Le verdict est tombé ce 22 mai. Le Tribunal de Grande Instance en mairie de Bujumbura a classé les quatorze coupables en trois catégories. Ceux qui ont directement participé à l’assassinat d’Ernest, ceux qui ont prêté main forte aux bourreaux et ceux qui étaient au courant du complot mais sont restés indifférents. L’Aprodh parle d’un jugement honteux.
<doc4071|right>Les premiers ont été condamnés à perpétuité. Il s’agit de Gabriel Nduwayo, alias Sésé, Albert Sibomana, Joseph Ntirampeba alias Biraba, Odifaxe Manirakiza alias Kivyazi, Gildas Kwizera, Egide alias Runyanya, Hilaire Ndayizamba et Salvator Rwasa. Parmi eux, trois ont été condamnés par contumace. Ils sont toujours recherchés.
Pour le second groupe, Jean Claude Ciza, Obède Ndikuriyo et Prosper Mérimé Bigirindavyi écopent de 20 ans d’emprisonnement ferme.
Les trois derniers passeront 10 ans sous les verrous. Il s’agit de Déo Bigirimana, Léonard Nkunzimana et Hermenegilde Rugerinyange. Ces deux derniers étaient les policiers de garde au bureau d’Ernest Manirumva.
« C’est honteux »
Pour Pierre Claver Mbonimpa, président de l’Association pour la Protection des Droits Humains et des personnes détenues (Aprodh), les juges n’ont pas dit la loi dans les règles de l’art : « C’est évident que ce sont des mobiles politiques qui ont guidé ce verdict. Je le qualifie de jugement de la honte », s’insurge-t-il.
D’après lui, le fait que les hautes personnalités du pays, à l’instar de celles du Service National des Renseignements et de la police, n’aient jamais été entendues, prouve amplement la partialité de la sentence. « Je dirais que ce sont elles, qui ont obligé ces juges à trancher de la sorte. Pourtant, elles ont été citées par des témoins », se convainc l’activiste.
En outre, Pierre Claver Mbonimpa trouve anormal que même la troisième commission d’enquête sur cette affaire n’ait pas eu l’occasion d’auditionner tous les auteurs, dont ces autorités impliquées. « C’est étonnant que le ministère public ne les ait pas appelé à la barre », se désole-t-il, tout en cherchant à savoir pourquoi condamner les complices et non les planificateurs du crime.
Selon lui, la seule solution pour une justice équitable, est de faire appel aux juridictions internationales. « Même si nous interjetons appel, le juge du Tribunal d’Appel fera de même que celui du Tribunal de Grande Instance », conclut-il.