Par Antoine Kaburahe
Funérailles ce vendredi à Kigali du journaliste burundais François Bizimana, disparu dans un accident de la circulation.
Elle a juste 42 ans, Liliane, la veuve du journaliste François Bizimana. Au téléphone, dans sa voix, on sent la douceur, mais aussi une certaine fermeté. Désormais, elle sait qu’elle est seule. Que « son François » ne sera plus là. François et Liliane, c’est une longue histoire d’amour. Elle raconte : « J’ai rencontré François, qui deviendra mon mari, en 1994 au lycée. On était jeunes. Vite, nous sommes devenus de très bons amis, pendant dix ans. Après l’école secondaire, on n’ a pas tardé à nous marier. Le 22 mai 2004. »
Liliane dit que ce qui l’a attirée, c’ était le côté « humain de François et, surtout, son humour. » C’est vrai, François était très drôle.
Le couple aura quatre enfants : Beki, l’aînée, 17 ans, Belie, Gadiella et Bryanna, la dernière, la chouchoute de papa, 4 ans. Celle qui demande aujourd’hui à sa maman : « Daddy arihe » (Où est papa ).La vie était belle au Burundi. François est un journaliste apprécié. Compétent, très libre. Puis, il y a eu 2015. La déflagration. L’exil.
Des fruits et des infos
Le couple se retrouve au Rwanda. François reste journaliste, engagé. Mais le métier ne nourrit plus son homme. Le couple fait face. Aucun coup du sort ne semble abattre François. Tous les jours, à 5 heures du matin, sur sa petite moto, où il trouvera la mort, le journaliste se rend à Nyabugogo, dans la périphérie de Kigali. « Mon mari achetait en gros des fruits : ananas, papayes, mangues, bananes, pastèques, etc., il ramenait les fruits que j’allais revendre au détail, car il avait loué pour moi la devanture d’un petit magasin à Kigali. »
Avant de partir retrouver son métier, le journalisme, qu’il adorait tellement, François accompagnait les enfants à l’école, témoigne toujours Liliane.
La voix de Liliane s’étrangle, mais vite, elle se reprend. Pour évoquer encore son mari. L’exil est une terrible école de la vie.François était dynamique. Prêt à tout pour faire vivre dignement sa petite famille. Kigali est une ville chère.
Pour survivre, François Bizimana, toujours dans la bonne humeur, s’était lancé dans l’élevage des porcs. D’ailleurs, « il est mort sur sa moto de retour de sa petite fermette dans le Bugesera, il y avait eu des porcelets. Tout heureux, François était allé voir », dit l’épouse, se maîtrisant à peine.
Sur le chemin du retour, un cycliste qui transportait du bois sur son vélo a croisé sa route. Le destin. Un morceau de bois est rentré dans la roue de la moto de François. Il est tombé. Sa tête a cogné le macadam. Le choc était violent. Le journaliste est mort sur le coup.
Ce vendredi, suite aux strictes mesures « covid », seules 30 personnes ont pu accompagner le journaliste burundais à sa dernière demeure. Mais Liliane est très compréhensive. « Je peux témoigner que nous avons été soutenus par les journalistes burundais en exil, les journalistes rwandais, la communauté burundaise à Kigali » dit , reconnaissante, la jeune dame avec dignité.
François Bizimana repose depuis ce vendredi 21 mai, au cimetière de Rusororo, dans la périphérie de Kigali, loin de sa terre natale.
Remerciement
Entre 2014-2015, Iwacu a lancé un projet pour soutenir la radio rurale de Gitega, « Humuriza FM », appelée aussi« Radio Gasape ». François Bizimana était notre chef de projet. Il avait été rejoint sur place par Damien Roulette, un journaliste belge de la RTBF. Damien était allé renforcer l’équipe et former les jeunes journalistes. Pour plusieurs raisons, trop longues à expliquer ici, le projet n’a pas évolué. Mais c’était une belle expérience et François a donné le meilleur de lui-même. Quand nous avons appris la mort accidentelle de François, Damien Roulette et moi nous étions très choqués. Une collecte a été lancée pour soutenir la famille et offrir des funérailles dignes à notre collègue. Nous avons récolté, en 4 jours, 2040 euros. Cette somme a été reversée à l’Union Burundaise des Journalistes qui va la transmettre à la famille. C’est l’occasion pour nous de remercier tous ceux qui ont contribué à cette collecte. L’Union Burundaise des Journalistes a pu accompagner et inhumer dans la dignité notre collègue. Merci à tous.
AK
Que la terre lui soit légère !!
Je le connaissais à Gitega !!Il était d’un humour incroyable !!!C’est une perte pour la famille, la famille des journalistes et le pays !!!
Condoléances à tout ce monde !!!
Paix à son âme.
Que son âme repose en paix!
Paix a son ame, c’est le destin de tout un chacun. Que la terre lui soit legere.