier Vice-Président, le deuxième Vice-Président, le Président de l’Assemblée Nationale, celui de Sénat et l’Ombudsman, des personnalités dites « protocolaires », qui passent d’ailleurs par le pavillon présidentiel » explique M. Maniratunga.
Au sujet de l’argument ethnique avancé par le député pour refuser le contrôle, M. Maniratunga s’emporte presque : « C’est archifaux ! On ne contrôle pas au faciès ! Tous les passagers sont contrôlés : Burundais, Blancs, Noirs, étrangers, on ne fait pas de distinction ! Cette histoire ethnique ne tient pas ! »
Tous les passagers débarqués
La tour de contrôle prévenue sur le cas du passager « avec un bagage non contrôlé » informe, comme il se doit, le commandant de bord.
A ce moment, les escaliers d’accès sur l’appareil ont été enlevés. Les moteurs ronronnent déjà. L’avion est prêt à décoller.
Les Ethiopiens ne rigolent pas avec la sécurité. Aussitôt informé, le Commandant de bord prend la décision de faire sortir tous les passagers. Nouveau contrôle des passagers.
Le Commandant de bord prend aussi la décision de ne pas embarquer le passager, le député Karenga Ramadhan. L’avion décollera avec retard, avec des passagers très énervés.
Débarqué, l ‘honorable Karenga est passé dans le salon d’honneur où il a continué à tenir des propos que par décence M. Maniratunga refuse de répéter.
Karenga persona non grata dans tous les aéroports ?
Le Directeur Général de l’aviation civile estime que ce qui est arrivé est « très mauvais pour l ‘image de l’aéroport. » La compagnie Ethiopian Airlines elle n’aurait pas apprécié. « Elle a dû supporter tous les passagers qui, à cause du retard au départ de Bujumbura, ont raté leurs connexions à Addis pour d’autres destinations. »
Les conséquences du retard d’un vol sont en effet nombreuses : des passagers qui arrivent en retard pour des conférences, des hommes d’affaires qui ratent des rendez-vous importants, etc., Et toute la colère des passagers qui retombe sur la compagnie.
Que risque le député Karenga ? Apparemment, cela peut aller très loin. : « Les aéroports civiles s’échangent des informations, ainsi il pourrait être considéré comme un « passager indiscipliné » et déclaré persona non grata dans tous les aéroports du monde », explique M. Maniratunga.
Le patron de l’aéroport trouve regrettable qu’un homme qui vote les lois soit le premier à les violer. « Le comportement d’un élu du peuple devrait être exemplaire », conclut M. Maniratunga.
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« Tout ceci est faux ! »
Le député Karenga Ramdhani réfute complètement la version de l’Autorité de l’Aviation Civile.
L’honorable Karenga devait effectivement prendre un vol de la compagnie Ethiopian à destination de Kigali ce 30 octobre. « J’étais chef de délégation d’une mission de 15 parlementaires pour participer à une conférence régionale sur la « sécurité et le terrorisme dans l’EAC. » Il explique qu’il avait informé la compagnie sur son arrivée tardive.
A l’aéroport, il a deux sacs à main : un avec un lap top et un autre qui contient son costume. Les deux bagages, d’après lui, sont contrôlés par une dame. « Je n’ai pas discuté avec cette dame, je courais, j’étais en retard. »
Le desk d’enregistrement est déjà fermé, mais comme la compagnie a été avisée, le responsable de Ethiopian lui donne son boarding pass. « Jusque-là, aucun problème, un employé de l’aéroport m’a même accompagné jusque dans l’avion où j’ai retrouvé mes collègues parlementaires.»
Mais quelques 20 minutes après, un agent de l’aéroport est venu lui demander de débarquer avec ses bagages. « Je suis descendu et je me suis dirigé vers le salon VIP ».
Là, le député Karenga dit qu’il a trouvé une querelle entre un agent de l’Aviation Civile et un policier. Le policier soutien que M. Karenga a respecté les procédures, tandis que l’agent de l’Aviation Civile lui affirme que « seul un bagage a été contrôlé. »
nouveau contrôle dans la partie VIP est décidé. Ici l’honorable Karenga regrette ce contrôle fait sans aucune discrétion :« Un attroupement s’est constitué, j’ai été contrôlé au vu de tout le monde, même de simples employés de l’aéroport, sans aucun respect pour mon statut, j’ai été humilié ».
Le contrôle est OK. Mais entretemps, les autres passagers ont été débarqués pour un nouveau contrôle.
Le député lui attend dans le salon VIP avec le responsable de Ethiopian, le chef de la police aéroportuaire, le Directeur Général Adjoint de l’Autorité de l’Aviation Civile. « J’avais mon boarding pass, le chef de la police aéroportuaire m’avais dit que rien ne m’interdisait d’embarquer, le Directeur Général Adjoint de l’Autorité de l’Aviation Civile m’ a dit qu’il avait prévenu son patron en mission et qu’il attendait sa réaction. »
La décision est tombée finalement. « On m’a dit que dans les normes de l’aviation civile on ne peut pas permettre à un passager qui a eu un problème de ce genre d’embarquer sur le vol. J’ai dit OK ». Le député Karenga achetera un billet sur Rwandair et s’envolera un peu plus tard vers Kigali.
L’Honorable Karenga affirme que ces deux bagages ont été bel et bien contrôlés lors du premier checking. « Les caméras de surveillance pourraient trancher », soutient-il.
Il jure aussi qu’il n’a jamais tenu ses propos « ethniques » qu’on lui prête. Ceux qui me connaissent savent que je suis « un adepte de la cohabitation ethnique pacifique ». Il dit qu’il n ‘a pas non plus « bousculé » un agent de contrôle. Il regrette la méconnaissance des « règles protocolaires » des agents aéroportuaires qui l’ont « humilié ».
Toutefois, il reconnaît que par les temps qui courent, avec la menace terroriste, arriver à l’embarquement à la dernière minute, avec son chechia de musulman, peut avoir poussé les agents de sécurité à vouloir le contrôler plus. Mais, le plus grave, selon lui, c’est « le manque de collaboration harmonieuse entre les différents services (Sobugea, Police Aéroportuaire, Aviation Civile) et le dysfonctionnement des appareils de contrôle à l’aéroport international de Bujumbura. »
Excusez pour cette repetition!
Mais qu’est-ce-qui est inadmissible et scandaleux?
C’est que quelqu’un qui refuse d’etre controle par les services de securite se retrouve dans l’avion!
Et a qui la faute?
Les services de securite qui avaient le devoir d’assurer ce controle devraient prealablement repondre a cette faute grave! Pour moi, Kalenga devrait en aucun cas atteindre l’avion!
Apparement, ce DG ne comprend pas cela!
Si ce dossier tombe dans les mains d’un vrai juge, c’est a l’Etat de payer!
Et dans un Etat de droit, les services de securite et leur chef devraient etre repondre!
Quant a ce Kalenga, ce n’est pas de sa faute, lui il considere qu’il vit dans une republique bananiere!
Il n’y a meme pas une annee il avait declare a la radio qu’il veut pendre un homme suspecte de viol a Rumonge! Et pour fonder ses intentions, il avait dit qu »il a meme appele a la Presidence!!!
Autorisation de l’Ayatollah avant d’appliquer la Sharia!???! »
Je remercie beaucoup IWACU pour ce professionnalisme qui l’a caractérisé dans la publication de cet événement. Maintenant comme nous avons le témoignage de MANIRATUNGA et le réaction de KARENGA, je demanderais à IWACU si il le peut de demander l’accès aux enregistrement des caméras de surveillance ou si il peut avoir une source fiable qui peut lui confirmer les propos de KARENGA pour que nous ayons « inkuru y’imvaho ».
A l’Autorité de l’Aviation Civile, si réellement sont Directeur est sur de ces propos, je lui demanderais de porter plainte auprès des instances habilitées pour que Demain NDITIJE, NYABENDA, BUCUMI etc ne refasse pas la même chose.