Vendredi 22 novembre 2024

Économie

Accusées d’exploiter leurs employés

13/02/2015 14

Une association dénonce l’exploitation de l’homme par l’homme par quelques sociétés de sécurité et de gardiennage. Celles-ci nient en bloc.

Faustin Manirambona, représentant légal de l’APEP ©Iwacu
Faustin Manirambona, représentant légal de l’APEP ©Iwacu

« Salaire de base médiocre, pas de contrat de travail, inégalité de salaire, pas de carte mutuelle, pas de cotisation à l’INSS, pas d’indemnité de risque de travail, punition exagérée, pas de revendication, heures de travail élevées sans indemnité d’heures supplémentaires». Ce sont les principaux abus dénoncés par l’association Action pour la prévention contre l’exploitation de la personne humaine (APEP). Agréée par l’ordonnance ministérielle No 530/873, elle a écrit au ministre de la Sécurité publique, le 16 décembre 2014, pour dénoncer l’exploitation de l’homme par les sociétés de gardiennage. Selon l’APEP, l’enquête a été menée sur quatre compagnies de sécurité et de gardiennage : PSG, ASEC, Les Vigiles et KK Security. Elle estime que c’est une sorte de trafic humain, mais aussi une violation du Code de travail en vigueur au Burundi. Par conséquent, elle recommande au gouvernement de suivre de près les compagnies de gardiennage. A ces sociétés, l’APEP demande le respect intégral du code du travail.

« Faux et archi-faux », clament les sociétés de gardiennage

Selon Eugène Sinzinkayo, Directeur général de PSG (Protection, surveillance et gardiennage), les responsables de cette association sont de mauvaise foi. D’une part, affirme-t-il, l’association ne l’a pas contacté, lors des enquêtes. D’autre part, il n’a pas eu de copie de la lettre. D’après M. Sinzinkayo, les salaires se calculent par grade et ancienneté. Toutefois, il y a des contrats spéciaux où le client propose les conditions de travail du gardien. Il donne un exemple : un gardien affecté à l’ambassade des Pays-Bas ne peut pas toucher moins de 200 mille Fbu et il doit être déplacé. Pour accéder à ce contrat, le DG du PSG dit qu’il y a des tests de sélection. Quant à la mutuelle, il indique que c’est une institution de l’Etat. Eugène Sinzinkayo précise que ses employés touchent leurs salaires dans les institutions de microfinance pour avoir accès au crédit.Pour les heures supplémentaires, il précise qu’ils font une rotation : ceux qui travaillent la nuit cette semaine, feront la journée la suivante et vice-versa. Pour les soins de santé, il indique que la PSG s’entend avec une maison médicale et les médecins qui traitent leurs employés. Il estime que le salaire n’est jamais suffisant : « Même un ministre ne te dira pas qu’il est satisfait de son salaire. » Toutefois, il affirme que le PSG fait de son mieux pour mettre son personnel dans de bonnes conditions de travail.

Sa compagnie donne un contrat déterminé de 12 mois, puis indéterminé, si l’employé n’a pas de dossier disciplinaire. Il y a un test de recrutement. Les employés ont droit au congé. Quant au déplacement, il indique que l’employé doit se rendre au lieu de travail à ses propres frais.

Les irrégularités dénoncées par l’APEP1. PSG- Salaire net insuffisant, pas de contrat de travail, inégalité de salaire non justifiée, obligation des lieux de santé, pas de carte mutuelle, pas de cotisation à l’INSS, pas d’indemnité de risque au travail, pas de déplacement, sauf le cas des employés qui travaillent au BNUB, punition exagérée, pas de revendication, exigence des lieux de perception des salaires (Wise, Solecs), heures de travail très élevées de 10 à 15 h et pas d’indemnité d’heures supplémentaires.2. Les Vigiles burundais

– Salaire de base insuffisant, obligation des lieux de santé, diminution de salaire causée par le changement de lieu de travail, plusieurs heures de travail, pas de réclamation, pas de liberté syndicale, pas de contrat entre l’employeur et l’employé.

3. Alpha security company

– Salaire de base médiocre, pas d’augmentation de salaire, exigence des lieux des soins de santé, pas de carte mutuelle, pas de déplacement, pas d’indemnité de risque, pas de lieux d’aisance pour beaucoup de poste de travail (cas des antennes des sociétés de télécommunication, cas de magasins), pas de crédit ni découvert sur les salaires, plusieurs heures de travail, pas de contrat ni syndicat.

4. KK Security

– Salaire de base insuffisant 68 000 Fbu. Après une année, le salaire augmente jusqu’à 90 000 mille Fbu, alors qu’à partir de la 2ème année, le salaire augmente de 2 000Fbu. Plusieurs heures de travail.

KK Security trouve aussi que l’enquête menée par cette association n’est pas fouillée. Ils ont une clinique sur place avec un docteur, ont leur propre pharmacie pour tous les employés et leurs ayants droit. Selon Patrick Barwendere, Directeur général de KK security, sa société se préoccupe de la santé de ses employés à telle enseigne qu’elle s’est beaucoup impliquée dans la création de la Mutuelle de santé des entreprises du secteur privé structuré (MSP). Ils cotisent à l’INSS pour leurs employés, ont des contrats certifiés par l’inspection générale du travail. Ils ne sont pas déplacés, mais bénéficient des indemnités de transport. D’après lui, il y a une nette différence entre revenus et salaires nets des employés. Ainsi, précise le DG, il faut calculer les uniformes, les soins de santé, les cotisations à l’INSS, les impôts à l’OBR, les indemnités de transport, etc…

Alpha Security Company (ASEC) se demande pourquoi l’association n’a cité que quatre compagnies. Selon Justabel Ndikumasabo, son DG, la compagnie n’a pas été consultée, lors des enquêtes. D’après lui, ils soignent leur personnel à 100% : consultations, soins médicaux, chirurgie. « Nous avons un contrat avec la clinique La guérison de Gasekebuye. » Il précise que le salaire net d’un employé se situe entre 55 mille et 270 mille francs. Pourquoi une telle différence ? Le DG de l’ASEC dit qu’il y a des clients qui exigent le salaire. Critères pour accéder à cette catégorie : ancienneté, niveau d’étude, discipline. Quant au déplacement, il indique que les employés sont affectés dans des endroits proches de leurs lieux de résidence. Justabel Ndikumasabo souligne que le code du travail leur garantie une durée de 72 h par semaine. Par ailleurs, il dit qu’ils sont affiliés à l’INSS et sont en ordre avec l’OBR. « Nous payons à peu près 20 millions de Fbu à l’OBR par mois. »

Les Vigiles burundais disent aussi qu’ils n’ont pas eu de copie de la lettre. Sameja Zahir, administrateur, souligne que le 30 juin 2014, trois jeunes gens sont venus demander l’autorisation d’enquêter, mais ils n’avaient aucun document les identifiant, notamment des badges. Ce que confirme Richard Butoyi, chargé des ressources humaines. D’après Sameja Zahir, la société perçoit 141 600 Fbu, TVA comprise, et le gardien reçoit 75 000 Fbu. Il indique que les employés sont soignés à 100% et sont affiliés à l’INSS. « Ils sont soignés au Centre de santé Kaze et ils sont transférés à l’hôpital Prince Régent Charles ou à la Clinique Prince Louis en cas de besoin. » Toutefois, Sameja précise qu’ils ne soignent pas les ayants droit. Documents à l’appui, il démontre que les heures supplémentaires sont payées. Il indique que la société accorde des audiences aux employés. Chose confirmée par le chef du personnel : « On les reçoit tous les mercredis après-midi et vendredis avant-midi. »

Forum des lecteurs d'Iwacu

14 réactions
  1. Furaha Ursule

    accepter quand même qu’il s’agit de l’exploitation de l’homme par l’homme il serait mieux que ces DG disent combien ils perçoivent de leurs clients et combien ils donnent à leurs employés
    Il ne faut surtout pas comparer la fonction publique et ces compagnies
    une chose qui me fait rire un DG qui affirme faire soigner son personne dans un centre de santé et référé les cas grave à l’HPRC et surtout qu(il ,e prend pas en charge les ayants droits

  2. GACIYUBWENGE

    en tant que professionnel du domaine des enquêtes, j’aimerais apporter une précision: Il est vrai que cette enquête peut ne pas être exhaustive, mais, il faut que tous ces DG ne sont pas habilités à donner leurs impressions quand on mène une enquête qualitative et quantitative de satisfaction. En, effet, ce ne sont eux qui sont concernés dans ce cas précis.
    Il est vrai que, à titre comparatif, ils peuvent être consultés par le meneur d’enquête.
    Merci.
    Plus de précision, plus tard.
    Merci

  3. Karundi

    Et l’etat paie combien des gens ayant le meme niveau (hormis la police et l’armee)? L’APEP devrait faire plus d’effort pour parler aussi des autres societes de gardiennage (y compris celles de ces puissants qui nous gouvernent).

    • IYO SOCIETE YATUMWE NA NDUWIMANA KUJA KUYASAMBURA URAZI YUKO MUMUTWE WIWE ARUGUSAMBURA ABABONA BARIKO BITEZA IMBERE.NARABABWIYEKO IYO LETA ATAKINDI IROTA ATARI UGUKENESHA ABARUNDI KUGIRA BAGUME BAKOMA AMASHI.MBWIRA,BARANDURIRA UKI IGITERWA CA STEVIA?NUKO BATAGOMBA KO UMURUNDI YIGIRWA HARUGURU TWARI DUKENEYE KUBONA KO ZINA MURUNDI YOKWITEZA IMBERE UBURUNDI NTIBUBE BUGISABIRIZA MUBIHUGU VYA BURAYA.EREGA TUBISHATSE NTABYRYNDI BWOBA BUGISABIRIZA IMFASHANYO MUZABURAYA.ITUNGA TURARIFISE,NUKO DUTWARWA NAMASIHA.YIKUMIRAKO GUSA.MURATORA NEZA UMUGAMBWE UZOBAKORERA IVYO VYOSE MWIFUZA.ITERAMBERE KUMUNYAGIHUGU,UBUTUNGANE KURI BOSE,AMAHORO ASAGE UBURUNDI BWACU ABARUNDIBAGUMIZE UMUTIMA HAMWE BATIYUMVIRA NGO MBEGA NZA GUCA HEHE MU GIHUGU CIWE.

      • Lecteur 14

        Hamwe yoba yatumye na Nduwimana yoba yagiye yakora ikintu ciza kuva ndamumenye. Uravye amahera le patron aronka kumukozi n’ayo amuhemba ndibaza kubona KO ari exploitation

  4. Gervais

    l’article est incomplet!

    le journaliste, aurait bien fait de parler avec un échantillon d’employé des ces sociétés enquêtes. Certainement en protégeant sa source.
    Essaies d’affiner car le sujet est très important. Par ailleurs, APEP n’a pas fais une recherche professionnelle car occulter les considération les sociétés gardiennage fragilise la qualité des conclusions.

  5. lecteur14

    Mais ils n’ont pas honte chez ASEC, 72h par semaine et 55 milles comme salaire ça fait 190 fbu par heure. Dites moi que 190 FBU, soit 0,09€ par heure n’est pas pire que l’exploitation.
    Si on suppose qu’un employé fait 10h par jour, il gagne 1900 la journée, il prend 2 bus aller et 2 bus retour 350×4=1400 fbu. De retour du travail il 500 FBU et il doit manger 1 fois la journée, on trouve qu’au final il lui reste 0 FBU/jr.

    • Kabutura

      Biraboneka yuko utaba i Bujumbura, tu es déconnecté de la réalité, tu compares et les pommes et les poires ! Va voir leur tâches sur terrain, et tu verras que la plupart sont là que pour ouvrir la barrière au patron. Peu sont solicités au niveau intellectuel et la plupart du temps, ils ne font pas de ronde, ils ne font que valider les identités pour laisser les gens entrer. Tu peux faire 12, 14, 16 heures d’affilées. Ce qui est impressionnant, les noms de ces DG sont des enfants nés et grandis à Buja, #proud !

      • Lecteur 14

        @kabutura
        Si la plupart sont là pour ouvrir la barrière ou vérifier les identités ce n’est pas du travail pour toi ? Peux-tu Aller rester debout 10h durant sous le soleil de buja pou rentrer le soir avec 0 FBu

        • nzobandora

          lecteur 14,
          Arrêtons de rêver comme si mutazi aho notre pays igeze.
          N’oublions que les enseignants qui t’ont permis d’écrire en français ont quasiment le même salaire que tu qualifie de misérable et si demain on a un pouvoir capable de tirer ce pays de la première place des pays pauvres, on aura un milieu des affaires plus prospères et logiquement un marché plus large pour ces compagnies et donc un meilleur traitement pour les employés.
          Bamukoresha umutwe !!

          • lecteur14

            Nzobandora,
            Je suis d’accord, les enseignant sont aussi sous-payés par rapport à leur travail. Pour moi ce sont les enseignants qui devraient avoir un bon salaire par rapport aux autres fonctionnaires. Je te signale aussi que les salaires ne sont pas misérables à cause du rang de pauvreté de notre pays, petit exemple: Un député qui est sensé le représenter le peuple ne paie pas d’impôt et son salaire se chiffre en millions + d’autres avantages, regardent le luxe des dirigeants, etc. S’il y avait une politique qui s’occupe des citoyens il y aurait quand même un équilibre salarial.
            Autre chose, c’est que dans cet article on parle des personnes privés qui exploitent les pauvres, on ne parle pas de l’État ici. Si on parle de l’État ça touchera beaucoup de poids lourds et on risquerait de ne plus pouvoir lire ce journal car on écrit pas d’article quand on est « in jail ».

        • Kabutura

          Où est-ce que tu as vu 0 fbu ????? Si tu as étudié comme tu le dis, tu sauras qu’on calcule les salaires dépendament de la difficulté des tâches et du nombre d’heures/années de formation pour apprendre ce métier. Tu peux former un agent de sécurité en une ou deux journées, 3 jours tout au plus. Comme tu le dis si bien, la difficulté ici, ce sont tes 10 heures, sous le soleil de Buja. Donc, si on résout le problème du soleil par un abri et de l’eau fraiche, et les 10 heures par une rotation de 2 ou 3 shifts, tu as des agents de sécurité qui se la coulent douce, alors que d’autres, qui ont les mêmes salaires (40,000 à 80,000 fbu) doivent soulever des sacs à longueur de journées (sans Mutuelle), d’autres doivent vendre au détail habits, chaussures, journaux, fruits dans toute la Ville pour survivre. Un enseignant à l’école primaire à l’intérieur du pays est payé 150,000 fbu, donc moins qu’un agent de sécurité à l’Ambassade de France ou de Belgique, des fois même dans certaines compagnies comme la Brarudi ou les Banques comme BCB ou Interbank.

    • NONON,TES CALCULS SONT FAUSSES MON FRERE.URASUBIRAMWO IYIYUMVIREKO.HANYUMA UTUBWIRE AYO LETA IHEMBA UN DIPLOME UNIVERSITIARE
      CANKE UMWARIMU.UGERERANYE NAYO ABO BA VIGILES BAHEMBWA.NIMUVE HASI TWIKUREKO UBUTEGETSI BUTUNYONYA AMARASO KANDI BWATUMAZE.

    • Nabinonko

      jewe abo bantu baba biyita ngo barize hanyuma amafaranga ntaheze ngo agire agaciro. None abize bize kugirango bateze igihugu imbere. none bateza imbere iki ? Nico gituma mbwira umurimyi nti niyirimire apfume atazokwicwa ninzara. Umurimyi ashaka gushora kandi ntaronka ababimugurira kubera atamahera bafise. Umurimyi yopfuma areka gushora kugira ntavunikire ubusa agapfuma agira ico bita le troc tuvuge nkubu ashaka ikintu kitari mumurima wiwe, hanyuma ashaka impuzu, akaraba ingene yokwambara impuzu y’igiti, hanyuma ashaka umunyu, akarondera umunyu mumyonga imyunyu yitwa imishanga, ashaka amazi akagenda kuyavoma mu mwonga ashaka umucanywa, akagira imivuba, canke akawurondera kumabuye, ashaka kubaka, akubakisha ivyondo, ashaka isima agakoresha ibumba. Aho hose nukugirango ntiyirirwe arabishora kandi atamafaranga ari bubibonemwo kandi kurima bigoye ,birusha . Niyashaka isuka azokwemera arare ararigenda ashorere mukindi gihugu ace avayo aguze yo isuka azohora arimisha izomara nkimyaka icumi. Iyo myaka niyahera azokongera asubireyo. Azoshaka yubahirize amategeko ntarengane umupaka. Azoraba uwo hakurya amuterera isuka.

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