Après son agression pour être intervenu dans ce qu’il considérait comme une fraude du carburant, le sénateur Vital Bambanze considère que certaines personnes ont continué à s’acharner sur lui. Mais il prépare sa contre-attaque en portant plainte contre elles.
Le jeudi 18 août dernier, vers 22h30, le sénateur Vital Bambanze et son ami Léonard Habimana, inspecteur de l’Etat, remarquent des personnes qui chargent plusieurs véhicules avec des bidons pris sur des camions garés près du poste des douaniers à Kamenge. Nous sommes en pleine crise de carburant, et la manœuvre leur semble être une fraude du précieux liquide. Ils veulent en savoir plus. C’est alors que tout dérape, d’après le récit du sénateur.
Mais bien qu’ils aient décliné leur identité, l’inspecteur est sauvagement battu par un certain Hermès, qui se présente comme un colonel du SNR, aidé des chauffeurs et de certains policiers.
Le sénateur tente de s’interposer, mais il est brutalement giflé par un certain Moussa Timane, chef de convoi de Hina Motors. Leur seul tort semble d’avoir arrêté le chargement du carburant qui, leur dit-on, appartiendrait au Général Adolphe Nshimirima. Ce que les deux amis n’ont pas voulu croire.
Leur supplice s’arrête quand Kazungu, du Service National de Renseignements, et Désiré Uwamahoro, commandant du Groupement Mobile d’Intervention Rapide (GMIR), arrivent sur les lieux. Ce dernier tire deux coups de feu en l’air, pour débloquer la situation, comme il expliquera plus tard. Le sénateur Bambanze interpelle aussitôt les deux hommes, qu’il a reconnus : « Je voulais que les témoins présents sachent mes assassins si je venais à mourir », souligne-t-il.
Désiré Uwamahoro conseille au sénateur de rentrer, en lui promettant que la lumière sur l’incident sera faite le lendemain matin. Mais au matin, pas de traces des bidons ni des véhicules qui les chargeaient, Désiré Uwamahoro les a déplacés tôt le matin même, d’ après toujours le sénateur. M. Bambanze se rend au SNR. Il trouve que huit bidons. Au SNR, on lui promet de faire des enquêtes.
La mauvaise foi du SNR
Deux avis de recherche sont aussitôt lancés contre Hermès et Moussa Timane. Le sénateur est cependant déçu par la mauvaise foi du SNR. Le chargé de l’enquête dans ce service, un certain Josué, lui apprend quelques jours plus tard que Moussa Timane a quitté le pays le lendemain des faits, alors que le sénateur lui avait parlé au téléphone dans la soirée du même jour.
Pire encore, le téléphone du sénateur est aussitôt mis sur écoute : « J’ai été ébahi d’entendre sur Rema FM, vers 17h, des propos que j’ai tenus sur mon téléphone portable, alors que je parlais au président du Sénat », s’indigne le sénateur Bambanze. Le sénateur n’est pas au bout de ses surprises : le secrétaire général et porte-parole du gouvernement déclare plus tard sur les ondes que les faits ont lieu dans un cabaret, et le sénateur était dans un état d’ébriété !
Le sénateur est furieux contre les propos de M Nzobonariba : « Ce qui m’a fort étonné, c’est qu’il n’a fait aucune enquête pour vérifier la véracité des faits, ne fut-ce que pour expliquer la présence des huit bidons au SNR ». Pour le sénateur Bambanze, Philippe Nzobonariba a réagi au moment inopportun, en lieu et place du porte-parole de la police.
Quant à la Rema FM, qui, selon lui a pris le relais des calomnies, en rappelant que Bambanze est un Twa coopté au Sénat, le sénateur qualifie la radio de médium qui sème la haine : « Si Rema FM ne veut plus des Batwas au sénat, qu’elle retourne à Arusha pour que la Constitution soit modifiée », indique-t-il.
« J’ai subi plusieurs agressions ! »
Le sénateur Vital Bambanze estime avoir été agressé d’abord physiquement, en présence de policiers, qui ont parfois aidé les agresseurs. Il s’en est suivi une violation de sa vie privée en mettant son téléphone sur écoute, alors qu’il ne menaçait en rien la sécurité de l’Etat. Il considère également la réaction du porte-parole du gouvernement comme une agression morale, pour avoir fait des déclarations sans avoir mené la moindre investigation. Pour lui, il n’a fait que son devoir en intervenant dans ce qu’il considérait comme une fraude flagrante, ce qui est le devoir de tout bon citoyen, surtout pour un représentant du peuple : « Si j’étais ivre, le gouvernement devrait distribuer de l’alcool à la population si ça peut l’aider à dénoncer ce qui ne marche pas », ironise-t-il.
Quant aux propos de Rema FM, le sénateur Bambanze considère que c’est une diffamation à son égard, puisque : « entre le ménage que je venais de quitter et le lieu de l’agression, il n’y a que deux minutes, comment aurais-je pu me pisser dessus en ce laps de temps », s’interroge-t-il.
« Je vais porter plainte contre les auteurs de ces infractions et je n’abandonnerai jamais ce dossier. Quel que soit le temps que cela me prendra et celui qui m’a agressé devra payer un jour !», martèle le sénateur Bambanze. Pour lui, le Sénat devrait tout faire pour rehausser le prestige des sénateurs, car ils ne sont pas souvent respectés à leur juste valeur.