La plupart des chanteurs et musiciens burundais, de l’ancienne génération de même que les nouvelles stars, connaissaient Ginda, cette étoile qui vient de s’éteindre. C’était une référence, sollicitée pour des arrangements musicaux par plusieurs groupes.
Georges Gilbert Ndakoze, un prince de sang, était avant tout guitariste et harmoniciste. Il trainait sa guitare un peu partout, et dans une de ses poches toujours bombée, non pas par son portefeuille, mais son harmonica qui ne le quittait jamais. « Si je n’étais pas né au Burundi, j’aurais pu être une star », disait-il souvent avec son humour.
Ginda était un touche-à-tout : journaliste, producteur, arrangeur, compositeur, interprète et chanteur avec sa voix cassée, inimitable. Il avait sa façon unique de jouer à la guitare. Toujours à la recherche d’autres sonorités, il adorait le chant à voix chuchotée accompagnant l’« inanga », la cithare traditionnelle burundaise. Il savait reproduire le son de l’inanga avec une guitare. Une prouesse unique.
Bluesman dans l’âme jusqu’au bout des doigts, mais en même temps fondamentalement et culturellement burundais, Ginda s’amusait à jouer de l’« inanga » sur sa guitare en reproduisant les mêmes sonorités mais en y ajoutant sa touche personnelle : le ’’gindisme’’. Un concept qu’il n’est jamais parvenu à définir.
Mais dans les faits, il pouvait par exemple reproduire le rythme des tambours burundais par un jeu de distorsion sur sa guitare basse électrique. Et quelquefois, il se disait ’’musicologue’’. Excessif, créateur, il était foisonnant de rythmes et de virtuosités qu’il ne parvenait pas à reproduire dans un autre concert. « Ce sont des pièces uniques, des chefs-d’œuvre », disait-il. Et c’était vrai.
A l’origine du blues était l’« l’inanga »
Ginda était souvent invité par des groupes pour son savoir-faire, son jeu à la guitare atypique. Il racontait sans cesse qu’il a pris part à un grand festival de blues et qu’il avait été primé et sacré meilleur bluesman d’Afrique.
Et parmi les reprises de chansons que Ginda proposait, il y a un morceau qui l’avait propulsé sur la scène internationale, un blues pur mais rappelant l’«inanga» de ses grands-pères.
Et là Ginda expliquait , très sérieusement, que le blues des Noirs américains était ’’parti d’Afrique et plus précisément du Burundi’’ . Il le démontrait avec sa guitare en jouant du blues à l’américaine en faisant entendre certaines ressemblances avec la cithare burundaise, exécutées avec sa guitare.
Ce n’est pas tout comme atout de Ginda, il adorait tout ce qui est fusion ou rencontre entre les instruments traditionnels burundais et les instruments modernes.
Il expliquait à qui voulait l’entendre que l’avenir de la musique burundaise et africaine en général résidait dans ce métissage. « La guitare, le piano, la batterie, les violons, les contrebasses, … c’est pour les Occidentaux. Il nous faut, comme Africains, proposer d’autres sonorités, d’autres rythmes, d’autres manières de chanter, en passant dans un premier temps par une sorte de fusion bien dosée et par après imposer nos ’’kora’’, nos ’’nanga’’, nos tambours, nos ’’kembe’’, nos ’’sanza’’, nos ’’djembé’’, nos ’’ndingiti’’ (violon burundais), nos ’’miduri’’ (arc musical), …. Et je ne prêche pas dans le désert, il y a des artistes Africains qui ont déjà compris ».
Et si Ginda rencontre Buddy avec sa guitare basse, Bobo de Peace and Love, Member à la batterie, Emmanuel Nkeshimana avec son ’’muduri’’, l’icône de la musique burundaise Niki Dave avec sa guitare rythmique, Antime Baranshakaje, le célèbre tambourinaire burundais et d’autres stars de la musique burundaise comme Canjo Amisi qui nous ont bercés, le concert sera à guichet fermé là-bas au ciel. Repose en paix cher Ginda.
Joni Mitchell, auteure-compositrice-interprète canadienne, s’est rendue célèbre en gratouillant sa guitare jusqu’à en tirer des sons inédits, puis en leur accolant une pensée, des paroles aussi atypiques et magnétiques que son touché de guitare. Ginda me fait penser à elle. Il me mine de remords de ne pas avoir fait grand-chose – en 40 ans (!) – pour l’encourager à faire germer et fleurir sa graine. R.I.P.
Ça sera du feu là Haut!
On s’était convenu de faire une chanson ensemble, j’allais écrire les paroles et il devait se charger du reste.
Un jour peut être!
À Dieu Maestro
le burundi, pays le plus pauvre de la terre alors que avant la perestroika le Burundi etait le miroir de l’Afrique centrale!
Les artistes meurent pauvres, des leaders de pacotille nous racontent autre chose! Le pays rempli des batards de la rue, les pauvres de demains, fleau que kurunziza voulait balayer forever!
« Bishwara amashurwe, bigasiga amahwa menshi »
Malheureusement l´artiste Ginda a vécu dans une véritable pauvreté comme Canjo Amissi autres. Que la terre lui soit légère !!
Lui il était au moins prince! C’est déjà cela!
Le Murundi qui doit se reconcilier avec lui même.
Merci.
L’histoire n’arrête pas de se répeter au pays de nyaburunga! Que des virtuoses, immense richesse culturelle et artistique négligés, ignorés et presque enterés de leur vivant: Canjo, Niki, Buddy, Member, Antime et les autres…et aujourd’hui le Grand Ginda! c’est dommage pour l’histoire de la culture et de l’art des barundi. Nul n’est éternel certes, mais sachons valoriser les talents et le génie que la providence a offert au peuple burundais, ça ne ferait que nous aggrandir car ces gens font bel et bien partie de notre histoire, de notre âme. L’âme du murundi reconcilié avec lui même!!!
Tonton Ginda, va et répose-toi dans la paix…nous ne t’oublierons jamais !