A l’occasion du 12ème anniversaire de l’assassinat d’Ernest Manirumva, certaines organisations burundaises et internationales de la société civile demandent l’intervention du président de la République pour que justice soit rendue dans le dossier relatif à son assassinat. Ce vice-président de l’Observatoire de Lutte contre la Corruption et les Malversations Economiques (Olucome) a été assassiné le 9 avril 2009 à son domicile.
Ces organisations de la société civile demandent au chef de l’Etat, Evariste Ndayishimiye, de soutenir une enquête indépendante qui va aboutir à un procès équitable contre toute personne soupçonnée de responsabilité pénale dans l’assassinat de feu Ernest Manirumva, y compris ceux qui auraient ordonné, sollicité ou encouragé la commission de ce crime. De plus, de mettre fin à l’impunité des crimes commis au Burundi par la promotion de l’indépendance de la justice et la revue du cadre légal pour accorder à la justice les compétences de juger tous les présumés coupables. Elles exhortent le président de mettre en place, en concertation avec la société civile et les autres parties prenantes, un mécanisme national de protection des défenseurs des droits humains pour garantir leur sécurité et les encourager à appuyer les institutions de l’Etat dans la promotion de l’état de droit.
Selon ces organisations, quelques mois avant son assassinat, Ernest Manirumva avait, à plusieurs reprises, été menacé de mort par téléphone ou au moyen de tracts déposés à son bureau. « Des menaces avaient également été exercées à l’encontre de membres et employés de l’Olucome, afin qu’ils abandonnent certains dossiers, dont ceux concernant le détournement de fonds publics et l’affaire de l’avion présidentiel Falcon 50. »
La justice aux abonnés absents ?
D’après ces organisations de la société civile, un pourvoi en cassation avait été introduit, en 2013, à la Cour suprême par l’Olucome contre l’arrêt 402 rendu par la Cour d’appel de Bujumbura, le 22 mai 2012. Depuis cette date, poursuivent-elles, l’affaire a été fixée à deux reprises en audience publique par la chambre de cassation de la Cour Suprême, et l’ensemble des audiences ont été remises à des dates ultérieures. La dernière audience, fixée au 4 septembre 2014, a été remise sine die jusqu’à aujourd’hui. « Depuis cette date, l’Olucome a déjà adressé quatre correspondances au président de la Cour Suprême pour rappeler le dossier sans obtenir de réponse. En janvier 2020, cette organisation a encore une fois sollicité la fixation de cette affaire devant la Cour de cassation mais en vain. »