Le président de la République vient de s’exprimer sur la radio BBC où il se dit satisfait du verdict dans l’affaire Hassan Ruvakuki. Innocent Muhozi, président de l’OPB, estime que Pierre Nkurunziza veut influencer les décisions judiciaires.
<doc4396|right>« Hassan Ruvakuki a été jugé non pas comme un journaliste, mais comme un citoyen qui a enfreint la loi », a déclaré le président Pierre Nkurunziza à nos confrère de la British Broadcasting Corporation (BBC).
Pour Innocent Muhozi, président de l’Observatoire de la Presse Burundaise (OPB), le président de la République a le droit d’apprécier le procès Ruvakuki. Ce qui pose problème, précise-t-il, c’est que le procès n’est pas clôturé, car il va faire appel. « Et si le président de la République prend position en disant que c’est pertinent, c’est la position de l’exécutif qui oriente les décisions », souligne-t-il.
D’après Muhozi, ce n’est pas surprenant « parce que nous savons l’interférence de l’exécutif dans cette affaire traitée sous pressions politiques. » Aux yeux du président de l’OPB, il est important et urgent que les conseillers du président fassent leur travail. « Dire, aujourd’hui, qu’un journaliste est emprisonné pour atteinte à la sûreté intérieur de l’Etat ou terrorisme, c’est exactement le schéma classique utilisé par les régimes dictatoriaux, d’aujourd’hui et d’hier », précise-t-il. Il donne des exemples : « Mandela, Lula au Brésil, les gens tués au Burundi dans le passé, etc. Ils étaient tous accusés de la même façon. Or, il s’agissait d’opposants que le pouvoir emprisonnait. » Muhozi estime qu’il faut prendre conscience qu’on est en train de donner une image néfaste du Burundi, alors que nous avons désespérément besoin du reste du monde.
« Nous n’allons pas boycotter le cinquantenaire de l’indépendance », révèle Innocent Muhozi. Il précise, en outre, que ce n’est pas le gouvernement qui s’est battu pour l’indépendance du pays, mais « nos parents qui ont été expropriés, jetés en prison, harcelés par le pouvoir de l’époque, avant de gagner. »