Revenons sur le prince Louis Rwagasore étant donné que nous commémorons prochainement sa disparition comme chaque année le 13 Octobre …
<doc5485|right>Penchons-nous cette fois-ci sur ce qui a entouré les procès de ses meurtriers. L’analyse de ce dossier pourrait peut-être aboutir à une conclusion qui pourrait constituer le point de départ des travaux de la future Commission Vérité & Réconciliation[[Sa dénomination officielle m’est encore inconnue.]]. Elle pourrait aussi être l’occasion de clôturer, une fois pour toute, le contentieux « colonial » entre le Burundi et le Royaume de Belgique.
A l’occasion des quarante ans de l’indépendance du Burundi, une trentaine de personnalités du pays – dont en tête de liste feu le prince Godefroid Kamatari, digne fils d’Ignace Kamatari lui-même frère du roi Mwambutsa IV – ont signé une pétition fort percutante à l’adresse du gouvernement belge pour l’inviter à ouvrir une enquête parlementaire sur l’assassinat du prince Louis Rwagasore, héros de l’indépendance. Les pétitionnaires présentaient leur requête d’autant plus hardiment que la Belgique venait de boucler une initiative de ce genre pour le cas de l’assassinat du premier ministre Congolais Patrice Emery Lumumba.
Il n’y eut qu’un silence en guise de réponse de Bruxelles…
Dix ans plus tard, forts de la publication du livre de Guy Poppe[[Poppe, G., {« L’Assassinat de Rwagasore, le Lumumba burundais »}, éditions IWACU, 2012, 230 pages.]], enhardis par la visite d’une délégation belge conduite par le couple princier lors des festivités marquant le cinquantenaire du recouvrement de notre souveraineté, l’Accord Cadre pour la Restauration d’un Etat de Droit au Burundi réitéra la même demande auprès du roi des Belges, Albert II.
Côté Bruxelles, silence radio …
Face à ce silence assourdissant des Belges, pourquoi ne pas se poser deux questions, prémices à tout raisonnement sur le sujet ?
La première est de se demander si la Belgique ne considère pas, désormais, « l’affaire Rwagasore » comme une question burundo-burundaise. Car en fin de compte, si la Tutelle a jugé le cas, le procès a été cassé à l’indépendance. Et, en toute souveraineté, un gouvernement Uprona a initié un nouveau procès. Si les « commanditaires » et/ou les « planificateurs » n’ont pas été inquiétés, selon certains[[Cfr le 1er point de la pétition du 1er Juillet 2002 signée par un Groupe de Patriotes]], cela ne releva pas de la responsabilité de l’ancienne métropole uniquement.
Plus inquiétant ensuite: ne peut-on imaginer un marchandage cynique et machiavélique entre une Belgique qui veut sauver ses fonctionnaires et ses colons d’un côté et de l’autre, un Burundi uproniste qui ne cherche plus que la peau de ses adversaires d’hier potentiellement plus dangereux une fois libres demain?
Si la Belgique a des comptes à rendre à l’histoire, le Burundi en a tout autant dans cette tragédie. C’est pourquoi la première exigence de celles et ceux qui revendiquent la vérité et la justice devrait consister à réclamer l’ouverture de tout le dossier « Rwagasore » en Belgique et ailleurs[[ Je pense notamment aux archives du Vatican]] afin que les chercheurs puissent nous éclairer sur la base de faits tangibles.
Enfin, « l’affaire Rwagasore » serait ainsi le premier dossier ouvrant sur tous les autres crimes commis impunément jusqu’ici dans lesquels souvent d’innombrables innocents ont trinqué à la santé des crocodiles de notre marigot politique.