Ceux qu’il a enseignés, qu’il a adoptés, qu’il a conseillés, sa famille biologique et politique… étaient venus nombreux accompagner l’honorable Firmat Nahayo dans sa dernière demeure. Une messe de requiem présidée par l’archevêque émérite de Gitega, Mgr Simon Ntamwana en compagnie de l’évêque de Ruyigi, Mgr Blaise Nzeyimana, de nombreux prêtres, une foule de chrétiens, a été célébrée à la paroisse Saint Alphonse de Makebuko. L’homélie était centrée sur l’abnégation et l’amour du prochain de cet homme pianiste, chef de chorale et de plusieurs mouvements d’action catholique. Des témoignages poignants et émouvants ont été entendus lors de son enterrement. Difficile d’en faire le synopsis, tellement ils étaient nombreux et touchants. Firmat Nahayo, était un homme qui avait le goût du savoir. A 73 ans, il a appris l’Anglais pendant trois ans et l’informatique. Il quitte ce monde avec quatre livres à son actif. Député pendant plus de 12 ans, le beau-père de l’ancien Président Cypien Ntaryamira n’avait pas la langue dans sa poche. Il s’exprimait librement, donnait son opinion aisément. Il prodiguait des conseils à ses collègues même aux présidents de l’Assemblée nationale, étant donné qu’il était le doyen d’âge. Entreprenant, l’homme qu’on appelait affectueusement Firmatus voulait un développement pour tous. Le témoignage d’un Général de police qui « est ce qu’il est grâce l’intervention de Firmat Nahayo » a attiré l’attention. Intelligent, il avait abandonné ses études en 8ème année pour aller cultiver. Alors instituteur, Firmatus est allé lui-même menacer ses parents que si leur fils ne reprenait pas les études, il allait amener ce cas devant l’administration et la justice.
Cet homme est un survivant. Durant les événements sanglants de 1972, Firmat Nahayo aligné à la chaîne de ceux qui devraient être exécutés, un prêtre Tutsi de Makebuko, Charles Gahebe, est apparu pour donner l’ordre aux bourreaux de délier l’enseignant Firmat Nahayo, échappant ainsi à la mort. Sauvé par ce prélat avec plusieurs habitants de Makebuko, ces derniers, Firmat Nahayo en tête, ont construit un mini-monument à Charles Gahebe. Feu Firmat Nahayo aimait dire que les justes burundais avaient besoin d’être reconnus comme des protecteurs de l’humanité : « Il faut les valoriser et les vanter. Ils sont les héros de la vie, les piliers de la paix et de l’Ubuntu. ». Par ailleurs, Firmat Nahayo quitte ce monde étant membre d’une commission qui plaide pour la canonisation de Charles Gahebe, « un modèle pour les jeunes générations ».
Né le 5 janvier 1938, Firmat Nahayo est mort le 20 juin 2024, laissant une veuve, dix enfants (tous mariés) et des dizaines de petits-enfants et arrière-petits-enfants.
« J’ai combattu jusqu’au bout le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi ». 2 Timothée, 4 :7
Léandre Sikuyavuga
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