Près de [trois semaines après le retour au sein de sa famille->http://www.iwacu-burundi.org/old/index.php?option=com_content&view=article&id=3225:kenta-finalement-retrouvee-a-buraza-chez-un-fonctionnaire&catid=65:le-burundi-au-fil-de-lactualite&Itemid=264], la petite Kenta retrouve petit à petit une vie normale. Selon un psychologue clinicien, la prise en charge est nécessaire car son équilibre familial a été bouleversé…
Elle porte toujours les marques, les taches brunes sur son corps, caractéristique de des deux mois qu’elle a passé dans une famille à Buraza en province Gitega dans des mauvaises conditions d’hygiène. D’après un proche, elle n’a pas encore regagné l’école. Elle attend la cicatrisation de ses orteils sérieusement infectés par les puces et les chiques. Selon toujours cette source, elle a subit une série d’examens médicaux, et se trouve sous traitement pour une fièvre typhoïde diagnostiquée . « Elle joue avec son frère et sœur, même avec les enfants de son entourage. Elle n’ a rien perdu de son enthousiasme. Elle est toujours souriante et attachante», témoigne un proche.
Pour Jean Marie Sindayigaya, psychologue clinicien, un enlèvement entraîne toujours des conséquences psychoaffectives chez l’enfant surtout que la petite Kenta a vécu avec des inconnus pendant plus de deux mois et par le changement brutal en termes de qualité de vie.
Tout le monde a été atteint dans cette famille
Jean Marie Sindayigaya indique que les parents sont l’image à laquelle elle s’identifie. Quand il y a un changement, un bouleversement, « il y a renoncement forcé des images parentales surtout qu’elle a été placée dans une famille des inconnus qui peut-être ne lui ont pas manifesté d’affection. » Selon le psychologie, il faut consulter les spécialistes dans le domaine de « détraumatisation » car l’enfant a vécu dans une angoisse de séparation associée à un vécu de rejet et d’abandon. En plus, explique le psychologue, l’image de soi est négative car l’apparence d’un enfant de la ville a été bouleversé par les marques sur son corps : «Il lui faut beaucoup de soins et un investissement pour lui redonner l’apparence d’avant enlèvement. » Aussi, insiste-t-il, le mieux serait de regagner l’école pour renouer avec ses camarades de classe : « Elle avait noué des relations qui ont été rompues à cause de l’enlèvement. » .
Selon le psychologue tout le monde a été atteint dans cette famille. L’enlèvement a également bouleversé à la fois les parents et l’enfant. Pour le père, surtout qu’il a connu un « emprisonnement injuste. » : « Il peut y avoir une angoisse liée à la privation de liberté et à la disparition de son enfant. » Quant à la mère son jeu a été découvert, un sentiment de culpabilité d’avoir imposé un vécu de rejet et d’abandon à son enfant : « Ces situations imposent une consultation. Si ces angoisses ne sont pas traitées, l’enfant peut être affectée d’une manière où elle peut faire une rechute au cas où elle aurait été traitée. » La gamme des répercussions psychiatriques est longue : syndrome de stress post traumatique, cauchemar, anorexie…
Il faut que l’enfant puisse revaloriser l’image de sa mère
Pour surmonter ce traumatisme, suggère le psychologue clinicien, il faut que la famille et l’entourage lui manifeste beaucoup d’affection. Normalement, insiste-t-il, pour retrouver une vie psychique équilibrée, la présence des deux parents est primordiale : « Si les instances habilitées ne peuvent libérer la mère, il faut multiplier les visites pour que l’enfant puisse revaloriser l’image de sa mère, qu’elle garde sa signification : une mère qui allaite, une mère bonne. » Car l’enfant ne comprend pas pourquoi sa mère n’est pas à la maison. Si elle est apprend la réalité pour sa maman, elle sera davantage traumatisée. Selon le psychologue, il faut que son père et l’entourage protègent Kenta de cette terrible vérité sur sa maman.