Lundi 23 décembre 2024

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Accusations rejetées

Une cinquantaine de personnes ont été arrêtées dans la nuit du 27 juillet en zone Kizuka de la commune Rumonge. Elles sont accusées d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat. Iwacu a essayé de retracer l’identité de ces présumés rebelles…

Gouverneur de Rumonge : « Ils ont passé des jours à Bujumbura avant d’être envoyés dans le sud du pays pour commettre des actes de barbarie.»
Gouverneur de Rumonge : « Ils ont passé des jours à Bujumbura avant d’être envoyés dans le sud du pays pour commettre des actes de barbarie.»

«Ces gens sont venus du Rwanda en passant par la RDC. Ils ont passé des jours à Bujumbura avant d’être envoyés dans le sud du pays pour commettre des actes de barbarie », a annoncé le gouverneur de la province Rumonge, Juvénal Bigirimana, sur les ondes de la Radio nationale (RTNB), au lendemain de cette arrestation. Il ajoute que parmi ces présumés rebelles, 22 sont originaires de la commune Mugamba en province Bururi.

Sur la colline Gataka de cette même commune de Mugamba, les gens restent dubitatifs. Ils se posent toujours des questions. Trois jeunes de cette colline, Aimé Félix Dusabe, Elvis Ngabirano et Augustin Nkezimana, figurent parmi ces «rebelles» arrêtés à Rumonge. « Cette thèse du Rwanda est fausse. La veille de leur arrestation, nous étions ensemble à Mugamba. Ils ont même terminé l’année scolaire », raconte G.D, un jeune de la commune Mugamba. Selon lui, ces trois jeunes sont des élèves du Lycée communal de Mugamba en 10ème année.

«Ils n’ont jamais foulé le sol rwandais»

D’après un proche d’Aimé Félix Dusabe, ce jeune garçon de 20 ans est descendu sur Bujumbura, mardi 26 juillet. «Il a dit à sa mère qu’il partait pour consulter les résultats du test national. On ne l’a plus revu.» Selon cette même source, Félix a écrit un message à son frère à 18h, le lendemain. « Si Dieu le veut, on se reverra », disait le message. Le jeune homme a, par la suite, éteint son téléphone portable. «C’est le lundi suivant que nous avons entendu qu’il est incarcéré au SNR. On avait peur qu’il soit exécuté.» La famille semble soulagée qu’il soit pour le moment incarcéré à la prison centrale de Mpimba. «Nous avons entendu qu’il voulait partir en Afrique du Sud. Il partait à Rumonge pour rencontrer un ami avec qui il devait voyager. Ces histoires de rébellion sont des inventions.»

Dans les familles d’Elvis Ngabirano et d’Augustin Nkezimana, ils se posent les mêmes questions. «Comment le gouverneur peut affirmer qu’ils étaient au Rwanda puis qu’ils étaient cantonnés à Bujumbura alors que la veille ils étaient à Mugamba. Qu’est-ce qu’il veut prouver en mentant comme ça?», s’interroge un membre de ces familles. Et d’affirmer que ces garçons en vacances partaient à Rumonge pour chercher du travail dans un hôtel.

C’est aussi le cas de David Ndikumana, natif de la commune Mukike en province Bujumbura. Ce jeune homme de 26 ans était serveur dans un bistrot du quartier Kibenga, commune Muha en mairie de Bujumbura. «Il a reçu un coup de fil d’un ami lui promettant un travail dans un hôtel de Rumonge. Le jour de son arrestation, il a pris le bus de 16h pour Rumonge », confie un de ses amis.

Selon les habitants de Mukike, David Ndikumana était sur sa colline natale depuis le 2 juillet dernier. «Je ne sais pas s’il a déjà été au Rwanda mais je peux affirmer qu’il était à Mukike, ces derniers mois », affirme un habitant de la colline Mayuyu où habite David Ndikumana.


Arrestation et passage à tabac

Le gouverneur a révélé que ces présumés rebelles ont été arrêtés à 21h, mais plusieurs sources indiquent que cette opération a eu lieu à 18h.

Certains des jeunes arrêtés à Kizuka dans la nuit du 27 juillet dernier.
Certains des jeunes arrêtés à Kizuka dans la nuit du 27 juillet dernier.

Selon les proches de ces présumés rebelles et les habitants de Kizuka, ces personnes ont été appréhendées aux environs de 18h. Selon ces habitants, le calvaire de ces 46 personnes a commencé à cette heure. «Des gens en civil, probablement des Imbonerakure, ont commencé à les frapper. Ils s’acharnaient surtout sur les personnes originaires des communes Mugamba et Mukike. Ils demandaient aux policiers de leur donner au moins 3 ou 4 pour les tuer », témoignent-ils. «Ils les traitaient de Tutsi qui ne veulent pas comprendre les idées du Cndd-Fdd.»

Les mêmes sources assurent qu’ils ont été enfermés dans les trois véhicules pendant plusieurs heures. A 21h, continuent nos sources, ces « rebelles» ont été conduits dans les cachots de la police à Rumonge. Selon une source proche de la police, on les a sommés de se déshabiller. «Ils sont restés en sous-vêtements pendant toute la nuit. On les a aussi sérieusement tabassés.»

Le lendemain, ils sont embarqués dans les trois bus et acheminés vers les cachots du Service national de renseignements (SNR). «Ils ont été battus toute la journée. Les agents du SNR utilisaient des fers à béton et des coupe-coupe », indiquent les proches. Là aussi, les natifs des communes dites contestataires étaient les plus visés. « Certains ont encore des marques de ces coups», font savoir les proches. Depuis une semaine, une vingtaine est écrouée à la prison de Mpimba, et les autres ont été conduits dans la prison de Muramvya.

Des questionnements

Les familles s’interrogent sur ce qu’elles appellent un montage. Elles se demandent comment des rebelles peuvent se rendre facilement sans se battre, alors qu’ils ont des armes. Concernant ces mêmes armes, les familles soutiennent qu’elles ont été apportées par la police. «Ces armes ont été découvertes tard dans la nuit, alors que ces jeunes étaient enfermés dans les bus. Au départ de Bujumbura, il n’y avait pas ces sacs exhibés par la police.»

L’autre élément qui étonne les familles est que le chauffeur d’un des trois bus assure que tous ses passagers avaient payé 3000 Fbu pour le ticket. «Est-ce que les rebelles paient eux-mêmes leurs tickets ou on paie pour eux », s’interroge un habitant de Mugamba.

De plus, le gouverneur de la province Rumonge a fait savoir que parmi ces présumés rebelles, 22 sont natifs de la commune Mugamba. Selon des sources, ils seraient seulement trois. Les familles demandent la libération des leurs car, pour eux, les explications des autorités ne tiennent pas la route.

Pour rappel, le gouverneur de la province Rumonge a indiqué que ce groupe avait sur lui 4 fusils de type kalachnikov, 12 chargeurs garnis, 7 grenades, 1669 cartouches libres, 7 cartons de cartouches, 104 tenues complètes militaires, policières et celles de l’unité de protection des institutions confondues et plusieurs autres effets militaires et policiers.

Contacté, Pierre Nkurikiye a refusé de revenir sur ces arrestations, ce dossier se trouvant au Parquet. Il nous a renvoyés à la porte-porte du Parquet Agnès Bangiricenge, que nous avons tenté de joindre, en vain. Toutefois, une source proche du Parquet confie que les présumés rebelles sont accusés d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat.

Forum des lecteurs d'Iwacu

8 réactions
  1. Fofo

    Des questionnements contre d’autres questionnements:
    1°. [Ndlr: Ils les traitaient de Tutsi qui ne veulent pas comprendre les idées du Cndd-Fdd.], Cher journaliste, vous devriez faire attention sur les dires de certaines personnes!! S’ils sont traités de tutsi, que font-ils les tutsi dans le CNDD-FDD? Ou veulent-ils nous dire que ces groupes rebelles sont tutsi contre un pouvoir hutu?
    2. Ils affirment que leurs enfants étaient partis à Rumonge pour travailler dans un hôtel mais ils ne nous disent pas comment se sont-ils rassemblés à 50 personnes en 3 bus dans un voyage nocturnes???

  2. Presque 50 jeunes avec des armes peuvent ils prendre un bus pendant la nuit a la recherche d’un boulot dans un hotel? Nous ne sommes pas dupes. Ces terroristes doivent etre punis conformement a la loi Burundaise.

  3. Ali Rugira

    Iyo Hotel iha akazi abantu 46 ni iyahe? Ni yivuge?

  4. Busorongo

    Nkabarundi turazi wese ukuntu bigoye kuvug ukuri iyo kutakworohereza. Kuba bene wabo bemeza ko bari birigwanye mu kirundi tuzi ntibisigura ko birigwanye koko. Ikiyoma nico ciganje aha iwacu bigatuma bigora kwemera ibivugwa nabo biraba. Iwacu ituronderere abandi bantu bemeza neza ivyo abagirizwa bavuga. Nkakarorero uwo mugenzi yashaka kujea South Africa canke iyo hotel. Hama mwodutohoreza ukuntu abantu 46 bose haba hari ico bahuriyeko (kitari ico bagirizwa ariko) hama bagahurira kurugendo rumwe.

    • jacques

      Dc tu trouves que tous les temoignages sont faux, sauf ceux du gouvernement? Imana itabare abarundi.

    • nziguheba leonidas

      Ariko none ko ushigikiye ikinyoma ca bamwe ariko ukihoza abandi? Ubona ko gouverneur ariwe yavuze ukuri? Ikihari gusa nuko inyuma yivyo hari ibinyegejwe. Umuntu rero ashobora kwibaza vyinshi. Mbe abagiye gutera bagenda n’imodoka zikurikirana? Mbe bahagaritswe bafise ibirwanisho baguma imbokoboko gushika naho babohwa n’imbonerakure zitagira ibirwanisho? Ikindi gitangaje kuki gouverneur batomuha akazi akwiye ko kugira amatohoza narirya tuzi ko mu burundi amatohoza atayaruka ahubwo mbere adahera? Ukwo kuntu yanyarukije amatohoza kurimwo ukuri canke yari yabiteguye imbere?
      Ivyo vyose vyoduha umuco utari muke kuvyabaye.

  5. KABADUGARITSE

    Quelle serait la valeur réelle d’un être humain dans notre chère patrie le Burundi?

    • Mutama Yohane

      Ihonyabwoko rirabanya au vu et su de tout le monde. Le pretexte iri a la une ni ukwita uwo bafashe umurwanyi canke ko akorana n abarwanyi. Jew nagomba mbwire iyo leta yica abantu ko ata legitimite izohakura kandi ko bitazotuma abarundi duhindura ivyiyumviro en rapport au mandat maudit. Le DD a usurpe le pouvoir autant que voulaient le faire les putschistes du 13 mai 2015. La seule difference est que les uns ont echoue tandis que les autres ont reussi a s imposer.

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