A l’audience publique de l’affaire Manirumva ce mercredi 15 juin, le siège a failli accorder une remise au ministère public, mais le tollé des avocats de la défense l’a poussé à reconsidérer sa décision
Tous les prévenus (14) dans l’affaire Manirumva, sauf trois, ont comparu ce mercredi 15 juin devant le TGI en Mairie de Bujumbura, siégeant en matière criminelle. Arrivé un peu avant 10h dans un véhicule conduit par le directeur de la prison de Rumonge, Gabriel Nduwayo, alias Sésé, est resté à l’arrière de la voiture aux vitres fumées, sur le parking du tribunal, en attente d’autres prévenus. Vers 11h, l’audience a commencé, et seul Sésé ne portait pas la tenue verte des détenus présents à la barre.
Presque tous les accusés étaient prêts à plaider, à condition que la question de liberté provisoire soit évoquée en premier. Le ministère public a cependant déclaré ne pas être prêt, en demandant que le dossier lui soit retourné pour un complément d’instruction. La partie civile a soutenu cette requête, surtout que certaines personnalités incriminées dans le dossier n’ont pas encore été entendues. Mais tous les avocats des prévenus ont demandé que la question de la forme soit vidée d’abord. Pour eux, l’accusation doit disposer d’éléments justifiant une détention préventive de deux ans. Pourtant, le tribunal, voulant reporter l’audience, a déclaré qu’il ne peut se prononcer sur la liberté provisoire, alors que le ministère public a demandé un complément d’instruction.
Pas de deux poids deux mesures !
Cette déclaration a provoqué les murmures indignés de toute l’audience, jusqu’à ce que le président du siège menace d’évacuer la salle. La défense a rappelé au tribunal qu’il peut seul décider de retourner le dossier au ministère public, s’il n’en est pas satisfait, en lui désignant des devoirs. Il a donc été demandé que ces compléments soient précisés, ainsi que les devoirs fixés par le tribunal, pour que les parties au procès soient mises au même pied d’égalité. Pour la défense, en accédant à la requête de l’accusation, le tribunal viole la loi, alors qu’il peut l’examiner en même temps que la demande de liberté provisoire. Le siège a alors écouté les arguments des prévenus demandant cette liberté, et a mis l’affaire en délibération.