Le président de l’Observatoire de lutte contre les malversations économiques (Olucome) a comparu, ce 8 septembre, chez le procureur général du parquet en mairie de Bujumbura. Son avocat interpelle la justice d’utiliser plutôt le rapport du FBI pour arriver à des conclusions fiables.
Après plus de quatre heures d’audition chez le procureur, Gabriel Rufyiri et son avocat sortent du parquet sourire aux lèvres. Ils sont accueillis par des membres de la société civile : « Pour la première question, le procureur voulait savoir pourquoi la société civile n’a pas dénoncé un nommée Jean-Marie qui détiendrait des informations sur l’assassinat d’Ernest Manirumva », indique M. Rufyiri.
En 2009, Jean-Marie a rencontré les présidents de l’Olucome et deux ou trois autres associations de la société civile. L’un des présidents l’avait reconnu et taxé de malfaiteur, d’escroc puisqu’il leur avait demandé 2 millions Fbu en échange de certaines informations. Les représentants de la société civile n’ont pas accepté l’offre : « Nous l’avons signalé à la commission en charge de l’enquête », indique Gabriel Rufyiri.
Secundo, le procureur général lui a demandé s’il connaissait un certain Johny Ndayishimiye (Il fût directeur administratif et financier à la Radio Publique Africaine) cité dans un article paru dans Abarundi.bi (voir le site) et à la radio Rema FM : « Je connais Johny parce qu’un jour il est venu déposer un dossier à nos bureaux. Autrement, non », précise le président de l’Olucome.
La dernière question Gabriel la trouve bizarre : « Le procureur m’a demandé si j’étais en bon terme avec feu Ernest Manirumva. » Selon lui, le comité exécutif de l’Olucome est composé de dix personnes. Ils sont prêts à répondre à cette question. Même mon avocat, maître Prosper Niyoyankana, fût secrétaire général. »
Plus déterminé que jamais
Il insiste que la famille d’Ernest, la société civile, tous les Burundais et même la communauté internationale veulent connaitre les mobiles de l’assassinat de l’activiste, les cerveaux et les exécutants. Mais l’attente devient de plus en plus longue. Trois ans après, le dossier est toujours flou : « Ils veulent que d’autres personnes endossent les responsabilités et nous faire peur. Nous allons continuer à dénoncer la corruption, sauf s’ils nous ôtent la vie», martèle le président de l’Olucome, très déterminé.
Son avocat, maître Prosper Niyoyankana, est étonné de voir la justice convoquer sont client : « La piste avec plus de vérité est celle issue des enquêtes du FBI. » Pour lui, l’enquête risque de tourner en défaveur de l’Olucome. Aussi de la société civile parce qu’une autre organisation, L’Association pour la Protection des Droits Humains, est dans leur ligne de mire : « On est dans l’impasse », se désole-t-il.
Pour Pacifique Nininahazwe, président du Forum pour le Renforcement de la Société Civile, quelque chose ne tourne pas rond : « Pourquoi la Justice convoque ceux qui dénoncent la corruption et les assassinats à la place des auteurs de ces crimes ? L’enquête risque d’être biaisée. » Il est contre le système de quadrilogie (Administration-Population-Forces de l’ordre-Justice) : « La justice doit rester à l’écart pour que tout le monde soit au même pied d’égalité devant elle. Elle doit être indépendante et impartiale pour aussi bien pour les gouvernants que pour les gouvernés », conclut-il.