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Adrien Ntabona, de l’institution des Bashingantahe : « Humainement, nous sommes de grands perdants »

27/11/2012 Commentaires fermés sur Adrien Ntabona, de l’institution des Bashingantahe : « Humainement, nous sommes de grands perdants »

L’abbé Adrien Ntabona fustige le comportement indigne des policiers envers certains anciens dignitaires. Surtout pour un pays qui a mis le sens du respect au tout premier plan.

Comment interprétez-vous la réaction de la police à l’endroit de certains membres de l’ADC-Ikibiri, dimanche dernier sur la route Gatumba ?

C’est impensable. Parmi les gens qui ont subi des maltraitances de tous ordres, il y a des anciens dignitaires, des gens qui ont l’âge d’être grands-parents. On ne peut pas leur asséner des coups de bâtons ou les traîner dans la boue pour quel que motif que ce soit. C’est inacceptable.

Traditionnellement, comment étaient-ils traités ?

La tradition burundaise les fait beaucoup respecter. Rappelons-nous un proverbe burundais : « Utuka so ugasubizwa n’igihugu» qui se traduit par « Quand tu injuries ton père ou ta mère, c’est la population qui te relance l’injure ». Le père ici, ce n’est pas le géniteur. C’est quiconque incarne une autorité pour toi qui injuries.

Comment expliquez-vous une telle attitude ?

Nous avons eu un dérèglement global par une certaine déculturation. Nous portons des gènes de crimes en nous à cause de la perte de référence. Nous avons un goût pour le totalitarisme et la violence de tous ordres.

Quelles peuvent être les conséquences ?

Humainement, nous sommes de grands perdants. Car, il y a déséquilibre de l’intérieur intime de celui qui a commis l’acte.

Un conseil …

Nous avons un pays qui a mis le sens du respect « Icubahiro » au tout premier plan. Pour bien gouverner, il faut en tenir compte. Il faut concevoir la gouvernance, non pas comme un pouvoir physique qui pèse sur la population par la violence mais comme une autorité qui s’impose naturellement sans coup férir. Il faut ainsi éviter de penser qu’on acquiert une parcelle de pouvoir pour ne respecter, ni les choses ni les hommes, ni les grands ni les petits. Une gouvernance qui se veut valable et durable ne s’impose pas par la peur qu’elle inspire mais plutôt par l’autorité morale qu’elle transpire.

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