Après avoir voté au centre de vote de l’Ecofo Ciri, son village natal, Agathon Rwasa s’est exprimé sur différentes questions concernant le processus électoral en cours. Verbatim du candidat du CNL.
Son appréciation du déroulement du scrutin
Agathon Rwasa : «Je ne saurais donner une appréciation générale parce que je n’ai pas pu me rendre à différents bureaux de vote. Cependant, ici à l’Ecofo Ciri, je trouve que ça se passe assez bien. Je vois que les files sont longues, je présume donc que tous les électeurs ont répondu massivement à cet exercice de vote.
Au-delà de cela, je dois quand-même déplorer qu’il y a deux poids deux mesures. Je viens d’être témoin moi-même de l’interdiction faite aux journalistes d’exercer leur profession. Alors que la CENI et le Conseil national de communication (CNC) ont convenu de comment la presse devrait travailler dans ces élections, il est quand-même dommage qu’un président d’une CECI ou d’une CEPI puisse donner ces propres ordres et refuser le droit aux journalistes de couvrir cet événement comme convenu. C’est déplorable. Pourquoi empêcher les journalistes de faire leur métier à Ciri alors qu’ils peuvent le faire dans d’autres localités. C’est un signe qui ne trompe pas. Il y a de mauvaises intentions de la part de certains gestionnaires de ce processus. N’en déplaise à d’aucuns, j’espère que tout ira bien. Tout ce que je peux faire est d’en appeler à la responsabilité de tout un chacun et qu’on respecte la volonté du peuple. Qu’on ne fasse pas diversion et qu’on ne cherche pas à tourner en dérision la volonté du peuple, lequel est déterminé au changement».
Des irrégularités
Agathon Rwasa : « D’après des informations que j’ai déjà recueillies, il y a des problèmes. Par exemple en province Rumonge où certains bureaux de vote ont ouvert à 4 heures du matin alors que la loi précise qu’ils doivent ouvrir de 6 heures du matin à 16 heures. Mais il faut surtout déplorer cette insécurité démesurée dirigée contre les militants du CNL. Une chasse à l’homme avec l’arrestation des centaines de nos mandataires. Même si tel ou tel devrait être inculpé pour un délit quelconque, c’est notre droit d’avoir des mandataires politiques. On devrait accepter qu’on les remplace parce que le Code électoral le dit ainsi. Nous devons avoir des mandataires dans tous les bureaux de vote. De surcroît, nous demandons que chaque mandataire rentre avec le procès-verbal pour que ceci puisse nous permettre de faire le recours au cas échéant.
Cette nuit, un militant du CNL a été assassiné par des Imbonerakure dans la zone Buruhukiro de la commune Rumonge. Dans cette même zone, des Imbonerakure ont vandalisé leur propre permanence pour justifier une rafle de nos militants. Ce comportement est à bannir. Le Burundi ne pourra jamais avancer avec de telles attitudes».
La coupure des réseaux sociaux
Agathon Rwasa : «Hélas! C’est un signe qui ne trompe pas que des fraudes ont été planifiées. Pourquoi couper les communications alors que c’est un droit pour chaque citoyen? S’ii fallait une intervention des corps médicaux ou autres, comment on procéderait avec des communications coupées ? Si on appelle les gens à voter librement, on doit quand-même respecter leurs droits. C’est dommage que ça se passe ainsi, mais cela n’empêchera pas que le tournant qui s’annonce puisse être une réalité. Et le changement est pour ce soir. Nous allons être tous témoins de cela malgré cette coupure d’internet ou toutes les autres tracasseries».
Le mot d’ordre à ses militants
Agathon Rwasa : «Je ne lance pas un mot d’ordre aux seuls militants du CNL. Mais à tous les Burundais. J’en appelle à la responsabilité de tout un chacun. Ce Burundi a droit à un avenir meilleur et radieux. C’est à travers les urnes que nous devons définir notre feuille de route vers les lendemains meilleurs. Que chacun vote de façon responsable. Qu’on ne vote pas juste pour voter mais qu’on puisse réaliser le changement auquel on aspire à travers les urnes».
Sa réaction après la proclamation des résultats
Agathon Rwasa : «J’ai déjà dit que les mandataires doivent rentrer avec les PV. C’est reconnu par la loi. C’est à partir de ces PV, si les résultats nous semblent faux, que nous allons pouvoir procéder à des recours auprès des organes autorisés. On ne peut pas parler du verdict des urnes maintenant. Attendons le dépouillement. Si on n’est satisfait, on le dira. Dans le cas contraire, on le dira aussi car c’est notre droit d’apprécier ou pas ce qu’aura été ce processus».