Réunis en Tanzanie le 28 août 2000, les protagonistes dans le conflit burundais se sont serrés la main en signant l’Accord d’Arusha accouché au forceps. 19 ans après, la classe politique burundaise s’accorde sur ses bienfaits, mais diverge sur son avenir.
« C’est le parti Cndd-Fdd qui a mis en application l’Accord d’Arusha », déclare Nancy Ninette Mutoni, chargée de la communication au sein du parti au pouvoir. Les différents commissions et conseils prévus par cet accord ont vu le jour pendant le règne du parti de l’Aigle. Pour elle, le parti Cndd-Fdd accorde une place de choix à l’Accord d’Arusha. Pour preuve, la Constitution en vigueur a intégré différentes dispositions de cet accord.
Abel Gashatsi, président de l’Uprona, reconnaît les bienfaits de l’Accord d’Arusha : « Il a mis fin à la guerre civile et instauré la paix et la stabilité dans le pays. En témoignent les différentes échéances électorales qui se sont déroulées dans le calme.» Par ailleurs, poursuit-il, l’Accord d’Arusha a restauré l’unité entre les Burundais et consolidé le tissu social. Il assure que l’Uprona accorde une place primordiale à cet accord historique. Et de marteler : « Les Badasigana ont voté pour la Constitution en vigueur qui est respectueuse de cet accord dans ses grandes lignes.»
« L’avenir de l’accord est hypothéqué »
Léonce Ngendakumana, vice-président du Frodebu, soutient que l’Accord d’Arusha été arraché dans la douleur. L’Accord a mis fin au conflit, à la dictature militaire et a abouti au partage du pouvoir entre Burundais. Pour lui, l’accord reste et restera le pilier de la démocratie, la paix et la stabilité au Burundi. Mais, il déplore que des détracteurs de cet accord subsistent : « L’accord est constamment violé. Des cas de corruption s’observent ici et là ».
M. Ngendakumana appelle les Burundais à rester soudés et à défendre cet accord. Et de renchérir : « Aucun autre accord ne sera au-dessus de l’Accord d’Arusha. Il est gravé dans la mémoire des Burundais. Il reste une référence.» De son côté, Kefa Nibizi, président du Frodebu Nyakuri, considère l’Accord d’Arusha comme le fondement de la bonne gouvernance politique et démocratique au Burundi. Il a été une porte de sortie d’une crise qui avait endeuillé le Burundi. Et d’ajouter : « Une culture de dialogue s’est installée entre Burundais. Cependant, fait-il observer, l’Accord d’Arusha a terminé son mandat. « Il a été remplacé par la Constitution qui s’en est largement inspirée ». M. Nibizi soutient qu’il faut respecter et mettre en avant la Loi fondamentale.
Pour rappel, après de longues et difficiles négociations, les protagonistes dans le conflit burundais ont abouti à la signature de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Burundi, le 28 août 2000 à Arusha, en Tanzanie, sous l’égide de Nelson Mandela.
L’Accord d’Arusha a mis fin à une décennie de guerre civile et aux divisions ethniques qui ont endeuillé le Burundi. La Constitution du 18 mars 2005 s’est inspirée de cet accord et a imposé des quotas ethniques pour le partage de pouvoirs entre les différentes couches sociales du pays.