Les noms de certains hauts cadres de la police et du service national des renseignements ont été cités par les accusés dans le carnage de Gatumba. Les avocats de la défense exigent que ces responsables de la police comparaissent. Refus du juge. Les avocats ont préféré quitter la salle, avant le réquisitoire du ministère public. Iwacu était là. <doc2375|left>14 décembre 2011. Etienne Bizozabishaka, dernier des 21 prévenus dans l’affaire de l’assassinat des 37 personnes à Gatumba, le 18 septembre courant, est entendu. Vers 15 h 00, la cour se retire un moment. L’ambiance est fébrile. Les avocats de la défense se concertent par groupe. « Quelque chose ne marche », se doute une dame victime du carnage. Entre temps, les détenus, sérieusement gardés par des agents de la police, échangent entre eux. Ils sourient, malgré eux, comme si de rien n’était. C’est aussi une petite occasion pour saluer les leurs. 30 minutes après, la cour revient. « Nous demandons au procureur de prononcer son réquisitoire », lance le juge président. Les avocats aux aguets envahissent tous la barre et lèvent la main pour demander la parole. Me Fabien Segatwa lance: « Il n’est pas encore temps de clôturer. Vous savez vous-même qu’il y a pas mal d’imperfections. Depuis le matin, j’ai soulevé des inquiétudes par rapport à la sécurité de mon client… » ________________________ { Les noms des hauts gradés de la police et du service national des renseignements sont : Maurice Mbonimpa, secrétaire permanent au ministère de la sécurité publique, Gervais Ndirakobuca alias Ndakugarika, DG adjoint de la police, Désiré Uwamahoro, commandant du Groupement Mobile d’Intervention Rapide (GMIR), Kazungu du SNR, etc.} ________________________ Le juge président lui coupe la parole : « Regagnez vos places. La parole est au ministère public. Maître Segatwa de répliquer : « Nous ne nous asseyons pas, nous préférons sortir. » Les hommes et femmes en toge quittent la salle. Des moutons sans berger Les prisonniers, la mort dans l’âme, tournent les yeux vers leurs défenseurs qui sortent par toutes les portes. Ils se présentent à la barre. Le procureur demande des sanctions à l’endroit des 21 détenus, qui sont à majorité jeunes dont un sexagénaire : 10 prévenus dont le fameux Innocent Ngendakuriyo alias Nzarabu, accusés d’être auteurs du crime contre l’humanité et de vol qualifié sont condamnés à perpétuité. Les 11 autres, selon le Ministère Public (MP), accusés d’être complices doivent écoper une peine de 40 ans de prison ferme. Sauf l’un des détenus qui dit que la peine est lourde, tous les autres ne se sont pas exprimés. Ils exigent le retour de leurs avocats. L’affaire est mise en délibéré à 16 h 17min. …une voie de recours Dehors, Me Fabien Segatwa explique : « Nous avons demandé une parole avant que le ministère public prononce son réquisitoire, et le tribunal a refusé. Si le tribunal ne veut pas nous écouter, on n’a pas de place au prétoire. Vous-mêmes avez entendu que nos clients n’étaient pas sur les lieux du crime, et nous avons entendu les noms de ceux qui y étaient », renchérit-il. Avant d’ajouter qu’ils exigent au nom de la vérité que ces gens soient entendus, parce que personne n’est au dessus de la loi : « Nous sommes sortis pour ne pas faire partie d’une parodie de justice. » Une fois leurs clients condamnés, Me Fabien Segatwa fait savoir qu’ils vont exercer des voies de recours.