En collaboration avec le bureau de l’Oxfam au Burundi, l’ONG locale Adisco a organisé ce jeudi 4 mars 2021 une conférence-débat à l’endroit des organisations des producteurs, des organisations d’appui, des services techniques comme (BBN, CNTA, ISABU), les chercheurs de l’Université du Burundi, les Représentants du Peuple et les autres intervenants dans le secteur agricole. Les enjeux et les défis de l’utilisation des pesticides au Burundi, étaient la thématique du jour.
Sous le thème de la ‘’promotion d’une utilisation rationnelle des pesticides pour l’augmentation et la conservation de la production agricole’’, l’organisation d’Appui au développement intégral et à la solidarité sur les collines, Adisco, a tenu une conférence débat ce 4 mars.
« Nous avons organisé cette conférence débat pour stimuler la prise de conscience de tout en chacun, de l’agriculteur, du producteur et aux décideurs pour que tout le monde puisse être alerté des dangers et améliorer les pratiques agricoles essayant de diminuer l’usage des pesticides chimiques », a indiqué le secrétaire général de cette organisation Libère Bukobero.
Il a appelé la population de bien lire sur les emballages des aliments avant de les consommer. Et de déplorer que même s’il y a une loi sur les pesticides au Burundi, il y a encore des gens qui continuent à importer des produits nuisibles à la santé humaine ainsi qu’à l’environnement.
Selon le spécialiste en matière de protection des végétaux, Pascal Ndayiragije, l’usage non-rationnel des pesticides a des impacts sur l’environnement, la faune et la flore ainsi que sur la santé humaine. « Il y a beaucoup de maladies qui sont causés par ces produits chimiques appliqués sur les champs et les cultures ».
Ce spécialiste de protection des végétaux a interpellé les agriculteurs à consulter chaque fois les agronomes avant d’utiliser les pesticides et de toujours se protéger avant d’utiliser ces derniers.
« Il faut aussi pulvériser les pesticides le matin ou dans l’après-midi, car lorsqu’il fait moins chaud, les pesticides sont moins toxiques », a-t-il également ajouté.
Vers une découverte des biopesticides au Burundi ?
Les agriculteurs présents lors de cette conférence-débat ont témoigné sur leurs nouvelles pratiques de pulvériser leurs champs avec des pesticides fabriqués à base des extraits de plantes naturelles.
« Ce que nous avons appris sur les pesticides et les engrais chimiques nous a tellement fait peur », a révélé Théogène Bakanibona, caféiculteur de Bubanza. Dès lors, a-t-il continué, une nouvelle méthode a été découverte de pulvériser leurs champs avec un mélange du Thitonia diversifolia, du tabac et du piment a été découverte.
« Le mélange a réussi à plus de 90 % à tuer les insectes ravageurs partout où nous l’avons appliqué ».
Les agriculteurs de Bubanza ne sont pas les seuls à tarir d’éloges cette méthode.
Pour Clémence Nibaruta, agricultrice de Gitega, le mélange du tabac et du piment joue à la fois le rôle de biopesticide et d’engrais. « On prend le tabac, on le mélange avec le piment et on attend 48 heures avant de pulvériser le mélange dans nos champs ».
Ces agriculteurs ‘’agroécologistes’’ ont indiqué que des séances de sensibilisation et de formation sur ces pratiques ont été organisées dans leurs collines respectives. Ils ont également demandé à l’Institut des Sciences Agronomiques du Burundi de mener des études approfondies sur cette méthode de prévention et de lutte contre les maladies et ravageurs des cultures.
« Il faut qu’une recherche approfondie soit faite afin de montrer que les burundais ont découvert des pesticides écologiques », a-t-il-insisté Théogène Bakanibona.
Tous dans l’émoi, les participants de cette conférence- débat organisée par l’Adisco ont salué la recherche-action initiée par ces agriculteurs. Eux aussi ont soutenu que des recherches approfondies sur cette approche soient menées.
« Il doit y avoir une mobilisation et une sensibilisation sur la loi sur les pesticides au Burundi », a-t-il exhorté le parlementaire Côme Manirakiza.
Dans le but de promouvoir une agriculture saine, l’Adisco et le bureau de l’Oxfam Burundi ont élaboré un projet de Promotion des Pratiques agroécologiques dans les Coopératives accompagnées par Adisco (PRAGRECOL). Un projet en action depuis le mois de septembre 2019.