L’ancien directeur et président de l’Association Burundaise des Radiodiffuseurs (ABR) a été inhumé ce mercredi 26 octobre. Une cérémonie digne et émouvante.
Mercredi 11 heures, un soleil triste brille sur Bruxelles. Il fait froid, mais il ne pleut pas. A l’entrée de l’église Saint Vincent à Evere, une centaine de personnes attendent, sans un mot. Le corbillard arrive lentement.
Quelques membres de sa famille entourent Louise, son épouse, Nonce, son fils. Il y a aussi Lauretta, l’aînée, une « très brave fille », selon tous les témoignages. Étudiante à Lille (France), elle a tout arrêté pour accompagner son papa durant ses derniers moments.
Une chorale des étudiants burundais vivant à Lille est venue soutenir leur amie. A l’intérieur de l’église, un chant en kirundi s’élève. Le moment est solennel, le recueillement intense.
Beaucoup de Burundais de la diaspora sont là, des hommes politiques, tels Frédéric Bamvuginyumvira, président du parti Frodebu, Chauvineau Mugwengezo, président d’honneur du parti Upd des membres, des membres de la société civile comme « mutama « (le vieux, ndlr) Pierre Claver Mbonimpa, président de l’Aprodh, Gabriel Rufyiri, de l’Olucome, etc.
Le monde des médias est fortement représenté : très émue, Marie-Soleil Frère, professeur de journalisme à l’Université Libre de Bruxelles, elle a très bien connu et travaillé avec Vincent, Jean-François Bastin, un autre ami de la presse burundaise, Ernest Sagaga représente la Fédération Internationale des Journalistes (FIJ), des journalistes burundais réfugiés en France, etc.
La messe est célébrée par deux prêtres burundais, les chants alternent entre le français et le kirundi. Au cours de l’office, un moment est réservé aux témoignages. Lauretta, la fille aînée évoque un papa « affectueux, mais rigoureux qui la poussait vers la lecture », Claude Ntahuga, au nom des amis, rappelle la gentillesse du directeur de la radio Isanganiro, toujours prompt à aider. Louise, l’épouse, digne dans sa douleur, parle d’un homme intègre et d’un mari exemplaire. L’épouse du journaliste a tenu à remercier tous ceux qui ce sont » impliqués pour offrir des adieux dignes à Vincent. « Tous ces témoignages sont évoqués sur fond musical, la chanson de Phil Collins « another day in paradise », une chanson que Vincent aimait. Difficile de retenir les larmes…
Antoine Kaburahe, évoquera le « leadership » de Vincent, un homme qui a été de tous les combats pour la protection et la promotion des médias.« Vincent était précieux. Intègre, homme du dialogue, son combat a toujours été constructif. Les journalistes burundais, nous perdons un bâtisseur, un pilier, un sage.L’Union burundaise des Journalistes est fière d’avoir compté dans son sein un homme comme Vincent », a témoigné le directeur du Groupe de presse Iwacu.
Les cérémonies ont été clôturées par un verre d’amitié autour de la famille. Vincent Nkeshimana est décédé à 50 ans à peine, il laisse une épouse et cinq enfants. Le journaliste repose au cimetière de Schaerbeek à Bruxelles.
>>Quelques témoignages
Frédéric Bamvuginyumvira : « Vincent Nkeshimana était un rassembleur »
Le président du parti Frodebu fait savoir qu’il connaît Vincent Nkeshimana depuis leur jeune âge, lorsqu’ils étaient encore étudiants à l’Université du Burundi. : « Vincent était le président du Bureau Central des Délégués (BCD) et moi, secrétaire. » Par après, les deux camarades ont pris des chemins différents, l’un dans la politique et l’autre, le journalisme. Mais le politicien et le journaliste se sont retrouvés plus tard notamment dans les émissions politiques sur la radio Isanganiro.
« Vincent était une personne très déterminée, un rassembleur, un homme du consensus. » Sa mort, regrette Frédéric Bamvuginyumvira, laisse un vide.
Chauvineau Mugwengezo : « Sa disparition est une grande perte»
Pour le président d’honneur du parti Upd-Zigamibanga, Vincent Nkeshimana a incarné un journalisme engagé, très attaché à la démocratie. Il enrichissait les débats politiques, il ne supportait pas l’injustice. Il part au moment où tout le peuple burundais avait encore besoin de lui : « C’est dommage, c’ était un vrai pilier des médias. »
Ernest Sagaga : « La souffrance forge le caractère »
Au nom de la Fédération Internationale des Journalistes, M. Sagaga a rendu un vibrant hommage au journaliste disparu. Il a rappelé l’oeuvre immense de Vincent pour les médias burundais. Il a indiqué que la FIJ sera toujours aux côtés de ceux qu’il laisse. « Vous pouvez toujours compter sur la FIJ » Il a encouragé la famille, ses enfants à imiter ce bel exemple d’amour et de rigueur.
Antoine Kaburahe : « Que la force de Vincent accompagne sa famille et ses amis »
Le directeur du Groupe de presse Iwacu a raconté qu’il connaissait Vincent depuis l’Université du Burundi. Et leurs chemins ont continué à se croiser au cours de leur carrière professionnelle : d’abord à la RTNB, ensuite dans les médias privés, l’un chez Isanganiro, l’autre chez Iwacu. « Son passage a marqué le paysage médiatique burundais et son souvenir continuera à briller parmi nous.Que la famille, malgré sa peine, se console d’avoir eu un époux, un papa comme Vincent. Ses enfants auront la fierté de porter son nom » a lancé M. Kaburahe.
Ce qui fait plaisir, c’est qu’il laisse derrière lui une belle « relève » incarnée par Lauretta, sa fille aînée, qui a été très courageuse malgré sa peine. « Vincent a transmis sa force à Lauretta. Je m’en voudrais de ne pas le dire» a conclut le directeur du Groupe de Presse Iwacu.
Repose en paix Vincent que Dieu soit auprès de ta famille. Merci Elise pour ce papier poignant qui nous a transporté à Bruxelles. Tu fais la fierté de nous tes promotionnels de l’Université Lumière. Merci aussi à toute l’équipe d’IWACU qui continue à nous informer malgré les circonstances particulières. Que Dieu vous bénisse abondamment.
Vincent inspirait, pour nous les profanes aux médias, la sérénité et le sérieux du journaliste.
C’est quelque chose de pouvoir rendre un hommage à la personne qu’on a perdu. Merci à vous tous qui avez pu vous rendre à cette cérémonie. Merci pour le soutien à la famille de Vincent.
courage Louise et les enfants, Dieu veille sur vous.