Vendredi 22 novembre 2024

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Accompagnement sur la santé mentale dans les couples : un moyen de réconciliation

25/08/2023 Commentaires fermés sur Accompagnement sur la santé mentale dans les couples : un moyen de réconciliation
Accompagnement sur la santé mentale dans les couples : un moyen de réconciliation
Des couples sous le suivi du centre Humura de Rumonge en pleine formation sur la gestion du traumatisme et les VBGs au sein des couples

Le ministère ayant le Genre dans ses attributions avec l’appui du bureau du PNUD au Burundi a organisé une formation sur les causes et la gestion des traumatismes en vue de prévenir les VBGs (violences basées sur le genre) aux couples de la province de Rumonge. Le but de la formation est de ramener ces couples à avoir une maîtrise de soi-même, comprendre les traumas vécus dans le passé, leurs tempéraments et comportements dans le but de savoir gérer et éviter les conflits conjugaux. Les bénéficiaires de cette formation parlent d’une opportunité unique de très grande utilité pour leur réconciliation et bonne cohabitation.

Assassin, était le surnom donné à Cheik Misago par ses enfants. C’était avant la formation sur la gestion des traumatismes et des VBG dispensée par le ministère chargé du Genre avec le PNUD du 16 au 19 août. Le couple de Cheik Misago est l’un des 25 couples ayant participé dans cette formation.

« J’étais irresponsable. J’avais laissé toutes les tâches ménagères à ma femme et cela lui faisait trop mal », a regretté Cheik Misago. Il a révélé que plusieurs personnes dont les autorités à la base avaient essayé de les réconcilier en vain. Et à cause de son comportement d’irresponsabilité et d’être autoritaire, ses enfants lui donneront le sobriquet d’assassin’’. « Il rentrait toujours nerveux. Même s’il ne parlait pas, il boudait ou ne nous adressait pas la parole carrément. Et les enfants ont fini par le surnommer ainsi », a confié Mme Cheik Misago.

Mais après ces trois jours de formation, le couple commence à voir des changements, se dit-il avec assurance. Et il s’est engagé à partager la formation dans le voisinage afin d’aider les autres couples qui seraient en difficulté. « Si mon mari a décidé de changer, tout le monde va changer. Je vais partager ce que j’ai retenu avec mes collègues de l’association », a renforcé Mme Cheik Misago.

En larmes, Chanelle Nizigiyimana s’est rappelée comment était son couple avant la formation. « Ce n’était plus un couple. C’était des querelles, des disputes », a-t-elle confié. Elle et son mari Elie Niyinyibuka sont venus dans cette formation étant séparés. D’après elle, cela faisait un mois et demi étant séparés et c’était leur deuxième séparation depuis le mariage en 2004.

« C’est après la naissance du troisième enfant qu’on a connu notre première séparation. Ma femme venait d’accoucher un quatrième enfant, et l’enfant est né hors mariage », a révélé Elie Niyinyibuka. Et depuis la naissance de cet enfant, le couple n’a connu que des difficultés.

Mais avec la notion sur le pardon dispensée au cours de cette formation, le mari dit avoir pardonnée sa femme et prêt à l’accueillir encore une fois à la maison. « Cette formation a été d’une importance fondamentale, car c’est ma première fois où je vois des gens qui utilisent l’approche du pardon en réconciliant les couples. Les autres ne venaient qu’avec une seule décision qui était de nous séparer », a insisté Chanele Nizigiyimana, en révélant que ce sont les autorités à la base qui ont exigé qu’ils soient séparés.

Célestin Ndayikeza et Jacqueline Nyandwi sont mariés depuis 2004. Mais leur couple traverse des moments difficiles quatre ans après leur mariage. « Ma femme ne m’obéissait plus, elle rentrait ivre des fois. J’ai pris même un jour la décision de quitter la maison, pour m’éloigner d’elle », s’est rappelé avec remord, Célestin Ndayikeza. Une décision qui le poussera à cacher sa femme ses finances.

« Il vendait la récolte comme il le voulait et il ne me disait même pas l’argent gagné. On vivait dans une situation insupportable même les voisins n’intervenaient plus », a regretté Jacqueline Nyandwi, l’épouse de M. Ndayikeza.

Après cette formation, le couple s’est engagé à renforcer leur communication et à se concerter avant de prendre toute décision.

Le gouvernement engagé dans l’accompagnement des couples

Coordonnateur du centre Humura de Rumonge : « En sélectionnant les couples à suivre les formations, on a identifié des couples qui sont en difficulté. »

« En sélectionnant les couples à suivre les formations, on a identifié des couples qui sont en difficulté », a fait savoir Silas Nduwimana, coordonnateur du centre Humura de Rumonge. Il a précisé que le premier critère de sélection était des couples en conflits et sur 40 couples qui étaient sous le suivi du centre, ils n’ont retenu que 25.

Le centre de prise en charge holistique des victimes des VBG de Rumonge a salué l’impact de la formation dans la communauté. « D’autres couples ont commencé à demander à intégrer la formation depuis le deuxième jour de la formation. Trois couples ont déjà commencé des séances d’accompagnement », a fait remarquer le coordonnateur du centre Humura de Rumonge. De ces couples, il est attendu à contribuer dans la consolidation de la paix au niveau de leurs communautés en témoignant leurs changements, a ajouté Silas Nduwimana.

« Mon appréciation est positive. Cette formation est d’une grande importance capitale dans la gestion des traumatismes individuellement, et même dans les couples », a fait savoir Laetitia Twagirimana, directrice du département de prévention des VSBGs et la prise en charge holistique des victimes du ministère ayant le Genre dans ses attributions. Elle a regretté que les efforts du gouvernement étaient plus concentrés dans la gestion des conséquences au lieu de s’attaquer aux causes profondes des violences basées sur le genre. Et de reconnaître que le traumatisme et la mauvaise gestion du stress en sont l’une.

Malgré cela, pas mal d’efforts ont été engagés par le gouvernement afin de lutter contre ce fléau. Et parmi ces efforts, elle a cité la création des départements de prévention contre les VBGs, celui pour l’autonomisation des femmes et un autre département d’égalité de genre, tous réunis au sein du ministère chargé du Genre.

Mme Twagirimana, a affirmé la volonté du gouvernement à lutter contre les VBGs au sein des couples. « Nous avons déjà entamé l’approche des communautés en sensibilisant sur la gestion des traumatismes, et les VBGs au sein des couples avec l’aide des autorités à la base, car ce sont eux qui connaissent les couples qui en ont besoin ». Et d’ajouter que son ministère compte aussi cette formation sur la gestion des traumatismes et des VBGs au sein des couples dans d’autres provinces.

Toutefois, la directrice du département chargé de la prévention des VBGs a réitéré encore une fois le soutien des partenaires au développement dans cette lutte contre les VBGs. « Le gouvernement à lui seul ne peut pas éradiquer ce fléau, de même les partenaires à eux seuls, c’est pour cela, nous devons conjuguer nos efforts ensemble », a-t-elle interpellé, en déplorant comme défis majeurs le manque de suivi des victimes des violences sexuelles basée sur le genre.

‘’Ces couples sont appelés à devenir des acteurs de la capitalisation de la paix’’

Frédéric Lamy : « La cellule familiale est très fondamentale pour toute société, si les couples ne sont pas apaisés, on ne peut pas avoir une société apaisée. »

D’après Frédéric Lamy, spécialiste paix et développement au bureau de Coordination du système des Nations unies, la formation sur la gestion des traumatismes et des VBG à l’endroit des couples de Rumonge, avait pour but de sensibiliser les couples d’abord à se connaître, à se poser des questions sur leur comportements quotidiens.

« On avait l’habitude de travailler avec les femmes au niveau communautaire, mais on a vu qu’il est important de développer un atelier incluant les hommes en visant les couples ». Il a également souligné que ladite formation avait aussi l’objectif de normaliser l’accès aux soins psychosocial et santé mentale. « Les victimes sont souvent stigmatisées. Nous voulons à travers cette formation briser ces barrières en créant des liens entre ce centre et la communauté », a insisté ce spécialiste paix et développement au bureau de coordination du système des Nations unies.

Signalons que cette formation s’inscrit dans le cadre du projet sur le renforcement de la paix en améliorant le bien-être psychosocial et santé mentale. Et pour les couples, des cliniques mobiles ont été instaurées. « La cellule familiale est très fondamentale pour toute société, si les couples ne sont pas apaisés, on ne peut pas avoir une société apaisée. Il y a une importance de travailler avec les familles ». Un souhait de Frédéric Lamy, qui a également représenté le Fonds pour la consolidation de la paix (PBF), principal bailleur du projet.

Patricia Ntahorubuze, analyste du programme bonne gouvernance et Etat de droit du bureau du PNUD au Burundi, la particularité s’appuie sur cet objectif de vouloir normaliser la consultation chez les psychologues. « On a voulu renforcer les capacités du centre Humura qui connaît déjà des couples en difficulté en lui donnant des experts psychothérapeutes pour faire des écoutes », ajoutant l’appui des experts en psychothérapie de la fondation CAPAMI, l’organisation partenaire dans la mise en œuvre du projet.

Quid de la continuité du projet qui est presque à la fin de son exécution, le spécialiste paix et développement au bureau de coordination des systèmes des Nations unies, dit avoir confiance d’une probable extension. Ou bien selon lui, des projets incluant la santé mentale dans leurs actions. « L’accompagnement d’une personne souffrant de traumatismes se fait à long terme. On espère qu’au niveau des bailleurs de fonds, on aura une possibilité de financement pour la continuité de ce projet ».

Au cours de ces trois jours de formation, chaque couple avait droit à une séance d’écoute thérapeutique.

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