La comparution de Sésé dans le procès de l’affaire Manirumva aurait pu permettre à la justice de relâcher certains prévenus. Mais elle a décidé de les garder en prison, après plus de deux ans d’une détention sans titre.
Parmi tous les prévenus dans l’affaire Ernest Manirumva, celui pour lequel le témoignage de Gabriel Nduwayo, alias Sésé, aurait été le plus capital est Hilaire Ndayizamba. Le rapport de la dernière commission d’enquête sur l’assassinat de l’ancien vice-président de l’OLUCOME indique que Sésé, aurait recruté et organisé les meurtriers d’Ernest Manirumva. Cette mission lui aurait été confiée par le commanditaire de ce crime, qui est Hilaire Ndayizamba, pour un montant de 5 millions de Fbu. Aujourd’hui, M Ndayizamba est poursuivi comme auteur et coauteur de cet assassinat, et risque la prison à vie.
Cependant, Gabriel Nduwayo n’a jamais chargé Hilaire Ndayizamba, et a toujours nié le connaître, affirmant n’avoir jamais été en relation avec lui, pour quelque motif que ce soit. Même le rapport du FBI sur cet assassinat n’incrimine nullement Ndayizamba. Il le disculpe plutôt, par le biais du principal témoin du FBI, Juvénal Havyarimana, qui affirme être le témoin du meurtre. Ce dernier a déclaré avoir refusé d’impliquer Hilaire Ndayizamba dans l’assassinat, comme le lui demandait le Général Gervais Ndirakobuca.
Un emprisonnement « vagabond »
Pour Me Isidore Rufyikiri, il ne fait aucun doute que son client est un bouc émissaire sacrifié pour que les vrais commanditaires soient protégés : « Sinon il ne serait détenu depuis plus de deux ans sans aucun titre légal, et emprisonné ‘vagabond’, comme on dit couramment ».
En effet, le Tribunal de Grande Instance en Mairie de Bujumbura vient de refuser la demande de liberté provisoire de tous les prévenus de l’affaire Manirumva. Cependant, le ministère public a demandé au tribunal lors de la dernière audience que le dossier lui soit retourné pour complément d’instruction. Et pour Me Gédéon Mubirigi, avocat de Prosper Mérimée Bigirindavyi, impliqué dans le même dossier, cette affaire est traitée d’une manière atypique : « si le dossier est incomplet, cela signifie que les charges de l’accusation le sont tout autant et que la détention est illégale. » Pour Me Rufyikiri, il est clair que, dans cette affaire, la loi obéit à d’autres règles que celles de la justice.