De Gitega à Muyinga en passant par Ngozi, l’Initiative de Dissémination accélérée des Innovations agricoles dans la Région des Grands-Lacs (AID-I GLR) dénommée « Projet Kugwiza » améliore la sécurité alimentaire et nutritionnelle par introduction de nouvelles technologies de production agricole et d’élevages sur des chaines de valeur agricoles essentielles. Les agriculteurs et éleveurs bénéficiaires ainsi que les partenaires de mise en œuvre sont satisfaits des résultats atteints.
Le mardi 11 juin 2024, l’Institut international d’Agriculture tropicale (IITA Burundi), qui coordonne ce projet financé par Feed The Future à travers l’Agence américaine pour le Développement (USAID), a organisé une conférence de presse où il est revenu sur les principales réalisations. Le Représentant Pays de l’IITA, Dr Patrick Kiiti Mutuo, a annoncé les résultats atteints. « Le projet AID-I GLR dénommé Projet Kugwiza est mis en exécution par des organisations partenaires dans 34 communes réparties dans 11 provinces. » Sur 504048 agri-éleveurs prévus, 470000 ont été atteints depuis janvier 2023 jusqu’à la fin mars 2024, » a précisé le représentant pays de l’IITA.
Il a signalé lors de la conférence de presse que le projet AID-I GLR a également introduit des blocs à lécher pour l’alimentation animale qui sont fabriqués à base des produits locaux afin de les rendre accessibles aux éleveurs, mais aussi de réduire le coût d’achat. Et d’ajouter que Kugwiza a introduit au moins 3 nouvelles variétés de patate douce à chair orange (Naspot 12&9, Yanzovu) avec une importance nutritionnelle en particulier aux enfants et aux femmes allaitantes comme source de vitamine. « Ils peuvent être utilisés dans la transformation/fabrication des pains, des beignets par les boulangers. »
Avec le projet en collaboration avec IRRI, 5 nouvelles variétés de riz ont été introduites, expérimentées, sélectionnées et validées par les bénéficiaires après la récolté dans les différents marais en particulier dans celui de Nyanza dont nous avons eu des témoignages des bénéficiaires.
Selon lui, le projet AID- I GLR, en collaboration avec Seed Système Group (SSG), a introduit et vulgarisé deux variétés (Bazooka & Wannak) de maïs hybrides ainsi que des silos pour la conservation des céréales en particulier le maïs et le haricot. Pour l’amélioration de la santé animale, des vaches et des veaux ont été respectivement inséminés et vaccinés contre la théileriose (Umupfube).
Satisfaction des bénéficiaires
Du mercredi 12 juin au jeudi 13 juin 2024, des visites médiatiques sur les réalisations de ce projet ont été effectuées dans les provinces de Muyinga, Ngozi et Gitega où il réalise des avancées significatives dans l’amélioration des systèmes de production dans les chaines de valeur du haricot, du maïs, du riz, de la patate à chair orange ainsi que de la santé animale/vaccination et de l’alimentation animale (fourrage, blocs à lécher).
La première visite a commencé par une coopérative gestionnaire d’un champ de démonstration (formation pratique) dénommée« Rugari tugwize imbuto » de la colline Gasasa, de la zone Rugari en commune Muyinga. Les membres étaient enthousiastes pendant la récolte d’une variété de haricot volubile fortifié dénommé Kinure II avec une hausse de production en passant de 2 tonnes avant à 4 tonnes sur le même terrain suite à l’introduction d’une nouvelle variété adaptée et grâce aux formations sur la conduite culturale du haricot. « Le projet facilite les gens d’avoir des semences sélectionnées, certifiées et à haut rendement », s’est réjoui Théodore Riziki, agronome de mise en œuvre du projet Kugwiza à Muyinga au nom de Wold Vision. Selon lui, le projet renforce les capacités sur les bonnes pratiques culturales et les sensibilisent à l’utilisation des intrants agricoles recommandés en particulier les semences certifiées et adaptées à leur terre.
Serge Sayukubara, président de la coopérative « Rugari tugwize imbuto », estime que le champ de haricot qui ne donnait qu’au plus 2,5 tonnes donnera 4 tonnes grâce aux bonnes pratiques agricoles apprises. Selon lui, dans le voisinage, personne n’aura une production de haricot aussi bonne que celle de sa coopérative. Raison pour laquelle les gens commencent à le contacter pour leur indiquer où il a trouvé des semences.
Et de faire savoir que le vendeur de la variété et des semences seront disponibles chez le même fournisseur au cours de la saison suivante du mois d’octobre prochain. Consesa Ntakarutimana, une maman membre de la Coopérative, indique que l’avantage des informations fournies dans le cadre du projet Kugwiza est grand, car avant, elle cultivait n’importe comment sans suivre les méthodes modernes de respect des lignes et des distances entre un plant et un autre. Elle fait savoir qu’elle a fait elle-même l’expérience en plantant les semences sélectionnées. Elle se dit engagée à chaque saison culturale d’acheter les semences aux semenciers.
Sur la colline Mwurire de la même commune Muyinga, le projet AID-I GLR a également introduit des blocs à lécher pour l’alimentation animale. Ils sont fabriqués à base des produits locaux afin de les rendre accessibles aux éleveurs, mais aussi de réduire le coût d’importation en Tanzanie. Selon Marc Nyabenda, un membre de la coopérative Tugwize umwimbu mu bworozi qui fabrique ces blocs, de la colline Mwurire (Muyinga), « les vaches ont augmenté la production laitière passant de 2 l/jour à 7 l/jour. Le coût d’achat des blocs a diminué de 25 000 Fbu à 11 000 Fbu. » Il a fait savoir que le bloc à lécher contient des éléments nutritifs dont ses vaches ont besoin.
Tous les membres de la coopérative se réjouissent du fait qu’ils ne sont plus obligés de s’approvisionner en blocs à lécher à partir de la Tanzanie et dans d’autres pays voisins. Philibert Sinzinkayo indique que depuis octobre 2023, au moins 104 blocs à lécher ont été fabriqués dont 55 vendus.
Le bloc fait de mélasse, de farine d’os, de chaux d’urée, de sel, de ciment, de Prémix, de farine de Calinada et d’eau présente beaucoup d’avantages selon ces éleveurs regroupés en coopératives. Il indique qu’une vache qui lèche un bloc a beaucoup d’appétit et boit beaucoup d’eau. Ce qui fait qu’elle produit beaucoup de lait. « Ma vache donne 4 l de lait par jour alors qu’avant elle ne dépassait pas deux litres », a affirmé Marc Nyabenda.
La production augmente
Sur 1,5 ha, Mariette Ntirampeba, présidente de la coopérative, s’attend à une récolte d’au moins 10 tonnes alors que le même terrain ne pouvait donner plus de 4 sacs de patate douce. Elle se félicite que sa coopérative a fourni deux fois le lycée Rugari en patate douce.
Dans la province de Ngozi, dans le marais de Nyanza, les bénéficiaires des semences de riz, sous l’assistance technique de l’Irri et de l’Acord, sont regroupés dans la coopérative Nguvuzumukenyezimwiterambere. Elles ont confirmé avoir reçu des formations sur la culture du riz, l’aménagement et la gestion des parcelles d’irrigation, le semis, la fertilisation et la lutte contre les maladies et ravageurs. « Le projet a introduit 5 variétés pour en tester l’adaptation, et deux variétés, V564 et L662, ont été sélectionnées pour leur bon rendement », a soutenu Jeanne Uwurukundo, présidente de la coopérative de plus de 800 membres. Et de poursuivre : « Avant, on cultivait dans le désordre, on utilisait beaucoup de semences sans fertilisant minéral. Actuellement, nous savons comment installer des pépinières pour la germination, le système de repiquage en ligne et les techniques de récolte. »
Les bénéficiaires témoignant de l’augmentation de leur rendement, passant de 4 à 5 tonnes par hectare. Mme Uwurukundo invite les autres riziculteurs à adopter ces nouvelles variétés et sollicite le projet Kugwiza pour aider la coopérative à devenir un multiplicateur agréé de semences de riz.
Ce n’est pas tout. Sur la colline Nyangungu, à Mutaho, les membres de la coopérative appelée Rematwitezimbere bénéficient des semences de variétés de maïs hybride (Bazoka & Wanak). Ils reconnaissent que le projet a apporté un changement particulier dans leurs pratiques agricoles. « Ils nous ont appris à cultiver de façon moderne sur un champ de démonstration ». Ils nous ont donné 100 g pour aller expérimenter chez nous. À la récolte, nous avons été étonnés de voir 4 tonnes, a indiqué Viviane Nzirubusa, une maman membre de la coopérative. D’après elle, les 100% qu’elle a essayés sur une petite portion ont donné 14 kg de maïs.
Baltazar Nshimirimana, un des bénéficiaires responsables d’un champ de démonstration, a reçu des semences de maïs variété Bazooka. Sur 1⁄4 ha, il a affirmé que la récolte a été d’une tonne, alors qu’avant, sur le même terrain, il recevait environ 200 kg avec la variété locale Isega.
Toujours en collaboration avec ses partenaires de mise à l’échelle, le projet AID-I GLR a introduit des silos de conservation des céréales pour éviter les pertes post-récolte. Les bénéficiaires des silos racontent que ce matériel peut conserver la récolte au-delà de 4 ans.
Le même projet appuie les éleveurs dans la vaccination des veaux contre la théilériose bovine. Isaac Hakizimana, un des éleveurs de la colline Mugitega en commune Bugendana, salue ce projet grâce auquel ses veaux ont été vaccinés. « Le projet est venu à point nommé, car j’avais perdu deux veaux à cause de la théilériose », a-t-il témoigné.
Selon Christophe Gagungu, responsable de mise en œuvre du projet Kurwiza, le projet collabore avec des partenaires locaux et des systèmes semenciers nationaux en tirant parti de l’expertise de Wold Vision, de l’association de coopération et de recherche pour le développement (Acord), du Welthungerhilfe (WHH), de Vétérinaire sans frontière (VSF), du Programme alimentaire mondial (PAM), de la Confédération des producteurs agricoles pour le développement (Capad) et de One Acre Fund (OAF-Tubura) .
Il se dit satisfait des résultats atteints sur le transfert des innovations et technologies et remercie sincèrement les partenaires de mise en œuvre ainsi que les agri-éleveurs sur base de leur témoignage. En tout cas, l’IITA se félicite de la diffusion des innovations et technologies sur les bonnes pratiques agricoles et d’élevage sur 470 000 bénéficiaires contre 504 048 bénéficiaires prévus dans les 34 communes des 11 provinces d’intervention.