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ActionAid engagée pour la valorisation du travail des femmes

15/03/2019 Commentaires fermés sur ActionAid engagée pour la valorisation du travail des femmes
ActionAid engagée pour la valorisation du travail des femmes
Béata Musabyemariya (au milieu) : «Cette campagne est en corrélation avec le choix du gouvernement qui a décidé de prioriser le développement de la femme et la protection sociale dans le programme national de développement à l’échéance de 2027»

Du 8 au 22 mars, ActionAid Burundi mène une campagne consacrée à l’amélioration des conditions de travail des femmes, accès au système de protection sociale, services publics et infrastructures durables. Celles-ci appellent le gouvernement à s’investir dans la promotion du statut de la femme dans la société.

Valorisation du travail domestique, accès des femmes au travail et salaire décents, à la protection sociale et aux conditions de travail acceptables, soutien des femmes leaders aux femmes rurales pour leur regroupement dans des associations, valorisation du travail de certaines catégories de femmes, en particulier les femmes batwa (fabrication des pots) et les femmes handicapées physiques (créations artisanales)  etc., entre autres soucis des femmes burundaises.

C’est ce qui ressort de l’atelier marquant le lancement de la campagne lancée lundi 11 mars 2019 à Bujumbura par l’ONG ActionAid International Burundi pour la l’amélioration des conditions du travail des femmes burundaises.

«Les femmes sont les piliers de la famille, de la communauté et de l’économie. Le travail qu’elles exercent au sein de leurs familles et en dehors contribue au développement et au bien-être de la société», a fait savoir Béata MUSABYEMARIYA, Directrice Pays de l’organisation Action Aid, au Burundi.

C’était dans son mot d’ouverture de cette campagne devant un parterre constitué majoritairement de femmes en provenance de quatre provinces notamment Ruyigi, Karusi et  Rutana et Bujumbura-mairie.

D’après la représentante de cette organisation, l’objectif de cette campagne est de conscientiser à la fois les femmes et les hommes en partant par les plus jeunes afin d’œuvrer pour des droits équitables au travail, à la sécurité et à la protection sociale.

En plus, a-t-elle assuré, cette initiative s’inscrit dans la logique de la politique des autorités burundaises : « Cette campagne est en corrélation avec le choix du gouvernement qui a décidé de prioriser le développement de la femme et la protection sociale dans le programme national de développement à l’échéance de 2027».

Objet de discrimination 

Mme Beata MUSABYEMARIYA a fait savoir que les femmes sont confrontées dès leur jeune âge à des limitations d’accès aux mêmes privilèges que les hommes. Elles sont enclines à exercer des activités domestiques : «Ce ne serait pas exagéré d’affirmer que le travail domestique est en réalité féminisé ». Elle mentionne notamment la garde des enfants, le nettoyage des maisons, l’approvisionnement en eau, la préparation des aliments.

Elle regrette que même le travail domestique ne soit pas considéré à sa juste valeur. Les femmes agricultrices et celles faisant le commerce sur les trottoirs des rues ou sur les marchés informels s’efforcent de gagner leur vie avec des activités très peu rémunératrices et très précaires.  Elles cumulent cela avec d’autres travaux de soins non rémunéré, non reconnus ou ignorés par la société et par les pouvoirs publics car les comptes nationaux n’en estiment pas la valeur.

Les femmes participant à l’atelier de lancement de la campagne reconnaissent l’importance des associations pour leur autonomisation

Des millions de femmes rurales, soutient-elle, contribuent pour une bonne partie du produit intérieur brut. Cependant, elles font l’objet au quotidien de formes multiples de discrimination, d’injustices et de violence. Avant d’ajouter qu’elles sont soumises à des conditions d’emploi et de travail excessives.

Pire, poursuit la représentante de l’ONG ActionAid International Burundi, certaines d’entre elles travaillent sans contrat écrit ni salaire minimum connu, sans repos, etc : «Les violences sont leur vie au quotidien ».

Pourtant, sans le travail jusqu’ici invisible de la femme, l’économie ne se développerait pas comme elle l’est aujourd’hui. Les coûts financiers sont reflétés dans les inégalités et pauvreté qui affectent de manière incontestable la majorité des femmes.

Les femmes  participant au lancement de cette campagne ont reconnu toutes l’importance de se regrouper dans des associations pour leur autonomisation. «Les associations confèrent à leurs membres des connaissances et des capacités d’exercer et défendre leurs droits. Elles les initient aux activités génératrices de revenus. Elles les aident aussi à accéder aux moyens pour la réalisation de leurs projets », ont-elles dit toutes en chœur.     

Appel au soutien des femmes leaders

Nadine Niyakire, ressortissante de la commune Nyabikere en province Karusi, indique qu’elle travaille 18h par jour. Après les travaux champêtres pendant la journée, fait-elle savoir, elle s’occupe seule des travaux ménagers. Cependant, elle n’a pas le droit de regard sur la récolte : « Le mari en fait ce qu’il veut, c’est comme si je ne contribue en rien dans le foyer».

Mme Niyakire tout comme d’autres femmes, appelle les femmes leaders à aider dans la sensibilisation des autres femmes au sujet de l’importance des associations/coopératives. Elles seront bien informées de leurs droits. Ainsi, elles seront exigeantes pour le respect de ces derniers.

Néanmoins, Jeanne Singirankabo, ressortissante de la commune Isare en province de Bujumbura, regrette que certaines femmes éclairées les discriminent. «Se voyant évoluées par rapport à nous, elles disent qu’elles ne peuvent pas s’associer avec des femmes illettrées, celles qui n’ont pas de propriétés, etc. » Et quand elles acceptent, c’est à des fins d’exploitation.

Elle appelle les femmes élues dans les différentes institutions à se pencher sur la valorisation du statut de la femme en général.

René Nsabimana, économiste et expert des questions sur l’autonomisation de la femme, assure que les tâches domestiques contribuent à l’activité économique. «Ce sont des activités non marchandes au sein des ménages qui participent à la production des biens et services qui devraient être achetés».  Cet expert fait savoir que ces tâches non rémunérées contribuent au PIB à raison de 39%.

La représentante de l’ONG ActionAid International Burundi demande aux autorités burundaises particulièrement au ministère en charge des Droits de la personne humaine, des Affaires sociales et du Genre, à être le porte-parole des femmes burundaises. Ce, du fait que cette campagne est lancée à la veille de la 63ème session de la commission des Nations unies sur le statut de la femme dans le monde.

Elle les exhorte aussi à se pencher sur des programmes visant la valorisation du travail non rémunéré et la protection sociale de manière inclusive.

Signalons que cette campagne lancée par Action Aid Burundi prendra fin le 22 mars.

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