Dans la lutte contre les maladies des mains sales et autres maladies liées au manque deau potable, des châteaux deau, 31 bornes fontaines, aujourd’hui fonctionnelles, des adductions d’eau potable sur plusieurs kilomètres ont été construites par la Croix-Rouge du Burundi en consortium avec la Croix-Rouge finlandaise et la Croix-Rouge Espagnole avec un appui financier de l’Union européenne dans trois localités des provinces Rutana et Makamba. C’est un projet réalisé via la composante Tubehoneza du programme Résilience de l’Union européenne au Burundi.
Les habitants de Musongati en province Rutana et Mahembe à Makamba, étaient aux anges ce lundi 22 et 23 août. Ils ne tarissent pas déloges pour l’UE, le Gouvernement du Burundi et la Croix-Rouge. Ils ont exprimé leur joie par des danses, des chansons après la réception officielle de 31 bornes fontaines d’eau potable et des adductions d’eau potable s’entendant sur 19,6 kilomètres linéaires.
D’après ces habitants, il était temps car l’utilisation des eaux de rivières et des marigots leur avait causé des dommages et de nombreuses maladies.
Malgré l’abondance de ressources en eau souterraine dans ces provinces, l’eau potentiellement disponible est de mauvaise qualité pour certaines populations, et difficilement accessible pour d’autres en raison de léloignement des villages par rapport aux points d’eau.
Les pratiques des populations rurales en matière d’hygiène et dassainissement contribuent à la fragilisation des populations, surtout les enfants qui sont exposés à toutes sortes de maladies hydriques (diarrhées, dermatoses, verminoses).
Ils ont affirmé que dans plusieurs endroits les populations s’approvisionnent en eau à partir d’une dépression fermée située à 4 km de la localité. L’incidence de la pénibilité de la corvée d’eau jouait beaucoup sur les activités féminines.
« Il fallait parcourir des kilomètres pour trouver de l’eau potable. Celui qui n’avait pas de force comme moi ou des enfants avait toujours un problème insurmontable », raconte Régine Bankuwabo, une vieille maman de 72 ans.
Daprès elle, c’est un soulagement dans la mesure où une borne fontaine est à 50 mètres de chez elle. Pour cette septuagénaire comme pour les autres, surtout les femmes de Rugunga à Musongati, cet accès à l’eau potable va faciliter leur vie quotidienne.
Dans cette localité où les femmes et les enfants se partagent la corvée d’aller chercher de l’eau, le milieu escarpé ne leur permet pas d’amener de l’eau en quantité suffisante.
Une femme porte deux ou trois bidons soit un poids de 50 à 75 kg. En revanche, les enfants ne pouvaient porter qu’un bidon de 5 à 10 litres.
« Chaque matin, nous devions d’abord aller puiser de leau avant d’envisager tout autre activité. Il arrivait qu’on dorme à jeun par manque d’eau pour préparer le repas », assure Léa Ntihabose.
Selon Gérard Bizimana, habitant de cette même colline, demander de l’eau pour prendre une douche à la maison relevait du sacrilège vu comment il était pénible de stocker de l’eau à la maison. « Plusieurs fois, il fallait se diriger vers le marigot par peur de gaspiller quelques litres d’eau à boire et pour la cuisson ! ».
Par rapport à ce problème d’accès à l’eau potable, la population de Mahembe à Makamba n’était pas non plus épargnée. L’accès à l’eau potable était devenu depuis quelques années un sérieux problème. Bien que l’administration et la population étaient mobilisées sur cette question cruciale, les résultats sur le terrain à Mahembe, jusqu’à ce jour étaient insuffisants. Dans les écoles, au centre de santé, l’eau potable était rare.
« Cela me faisait mal de diriger une structure de santé sans eau potable vu toutes les activités nécessitant de l’eau potable en quantité suffisante », a reconnu Lyse Nduwimana, titulaire du centre de santé de Murenge.
« Nous sommes satisfaits, mais le chemin est encore long »
Pour l’administration de ces deux provinces, la marche est encore longue. Malgré ce don combien louable, la barre est encore haute pour que toute la population puisse avoir de l’eau potable.
Les problèmes d’accès à l’eau et les actions menées au niveau des provinces pour améliorer l’accès à l’eau en milieu rural, les contraintes liées à l’approvisionnement sont importantes.
Dans un ménage ne disposant pas de récipients en nombre suffisant pour stocker l’eau de pluie, la femme est astreinte à assurer cette tâche physiquement pénible.
« Notre commune soufre encore de l’insuffisance de l’eau potable. S’il y a encore des moyens, que l’UE et les autres bienfaiteurs ne pensent pas que nous somme gâtées en la matière », plaide Claudine Niyoyitungira, administratrice de la commune Musongati.
Même son de cloche chez ladministrateur de Makamba. D’après cette autorité, la question de l’eau potable est toujours préoccupante surtout qu’il existe des écoles et des structures de santé qui n’ont pas d’eau. « Dans plusieurs localités, l’eau est rare et les maladies diarrhéiques sont toujours observées », fait savoir Zuwena Irakiza.
« Gardez ces infrastructures en bons pères de famille ! »
Dans son message, la Croix-Rouge a déclaré que ce qui leur tient à cur, est que la population rurale soit servie en eau potable, un des moteurs de tout développement sanitaire et économique.
« Nous sommes auprès de cette population et la première chose dont elle a besoin, c’est l’eau. Nous ne nous arrêterons jamais tant quil y aura des personnes qui boivent de l’eau puisée dans des rivières ou des marigots », s’est engagé Anselme Katiyunguruza, au nom de la Croix-Rouge.
L’Ambassadeur de l’Union européenne au Burundi Claude Bochu a déclaré « C’est un plaisir, avec M. le Ministre, qui a répondu tout de suite présent, d’avoir inauguré ces infrastructures, ici dans 2 provinces – Rutana et Makamba. Ce sont non seulement des écoles, comme celle qui est derrière nous, mais aussi des centres de santé, des marchés, des populations évidemment qui sont désormais desservies. Donc on pense quil y a près de 10 000 ménages qui sont désormais alimentés par ces infrastructures. Je suis donc heureux davoir touché du doigt ces infrastructures, et de voir que les 6 millions d’euros que nous avons investis pour l’ensemble des activités prévues dans le cadre de ce projet qui touche 4 provinces, sont bien utilisés ». « L’eau, ça a été dit abondamment aujourd’hui, c’est vraiment un facteur clé du développement, ça améliore le quotidien des gens. Je suis vraiment heureux d’avoir fait ce déplacement. Ça peut paraître comme de petites infrastructures, mais ça change la vie des gens au quotidien et je crois que cest important de venir témoigner de cela aussi », a ajouté l’Ambassadeur Bochu.
Le Ministre de l’Hydraulique, de l’Energie et des Mines a reconnu qu’en matière d’hydrologie, le Burundi dispose de nombreuses ressources : eaux de pluie, eaux de surface et eaux souterraines.
Par-là, le Gouvernement a pris des engagements pour améliorer l’accès à l’eau potable pour les Burundais, particulièrement pour ceux résidant en zone rurale. Pour ce ministère, ces efforts seront vains si les bénéficiaires ne simpliquent pas à veiller sur ces infrastructures combien coûteuses.
« Soyez vigilants pour décourager ceux qui seraient tentés de détruire ces infrastructures. Le Gouvernement, avec l’appui de ses partenaires, fera tout pour que la population soit servie en eau potable, mais il faut garder à l’esprit que l’entretient et la protection de ces infrastructures sont de votre responsabilité », a remarqué le Ministre Ir Ibrahim Uwizeye.
Ces adductions d’eau ont été construites dans le cadre de la composante « Tubehoneza » du Programme Résilience, financé par l’Union européenne. Les organisations Croix-Rouge espagnole, Croix-Rouge finlandaise et Croix-Rouge du Burundi sont les partenaires de mise en oeuvre de ce projet.