Lundi 23 décembre 2024

Opinions

Accord d’Arusha : respectons un enfantement douloureux !

16/12/2013 11
Buyoya signe l'Accord d'Arusha sous le regard attentionné de Mandela ©Iwacu
Buyoya signe l’Accord d’Arusha sous le regard attentionné de Mandela ©dr

L’Accord d’Arusha pour la Paix et la Réconciliation a été arraché aux forceps pour instaurer une démocratie consensuelle. Remettre en cause cette vision, c’est considérer que ce diagnostic posé par les protagonistes politiques du processus de paix d’Arusha sur le conflit burundais n’est plus d’actualité : « Le conflit burundais est fondamentalement politique avec des dimensions ethniques extrêmement importantes. »
Vouloir ramener la majorité requise au Parlement des 2/3 à la majorité simple va dans ce sens. Et en ce cas, conserver les quotas ethniques de 60% Hutu et 40% Tutsi à l’Assemblée nationale – pour le partage du pouvoir entre les ethnies – et passer des 2/3 à la majorité simple pour le vote des lois deviennent antinomiques. Les parlementaires hutu seraient en mesure de voter une loi considérée par leurs homologues tutsi comme discriminatoire. Et partant, ce serait un déni démocratique majeur que de faire fi de cette disposition constitutionnelle : « L’article 299 dispose qu’aucune procédure de révision ne peut être retenue si elle porte atteinte à l’unité nationale, à la cohésion du peuple burundais, à la laïcité de l’Etat, la réconciliation, à la démocratie. » En témoigne avec perte et fracas le communiqué de presse de la Conférence des Evêques Catholiques du Burundi, sorti ce dimanche 8 décembre.
Du reste, l’ethnie demeure encore une corde sensible au Burundi, manipulable à l’envi, notamment à des fins électoralistes. Sans l’Accord d’Arusha ou tout au moins de son esprit, la compétition politique peut être libre et transparente, mais la question de la sauvegarde des droits de la minorité se poserait avec acuité.

On ne disait pas « Non ! » à Mandela …

Nelson Mandela devient médiateur dans la guerre civile au Burundi, un conflit ethnique qui éclate le 21 octobre 1993 à la faveur du coup d’Etat contre le président Melchior Ndadaye, en février 2000, suite au décès de l’ancien président tanzanien Julius Nyerere. Il trouve une situation de négociations bloquées et constate que les bailleurs de fonds aux premiers rangs desquels l’ONU et l’UE sont fatigués de ces pourparlers qui n’en finissent pas. Il adopte une méthode musclée : il se montre tantôt dur envers les Tutsi, tantôt dur envers les Hutu. Il en arrive à la conclusion que les Burundais pourraient négocier indéfiniment. Il décide alors de les obliger à conclure. Sa tactique va consister à demander à son équipe de rédiger un projet d’accord sur base des discussions que les protagonistes burundais avaient eu jusque là.
La première réaction des deux camps (G7 et G10) a été un rejet total de ce compromis. L’ex-président sud africain a ainsi eu recours à la communauté pour qu’elle fasse pression sur les négociateurs burundais.
Par la suite, il a mobilisé les chefs d’Etats africains et le président Clinton.
Et finalement, la cérémonie de signature de l’Accord d’Arusha pour la Paix et la Réconciliation s’est déroulée le 28 août 2000 dans un climat de grande protestation. Certains ont signé avec des réserves, d’autres sans.

Forum des lecteurs d'Iwacu

11 réactions
  1. Nyange Anatolie

    Mais vous remarquez que sur la photo les combattants n’etaient pas representes. Buyoya belligerant etait seul face a lui meme.
    Mais Dieu sait resoudre toujours les problemes. Tous ceux qui etaient a Arusha soit disant representer le peuple obtiennent des scores lamentatables lors de selections.
    Comme on accepte aussi que Arusha a ete conclu au forceps, pourquoi en meme temps voulons nous qu’on l’applique a la lettre.
    Conclusion:Organiser des Etats generaux pour revoir Arusha et arriver sur un consus au niveau national sans l’intervention des etrangers.
    Sous d’autres cieux un pouvoir elu gere tout et remet de l’ordre.Qu’on le veuille ou non. L’essentiel est que cela soit fait au profit du peuple. Malheureusement nos elus ne sont toujours pas capables de faire du bien! Et pourtant ils seront reelus.
    Quelle democratie!

  2. nwari

    Nibamureke 2015 bamusezere neza »’ncanke ashaka yiyongeze kunguvu »ico yuva umutima wiwe imubwira icozi kubarundi ntibishoboka 3ko azoba twara

    • rumuri

      none mwebwe mupa kuvuga ariyongeza niwe yiha mbega nig=ba abarundi batamushaka ntibomusezerera nka buyoya gusa biraboneka ko abanya poritique bi burundi bose bamutinya ivyo bimuha power

  3. King James

    We EM uti cndd ishaka kw´ameliora arusha, murahumba bashaka gucinyiza abo batavuga rumwe, tutibagiye 3eme mandat ya Pierri. Wajanja!!! Murahumba muzotuma mutwica!!!!

    • Em

      listen to yourself!!

  4. Ndihokubwayo

    Il n’y a pas eu d’accouchement difficile ou douloureux mais des leaders tutsis upronistes têtus qui ne voyaient dans le pouvoir qu’un héritage ou legs familial, et c’est ce qui risque malheureusement de se produire aussi avec nos leaders hutus Cndd-Fdd et consorts. Faut-il que le Peuple burundais réclame en définitif un bureau permanent à Arusha pour ce problème devenu fléau au Burundi ou qu’on instaure vyukuri au Burundi un Centre de formation dédié aux hommes politiques burundais en mal de gouverner le Pays. None bazotahura ryari ko bari harya ku mutwe w’Igihugu pour UNIQUEMENT le bien de tout munyagihugu burundais et non par avidité du pouvoir? Iwacu yarikwiye gukora enquête kuri ico kintu pour qu’on sache réellement pourquoi il y a toujours abus de pouvoir et beaucoup d’agressivité chez nos présidents et hommes politiques lorsqu’ils gouvernent. Pourtant, une fois débarqués du pouvoir, ils déclinent/fléchissent! Les voilà, Buyoya, Bagaza et possiblement Micombero s’il serait encore en vie, ils vont mêmes jusqu’à partager un verre de bière ou de champagne à Kigobe ou dans d’autres cérémonies solennelles avec leurs supposés anciens ennemis hutus menja mulelistes rébellion. None ntivyoba biva kuri kwa gushaka kwikumirako vyose, intwaro et biens publics, au moment où ils sont encore capables de s’en approprier? Et si cela était le cas, quelle proposition ou recommandation qu’on aurait à soumettre si nous voulons décourager/éradiquer complètement de telles attitudes et comportement chez nos dirigeants présidents, quitte à ce que ça pourrait même être prise en compte advenant la modification de la Constitution?

  5. Em

    Alors ceux la qui ne voulaient pas ces accords maintenant ils ne veulent pas qu’ on les ameliorent!! Mbega utuntu dukorogana!!

  6. IZERE

    En tout état de cause , cet accord doit rester aussi longtemps possible, au moins deux géneration au sens strict du terme,, cars les plaies liées à la guerre n’ont encore pas été cicatrisées
    Le communiqué des eveques catholiques a tout résumé, à KIGOBE il faut tenir compte de ce communiqué et le reste il faut garder la meme constitution issue d’Aarusha sinon, c’est une préparation à une autre guerre dont on ne peut cmptabliser les consequences ou les dégat donc pour eviter tout cela et préparer un venir meilleur de nos enfants garde la meme constitution elle est equitabre et juste compte tenu des circonstances et de l’esprit qui ont permis sa raison d’etre.

    • Citoyen

      Je comprends plus ou etudie les intellectuels burundais, les illustres hommes d’Eglise dont les eveques catholiques que je respecte tant!
      Comment peut-on parler de hutus et de tutsis en politique, au 21e siecle? Il n’ya jamais d’ethnies hutu ou tutsi au Burundi. Les tutsis etaient une classe aristocratique tandis que les hutus etaient les hommes et femmes ordinaires, de 2me classe sociale mais qui pouvaient acceder a la classe tutsi. Je be comprends pas alors depuis quand et pour quel interet nous sommes arrives a creer des entites ethniques hutu et tutsi, c’est par quelle magie?
      Ceci ramene a la question suivante qui est: peut-on reellement construire une stabilite politique sur base d’un faux concept? d’un faux probleme? A mon avis, continuer a batir une narion sur les bases hutu et tutsi ne temoigne que de l’ignorance terrible des intellectuels burundais. Ca m’etonne pas en effet que, des que l’on tombe si bas, tout commence a se renverser. Le politicien burundais ne sait pas ou peu-etre n’a jamais su correctement analyser les problemes de ce pays sans tomber dans l’emotion.
      Si l’on veut donc travailler su base hutu et tutsi, qu’on ose nous dire la difference entre les deux. Et puis qu’on justifie pourquoi les accords d’Arusha parlent de hutu et tutsi comme si categories, qui n’ont plus de sens dans le Burundi moderne, etaient les seules applicables. Ou mettons les autres, ceux nes de parents etrangers, les Grecs burundais, les Indiens burundais, les Congolais burundais, les Francais burundais, sans parler des Batwas?
      Arusha a fait son temps mais si on veut eviter la catastrophe, les Burundais doivent vite, a partir des hommes d’Eglise, dire publiquement que Hutus, Tutsis, n’ont plus de place dans la politique burundaise. Le Burundais, pour esperer se developper, doit tout simplement cesser d’etre idiot. On peut mettre sur point des lois contre le racisme et fleaux du genre sans devoir inventer des races qui n’existent pas au Burundi. Les veritables minorites ethniques que je voi au Burundi seraient les Batwas (parcequ’ils ont des traits culturels propres mais la aussi sans trop exaggerer) et les citoyens de souches immigrantes congolaise, tanzanienne, rwandaise, tanzanienne, asiatique, greque, etc. Le reste ce n’est que des manoeuvres de diversion qui ne font que nous faire oublier les veritables problemes auxquels nous faisons face comme une nation en phase naissante. Je le repete le Burundi moderne n’a jamais existe. Le passage d’une administration locale sous les chefs et sous-chefs a un gouvernement national n’a jamais reussi. L’heure d’introduire la grande dimension dans la mentalite intellectuelle burundaise, c’est bien maintenent! Merci

      • jupi

        Tu vis dans quel planètes Citoyen? Tu dis Hutu et Tutsi n’a jamais été un problème? Vraiment je ne sais pas de quel pays tu parles. Au Burundi tout est basé sur l’ethnie, la région. Si Obama était Burundais il n’allait même pas rêvé d’être élu comme conseiller communal même pas président de la FFF le hutu et tutsi allaient se me mettre ensemble pour dénoncer ces origines Kenyane, pour te montre comment ce pays a un virus ethnique chronique.

        • Citoyen

          @Jupi:

          Je ne sais pas si je me suis mal exprime mais toute ma these est que les termes hutu et tutsi n’ont jamais renvoye a des ethnies. C’est a l’origine des classes sociales. La preuve est que des hutus pouvaient acceder a la classe tutsi suivant des modalites que je ne maitrise pas.

          Je me demande alors depuis quand les hutus sont devenus absolument hutus, de la naissance a la mort! Ensuite je me demnande pourquoi un Etat sense aspirer a la modernite, aux principes republicains comme l’egalite puisse encore diviser ses citoyens suivant des classes sociales qui sont automatiquement depassees dans toute nation civilisee? Donnez-nous la definition de ce qu’un hutu et de ce qu’est un tutsi; quelles differences culturelles?

          Je m’arrete pas-la, comme les termes hutu et tutsi font parti ou presque de notre constitution, je me demande comment on prouve l’appartenance a telle ou telle autre categorie? On se fonde sur quoi pour etablir les effectifs respectifs des deux groupes?

          A mon avis, il est extremement dangereux de proposer un civisme base sur les classes sociales. Cela cree de dangereux complexes de superiorite ou d’inferiorite. Les castes existent en Inde tout comme les Etats-Unis ont connu l’esclavage mais vous ne verrez jamais un Etat comme l’Inde organiser sa politique d’inclusion sur base de la reconnaissance des castes. Les castes ou les classes sociales sont contradictoires avec l’idee meme de republique. Ceci pour vous dire que notre connaissance/pratique de la gouvernance des Etats modernes est dangereusement mediocre. Ce n’est pas parceque des hutus ou des tutsis ont ete humilies dans le passe par des extremistes de tous les cotes que des ethnies doivent naitre sur cette base. Il faut donc resoudre la question hutu/tutsi comme une affaire de droits de l’homme et a moins que nous voulions apparaitre idiots, nous devons accepter qu’etre Burundais/se n’est pas synonyme d’etre hutu ou tutsi comme dit Arusha. Il ya des citoyens de plusieures origines: indigene, immigrante (congolaise, europeenne dont greque, asiatique, tanzanienne, rwandaise,….). Ces minorites specialement d’origine immigrante ont egalement besoin d’inclusion sinon on pourrait avoir un phenomene comme celui des Banyamulenge au Congo.

          Bref, il faut arreter la mediocrite politique burundaise et surtout celle des gens qui ont negocie Arusha. Il faut chercher a batir une nation burundaise sur base d’egalite au lieu de continuer a chercher et a promouvoir des differences artificielles entre hutus et tutsis. Apres tout, les guerres de notre pays n’etaient pas seulement sur l’injustice sociale et economique (sinon le genocide rwandais ne serait pas passe) mais sur l’idee repandue par des extremistes tutsis que les hutus seraient inferieurs, laids. Au retour, la mentalite genocidaire contre les tutsis est animee par le sentiment que ces derniers n’ont pas de respect envers les hutus. C’est pas essentiellement une affaire de divergences culturelles ou d’interets economiques. Il faut donc resoudre cela en disant que les Burundais sont des Burundais tout court. Ndadaye l’a envisage (voir interview de retour de Maurice) mais il n’a pas ete compris. On peut se referer a des criteres positifs comme le genre, repartition equitable des resources mais parler de hutisme, tutsisme, c’est une folie politique mais grave encore ca demontre un deficit intellectuel qui me fait extremement peur!

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