Lundi 23 décembre 2024

Politique

Pourquoi l’ADC-Ikibiri a appelé à la manif ? L’analyse de Gertrude Kazoviyo

08/12/2013 17

Le porte-parole du Forum pour le renforcement de la société civile (Forsc) était à Royal Palace en tant qu’observateur. C’est lors des dernières assises organisées par le BNUB à l’endroit du gouvernement et de ses partenaires sociopolitiques. Elle tente d’expliquer la décision prise par l’ADC.

Lors de la rencontre du BNUB ©BNUB
Lors de la rencontre du BNUB ©BNUB

« Nécessaire ou pas, l’on comprend que c’est une réaction naturelle qui est tout à fait compréhensible », lance Pr. Gertrude Kazoviyo. Selon elle, quand les espaces de dialogue sont verrouillés, la descente dans la rue constitue une réaction tout à fait naturelle.

Sous d’autres cieux, insiste-t-elle, la simple menace de manifestation, aurait poussé les gestionnaires à annoncer et à se préparer au dialogue : « Face au refus du dialogue, la descente dans la rue est certainement un dernier recours. » Elle indique que le gouvernement majoritairement CNDD-FDD, ayant conduit l’initiative en solitaire, devrait rectifier le tir et ouvrir l’espace aux autres acteurs de la société : « La Constitution actuelle, de par son origine et sa nature, est trop importante pour être changée par un seul acteur. »

Un silence évocateur de l’ADC-Ikibiri

A la dernière séance des assises, raconte Mme Kazoviyo, cinq minutes sont accordées aux participants pour qu’ils découvrent le document final contenant les recommandations à amender.
Elle fait un constat : Alors que les autres jours de l’atelier les grosses têtes de l’ADC dont Alexis Sinduhije, Léonce Ngendakumana, Pascaline Kampayano, etc. exprimaient ouvertement et librement leurs points de vue, ils gardent silence lors de l’amendement de ce document final.
Pourtant, souligne la porte-parole du Forsc, des choses visiblement importantes étaient encore à préciser. Dr Jean Minani, président de Sahwanya Frodebu Nyakuri, demande avec véhémence que soit précisé au point 8 que c’est le gouvernement qui va organiser le dialogue. Cette recommandation, se souvient-elle, était effectivement floue : «Les participants saluent l’engagement du gouvernement à encourager le dialogue d’autres institutions de la République, tel que le Parlement… »
L’ancien président Domitien Ndayizeye abonde dans le même sens et demande que soit précisé que le gouvernement organisera le dialogue autour de ce projet et qu’il communiquera à l’avance le document en question.

La réplique et le ton qui font mouche

D’après Gertrude Kazoviyo, c’est le ton menaçant d’Edouard Nduwimana, ministre de l’Intérieur qui fait peur à tout le monde, même à la modération.
Il rétorque que le gouvernement ne va pas retirer le projet déjà déposé à l’Assemblée Nationale, que les contributions seront acheminées là-bas. Bien avant, il avait annoncé sur le même ton qu’il n’y aura pas de mise en place d’un mécanisme de suivi de la feuille de route, pourtant prévu dans la même feuille, autre que le gouvernement.
Le président du Cndd-Fdd, presque sur le même ton, rappelle que l’Assemblée nationale est composée de députés élus et mandatés par le peuple. Avant de conclure sur un ton aussi menaçant que le document ne sera pas retiré de l’Assemblée nationale.

 

Le Professeur Gertrude Kazoviyo : « Nécessaire ou pas, l'on comprend que c'est une réaction naturelle qui est tout à fait compréhensible » ©Iwacu
Le professeur Gertrude Kazoviyo : « Nécessaire ou pas, l’on comprend que c’est une réaction naturelle qui est tout à fait compréhensible » ©Iwacu

Le volte face de l’Uprona

Charles Nditije, président de l’Uprona dont le groupe parlementaire avait demandé l’avant-veille que le projet de constitution soit retiré de l’Assemblée nationale fait volte face : «Si le dialogue par le gouvernement s’avère impossible, nous allons dialoguer au sein des institutions.»
Au centre de la modération, même Onanga Anyanga surnommé par une certaine opinion aujourd’hui « d’écraseur de magouilles » a aussi peur et cède malgré son soutien habituel du dialogue inclusif : « On va demander au président de l’Assemblée nationale, ou vous allez vous-mêmes les députés qui êtes ici demander que le projet de révision de la Constitution soit transmis aux partis et aux acteurs politiques. »
Déçu, Ikibiri attend les discours de clôture. Mais à la sortie, le président du MSD annonçait déjà qu’il allait appeler pour la rue.

Des leçons

De ces assises, le professeur retiendra le ton avec lequel M. Nduwimana s’adressait aux partenaires politiques : il était loin de favoriser le dialogue.
Découragé par cette attitude, et par le déficit qu’accuse le suivi de la feuille de route, constate-t-elle, l’opposition cesse de formuler des recommandations.
Quant à Onanga Anyanga, visiblement sous le coup de la position du gouvernement sur la fin du mandat de son Bureau, se montrait affaibli même s’il est resté pendant tout le temps qu’a duré l’atelier.

La communauté internationale, révèle Pr. Kazoviyo, tient fermement au dialogue car tous les diplomates qui ont tour à tour pris la parole à la clôture se sont déclarés favorables à la participation inclusive sur le projet de révision de la constitution. « La démocratie ce n’est pas seulement les élections », a insisté l’Ambassadeur de France au Burundi.

Forum des lecteurs d'Iwacu

17 réactions
  1. Patience

    Si par malheur (que Dieu protege le Burundi) il ya trouble dans ce pays, Edouard Nduwimana portera une tres grande responsabilite. Nivyo, arakeneye guca umukate! Mais, il y a beaucoup de ministres (tutsi comme vous mais aussi hutus) qui gagnent le meme salaire sans terroriser les burundais. Ils ne mettent pas en danger la paix sociale; ils affichent un respect a tous (ou ils gardent leur silence)! Vous etes a l’apogee (je doute fort que tu seras nomme premier ministre…) et vous etes encore jeune. Et si la sagesse gagnait sur tout le reste?

  2. Ngenzirabona

    Nkurunziza s’est fait piéger sur toute la ligne en osant même modifier un seul mot de ce qui était intouchable au Burundi. Autrement dit, le ou les conseillers qui l’ont interpellé sur l’amendement de la Constitution ne lui voulaient pas du bien du tout, qu’ils soient hutus, tutsis, membres issus de la rebellion ou partisans civils. Quand bien même il aurait été question de forcer un troisième mandat déjà constesté de partout, Nkurunziza aurait pu légaliser cet acte devant les juridictions habilitées. Et maintenant que le Cndd-Fdd reconnaît l’erreur commise et qu’il est prêt à passer au dialogue pour parfaire les tractations et tentatives de railler la Constitution issue d’Arusha, devrait-on le laisser faire ou il est tout simplement question qu’on s’objecte unilatéralement à sa décision? Personnellement, je trouve que sanctionner le Cndd-Fdd par un geste de véto(bloquer) sur la décision de remodeler la Constituttion à sa PROPRE image et ramener tout le processus à la case départ sied bien. Il y a aussi moyen de soumettre la révision de la Constitution à un comité/groupe d’experts pouvant relever ce qui va et ce qui ne va pas(embûches) et proposer des recommandations raisonnables suivant les propostitions et suggestions apportées par toutes les parties prenantes et ce, pour la bonne continuité de la gestion des affaires de l’État et d’une saine administration du Peuple burundais, toutes ethnies confondues. En passant, l’analyse de Mme Kazoviyo est très succincte!

  3. Fabien Ntibaruhisha

    Akaborerwe kubutegetsi karuta akibiyovyabwenge ngira mwobibaza Edouard Nduwimana canke umukuru waba DD Nyabenda.Mugabo harico bagiyekubona.

  4. NDABARUSHINGINGO Raphael

    Ariko bahindura badahindura, bagume bibuka ko igihugu ari nki tasse ubu bariko baranyweramwo kuko hariho bakuru babo banywereyemwo ntibayimene bakayibasigira. Naho mbona umengo bashaka kuyisiga yogeje!!!! ariko bagerageze bumvikane ntibayisige bayimenye!!!!

  5. Bimbabampisha

    Reka reka reka… Niwaba utayizi canke utayiyibagiza urabaza aboba barayibonye canke abakiyibuka: Ingwano uwo idahitanye iramuhitaniza bakayitungiramwo.

    Abateye amagorwa twahitiyemwo ni babise abafise iminwe n’imitima yera hamwe n’urwaruka rutaranyegerwa n’imigera y’ubujuju, ubugaba n’ubube gito kuko amacakwinshi n’inda mbi ihumira indya ugukumira abandi n’ukwigungirako ubutegetsù n’amaronko vyovyo bizokwamaho.

    Hari benshi aho bakavugiye imvugo zitajanye n’ivyobakora bari bakwiye kwinumira…

  6. Mutima

    Pour ceux qui veulent une critique de l’opposition, en voici une. L’élaboration, les discussions et les débats sur les lois et projets de lois (dont les textes constitutionnels) se font à l’Assemblée Nationale au départ et au Sénat après. N’est-ce pas pour cela qu’on l’appelle le pouvoir legislatif? Pourquoi demandeent-ils (les partis d’opposition) que le projet de la Constitution retourne au Gouvernement? Je pensais que l’opposition exigeait qu’il y ait séparation des pouvoirs! Les Gouvernements, partis, groupes sociaux et/ou tout citoyen proposent un texte de projet de loi à l’Assemblée Nationale. Le pouvoir exécutif prend des décisions, le pouvoir legislatif élabore des lois. Et toutes les discutions et amendements à apporter à une loi ou un projet de loi se font uniquement à l’Assemblée Nationale, point barre! Il n’y a rien à ajouter, et c’est une leçon!

    S’il ne s’étaient pas retirés des élections de 2010, ils seraient à l’Assemblée Nationale. Tout ce debat ne serait pas en train d’avoir lieu, puisqu’ils auraient été parmi les premiers à avoir accès aux projets de lois et à y apporter leurs idées et modifications, contradictoires ou complémentaires. Voilà les conséquences de cette responsabilité qu’ils n’ont pas voulu prendre! Et maintenant qu’ils ne veulent pas assumer leur bourde et qu’ils veulent faire chanter tout le monde et hypothéquer la sécurité de leurs militants et les citoyens, il faut leur dérouler le tapis rouge? Il va sérieusement falloir qu’on remette cette opposition à sa place! C’est-à-dire face à leurs prises de positions et les conséquences qui en découlent. Autrement, comment vont-ils comprendre et apprendre?

    Si les médias n’arrêtaient pas de toujours les caresser dans le sens du poils en les supportant et les encourageant dans leurs turpitudes (sic!) et projets sans lendemain, peut-être qu’ils commenceraient à rectifier leur(s) tir(s) et à devenir constructifs. C’est après tout une leçon à donner et à prendre, mais aussi à prendre et à donner! En est-on encore très loin?

    Et si la tendance et l’allure se maintiennent comme actuellement, je crois pouvoir prédire la même débandande aux élections de 2015, sinon pire. Et cette prédiction n’est pas du tout un fait de hasard! On aura le temps d’en parler d’ici là.

    À Madame Kazoviyo, auriez-vous peut-être pu pensé que Monsieur Onanga Anyanga sache ce que c’est que la séparation des pouvoirs et qu’il s’en soit uniquement tenu à cela? Ou peut-être serait-ce pour d’autres raisons que lui seul connaît. Arrêtez s’il-vous-plaît de faire dire aux gens ce qu’ils n’ont pas dit! Ce sont des sous-entedus de ce genre qui créent des malentendus facheux et qui conduisent aux mauvaises interpretations des intentions des gens. Cela aussi est une très bonne leçon, mais à prendre pour soi!… À mon avis!

  7. kibwa jean

    Du haut de mes 79 ans, j’ai déjà suffisamment expérimenté la fin des mauvais régimes en Afrique:la suffisance des courtisans avides d’argent et de pouvoir; un président de la république au milieu du gué ne sachant plus quoi décider et confondant tout autour de lui. Et puis……un événement anodin et tout s’écroule. Le Burundi est exactement sur cette trajectoire. Mes larmes ne sont pas encore séchées depuis que j’ai vu Nkurunziza célébrer avec faste la journée des combattants dans ses habits de président du Burundi, dans la configuration sociopolitique du Burundi de2013. Qui lui souffle dans l’oreille de telles maladresses politiques? Qui lui conseille de préférer la confrontation au dialogue? A qui ça profite ce vide politique où Nduwimana Edouard, Nyamitwa et quelquefois Nzobonariba remplacent toutes les institutions de la république? Qui est si bête pour ne pas voir que cela ressemble étrangement à du sabotage pour provoquer la fin?
    En attendant je me précipite pour prendre mon café, la mort dans l’âme évidemment
    Kibwa

  8. Ese uyo ngo ni Kami,none ushaka uwo mudame avuge bibi atabona!?Egome opposition s’iyo ikola vyose vyiza aliko n’ukolaba,hagati y’utubi tubili on choisit la moinde.Amanyama,n’ububi ntako intwalo za mbele zagelageje,iyi yo ilalengeje.

  9. Kibwa

    Putchistes tribalo-regionalistes, mouvements tribalo-genocidaires , que de bonnes tournures. Si et seulement si cette innovation(au niveau conceptuel et pratique) était de mise dans d’autres secteurs de la vie, le Burundi serait de loin superieur aux USA.

  10. Nganji

    A Madame Geltrude
    Igihe waja mwibarabara wiyamiriza intwaro ya Ndadaye wari wabuze aho uvugira? Canke wari ufise iyindi migambi?

  11. Kabizi

    Le pouvoir DD a peur.
    Bavyemera,bareka, 2015 turabasezerera!
    Twarababonye aho baduhendeye ngo bahabuze abahutu none baratumaze bajana umwe umwe.Intambara nibo bayitera,basubiyeyo tuzobivuna!

    • nwari

      Mwana wa mama kabizi iciyumviro cawe kiratomoye hawe abarundi twotahura nkawe twava mubuja komera

  12. Kibwa

    Il faut être un demi intellectuel et frappé d’une cécité pour ne pas voir qu’on a besoin d’une nouvelle classe politique. On a beau être diplomate mais c’est révoltant. Que le vice remplace la vertu, ce n’est pas du nouveaux mais qu’il n’y ait plus de modèle, les gens auxquels on peut s’identifier pour juguler l’animalité humaine, on est pas loin du Darwinisme social.

  13. Kami

    Mais vous avez toujours donné la parole à cette dame mais ici je n’en reviens tout simplement pas.Incapable de formuler une critique à l’endroit de l’opposition!!! Incroyable pour un prof d’université. Mais ceux qui croient que ces donneurs de leçons à qui on s’habitue heureusement ne roulent que pour l’opposition ont encore un exemple sous leurs yeux.Vous n’êtes pas capable de critique au moins aux propos de Sinduhije qui,à la fin de son appel à manifester ne se gêne pas de dire que s’il le faut on va renverser un gouvernement élu par le peuple!!!quelle erreur ou faute? Une faute grave selon moi qui donne les munitions au cndd-fdd pour le traiter comme un ‘sans échec ‘ qui ne reve que faire sombrer le pays au chaos des villes mortes ou les manifestations d’avant le putch contre Ntiba,,vous en rappelez-vous? Qui peut accepter ça aujourd’hui? Kaburahe pourriez-vous demander à cette dame de commenter cette partie du discours de Sinduhije? Muzaba mukoze. Kami

    • moi

      Narabivuze ndabisubiriye akica umuntu kamuvamwo, alexis yaragwiciriye. uraganira nabajejwe umutekano wumve ico bavuga kurivyo yashikirije: Baraduhenze ntibazosubira bati nibo bategura isenyugwa rya leta natwe tukabibazwa!!!

    • Komera

      Il n´y a pas de partis d´opposition au Burundi, il n´y a que des partis opportunistes. Si la constitution reconnaît le droit de manifester en le démontrant dans les rues, pourquoi les partis soi-disant de l´opposition n´organisent pas les manifestations en bon et dû forme?
      Nous oublions ce que veut dire FDD: Si c´est le front de Défense de la démocratie, le parti devrait laisser les gens s´exprimer même par des manifestations dans la rue.
      Comme nous ne revendiquons pas nos droits reconnus par la constitution? La réponse est simple, nous sommes contents de la politique de nos dirigeants. Ceux qui veulent n´ont qu´à aller dans le maquis comme nous l´avons fait pour contraindre les putchistes tribalo-régionalistes de déposer les armes.

      • Didier

        Niho ubwenge bwawe bugera ntawogushavurira, tu viens de démontrer ta bassesse d’esprit et on te considère tel que.

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