« C’est vraiment affligeant de voir cinq défenseurs des droits de l’homme sous les verrous. Cela me fait de la peine. Je ne pense pas que c’est quelque chose de bon pour le pays », réagit Gabriel Rufyiri, président de l’Observatoire de lutte contre la corruption et les malversations économiques (Olucome).
Approché par Iwacu, il reconnaît que l’autorité a droit de savoir tout ce qui se passe dans le pays : « Elle peut convoquer quelqu’un pour s’expliquer sur tel ou tel autre dossier. Alors, pourquoi attendre quelqu’un à l’aéroport International pour l’emprisonner alors qu’il était au pays ? Est-ce que la prison est la meilleure solution ? C’est clair que cela va ternir l’image du pays ».
Il déplore même les conditions dans lesquelles ces cinq défenseurs des droits de l’Homme ont été arrêtés : « Selon les informations qu’on a eues, personne ne pouvait pas les voir, leur donner de quoi à manger ».
M. Rufyiri rappelle que tous les pays qui prônent la démocratie doivent mettre en avant la liberté d’opinion, d’association, de réunions, de la presse, etc. Selon lui, l’emprisonnement devrait être l’exception et non la règle.
Pour rappel, après quelques jours dans les mains du Service national de renseignements(SNR), Me Sonia Ndikumasabo, présidente de l’Association des Femmes Juristes du Burundi (AFJB), ancienne commissaire à la CNIDH (Commission nationale indépendante des droits de l’Homme), Marie Emerusabe, coordinatrice générale de cette association, Audace Havyarimana, représentant légal de l’Association pour la Paix et la Promotion des Droits de l’Homme (APDH), de Sylvana Inamahoro, directrice exécutive de cette association et Prosper Runyange, coordonnateur du projet foncier au sein de l’APDH, ont été transférés à la prison centrale de Mpimba.
Et ce, après avoir été auditionnés par le substitut du procureur du Parquet de Ntahangwa au Tribunal de Grande Instance de Ntahangwa. Trois chefs d’accusations pèsent sur eux : « atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat », « rébellion » et « atteinte au bon fonctionnement de l’économie nationale ».