La soirée de jeudi 16 mars, restera à jamais gravée dans l’histoire de la Confédération africaine de football(CAF). Après 3 décennies de règne sans partage sur cette instance, l’inamovible Issa Hayatou tombe de son piédestal, contre toute attente.
En soutenant ouvertement le prince jordanien Ibn Ali contre Gianni Infantino, pour la présidence de la FIFA, le digne fils du Cameroun ignore qu’il vient de se créer des inimitiés qui vont causer sa perte. Une déroute que personne au sein même de son sérail ne voit venir, pourtant habitué aux coups bas.
Fin stratège et non furtif dans sa réaction, l’ancien ministre (57 ans) malgache des Sports puis de la pêche en 2015 profite avant tout des scandales de corruption de la FIFA et du soutien de la puissante Cosafa (Conseil des associations de football en Afrique australe).
Cependant, rien ne lui prédestine au sommet du football africain. Ahmad, fait son apparition dans l’organigramme de la CAF lors du Congrès de Marrakech en mars 2013. Il est membre du Comité exécutif représentant la zone Sud. Ce Malgache crée déjà une surprise de taille, en écartant le Sud-Africain Dany Jordan, président du comité d’organisation de la Coupe du monde 2010.
C’est la carte qu’il joue pour se faire adouber dans son pays avant la conquête de l’Afrique. «Ahmad est impassible, un homme de réseaux. À la CAF, il a tissé de bonnes relations avec les fédérations d’Afrique australe. En Afrique de l’Ouest également, il a des appuis», confie un secrétaire d’une fédération nationale.
Avant de poursuivre : «C’est presque tout la FIFA qui a battu campagne pour lui. Demandez, combien de jours la Sénégalaise, secrétaire générale a passé en Afrique de l’ouest».
Ce qui penchera la balance
Hayatou fera toujours sien le bilan de Blatter, un trompe l’œil pour certains présidents des fédérations. Ces seigneurs penseront bénéficier de ses largesses en lui rendant la monnaie de leur pièce en l’élisant chaque fois qu’il brigue un autre mandat.
«L’empereur» de son surnom omettra qu’il n’est plus dans les grâces de la puissante instance de football mondial, surtout qu’Infantino entend se débarrasser de tout cacique impliqué dans les scandales de corruption. Hayatou en fait partie bien qu’il ne sera pas inquiété, faute de preuves.
Autre mobile de sa chute, indique un observateur, sa personne : «Certaines fédérations à l’image de celle de Djibouti voulaient du sang frais, non pas que son bilan soit mauvais, parce qu’il a modernisé le football africain, mais un mandat de trop à leurs yeux leur était insupportable ». Selon d’autres analystes, son management dérangera même parmi ses soutiens. Aussi, les fédérations voteront pour Ahmad pour son projet séduisant.
Ainsi, en s’imposant si «facilement» (34 voix contre 20), le Malgache démentira tous les pronostics. «Il fait comprendre à bon nombre d’observateurs qu’à la CAF l’argumentaire de l’alternance a sa place», explique encore notre source.
L’opacité dans les finances ainsi que dans la prise de certaines décisions comme le choix des pays organisateurs des CAN, figurent parmi ses grands chantiers. Le nouveau président devra s’armer de courage et de détermination pour faire comprendre aux 20 autres fédérations n’ayant pas voté pour lui que l’ère du changement est venu.